Arsal, la seule porte d'entrée vers le Liban
Tous passent la frontière illégalement, ils n'ont pas le choix. Arsal, dont la majorité des habitants est sunnite, est la seule localité qui les soutient dans cette zone de la plaine de la Bekaa et sert de base arrière aux rebelles syriens de la région : les villages voisins sont à majorité chiites, contrôlés par le Hezbollah qui soutient le régime de Bashar el Assad. Entourée de voisins hostiles, elle pourrait se retrouver prise en étau si Qalamoun repassait aux mains du régime.
Mahmoud, traits fins, nez aquilin, yeux clairs et keffieh rouge et blanc enroulé sur la tête, explique que depuis fin 2011, il vit retranché dans les montagnes avec d'autres combattants – dont des déserteurs de l'armée du régime - et qu'il fait régulièrement les allers-retours au Liban pour faire passer des armes vers la Syrie, et amener des blessés vers le Liban. Il est originaire de Qara, et a mis sa femme et ses enfants en sécurité à Arsal. « Les gens de Arsal nous ont aidé à faire passer les civils » : il raconte aussi que des franc-tireurs ont tiré sur des habitants : « lorsque mon cousin s'est enfui avec ses cinq enfants, un sniper les a visé. Heureusement personne n'a été blessé ».
Même avant la guerre en Syrie, la contrebande était le gagne-pain des habitants d'Arsal : toutes sortes de marchandises transitaient entre les deux pays. Dans cette région aride et rocailleuse, le relief est escarpé et la frontière poreuse : « même si l'armée reprend la région, cela ne servira à rien car nous, on connait la région, et on restera dans les montagnes. Le régime peut vider les villes mais il ne peut pas fermer les passages » explique Mahmoud. Le combattant est persuadé que le régime est faible et ne tient debout que grâce à l'aide de l'Iran et du Hezbollah. « Les habitants de Arsal sont les seuls à nous aider », ajoute-t-il : « quand nous étions cachés dans la montagne, ils nous faisaient passer de la nourriture et des couvertures ».