Armes chimiques en Syrie : des journalistes témoignent

Ce mardi 28 mai 2013, l'Union européenne a décidé de lever l'embargo sur les armes à destination des rebelles syriens, tout en précisant qu'aucune livraison n'est prévue avant cet été. La veille, deux journalistes du quotidien français Le Monde avaient rapporté des témoignages d'utilisation d'armes chimiques contre les forces rebelles. Nos journalistes Reza Pounewatchy et Rémi Lescaut font le point avec Jean-Philippe Rémy, journaliste au Monde, de retour de Damas.
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Armes chimiques en Syrie : des journalistes témoignent
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La France va analyser les échantillons de potentielles armes chimiques rapportés de Syrie par des journalistes du quotidien Le Monde, a annoncé mardi 28 mai 2013 un haut responsable français sous couvert de l'anonymat. "Des échantillons nous ont été remis (par les journalistes du Monde). Nous sommes d'accord pour procéder à des analyses", a déclaré ce haut responsable. Il a ajouté que le gouvernement français avait par ailleurs, comme ceux des États-Unis et le Royaume Uni, analysé ses propres échantillons et conclu à des "indices mais pas de preuve formelle de l'utilisation de gaz de combats" en Syrie. Plusieurs témoignages concordants Deux envoyés spéciaux du Monde, présents en Syrie en avril et mai, ont témoigné dans l'édition du 27 mai 2013 du quotidien français de l'utilisation d'armes toxiques contre les forces rebelles qui tiennent les faubourgs de Damas. L'utilisation d'armes chimiques fait l'objet de soupçons depuis déjà quelques semaines dans plusieurs régions de Syrie, mais n'a pas été formellement prouvée. Un haut responsable américain avait assuré que des armes chimiques auraient été utilisées "en faibles quantités" à deux reprises dans le conflit syrien. Et plusieurs médias occidentaux, notamment le quotidien français Libération, avaient fait état de témoignages sur une utilisation d'armes chimiques. L'ONU demande une enquête à Damas L'ONU demande en vain à Damas de laisser ses experts enquêter sur les accusations réciproques adressées par le pouvoir et l'opposition concernant le recours à ces armes. Lundi 27 mai, dans l'après-midi à Bruxelles, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius avait évoqué des "présomptions d'utilisation d'armes chimiques de plus en plus étayées" en Syrie : "Il y a des présomptions de plus en plus fortes, de plus en plus étayées, d'usage localisé d'armes chimiques". Les Russes fermes sur leurs positions La question des armes chimiques a aussi été abordée lors du dîner entre le secrétaire d’État américain John Kerry, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, et Laurent Fabius à Paris le lundi 26 mai au soir. Mais la Russie et les États-Unis peinent à organiser une conférence internationale censée réunir régime et opposition en juin à Genève et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a d'ores et déjà prévenu que son organisation ne "sera pas une mince affaire". Et Moscou ne compte pas revenir sur la livraison de missiles au régime de Bachar el-Assad. Au même moment, la diplomatie européenne avance... Les rebelles syriens ont accueilli mardi 28 mai avec circonspection la décision de l'UE de lever l'embargo sur les armes jugeant cette décision comme trop tardive, alors que le conflit déborde au Liban voisin où trois soldats ont été tués dans la nuit. Dans un contexte d'enlisement du conflit, qui aurait déjà fait plus de 94.000 morts depuis mars 2011, l'Union européenne a décidé de lever l'embargo sur les armes pour les rebelles syriens, mais aucun pays n'a l'intention d'en envoyer à ce stade pour ne pas mettre en danger l'initiative de paix russo-américaine.     "C'est une levée théorique de l'embargo. Concrètement, il n'y aura pas de décision de livraison avant au minimum le 1er août", a encore le haut responsable français. Pour Moscou en revanche, allié du régime, cette décision "porte un préjudice direct à la possibilité d'organiser une conférence internationale".