Fil d'Ariane
Donald Trump a dénoncé lundi 13 juin la "parodie de justice" que constituent les travaux de la commission parlementaire majoritairement démocrate qui l'accuse de "tentative de coup d'Etat", dans un communiqué de 12 pages où il réitère en outre ses fausses allégations de fraude concernant l'élection de 2020.
"Cette comédie (...) est une tentative éhontée de détourner l'attention du public de la vérité (...) qui est que les Américains sont massivement venus à Washington le 6 janvier 2021 pour tenir leurs élus pour responsables des signes évidents d'activité criminelle lors de l'élection", écrit l'ancien président dans ce document en dépit des innombrables preuves du contraire.
La commission dite du "6 janvier", composée de sept démocrates et deux républicains, enquête depuis près d'un an pour faire la lumière sur la responsabilité du milliardaire républicain dans l'attaque du Congrès américain par ses partisans.
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Lors de deux auditions publiques, les élus ont successivement tenté de démontrer que Donald Trump avait été au centre d'une "tentative de coup d'Etat" en "encourageant" ses partisans à prendre d'assaut le siège du Parlement, et qu'il avait continué de marteler ses "mensonges" même après que ses plus proches conseillers lui eurent indiqué qu'il avait perdu face à Joe Biden.
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"Avant même l'élection, Donald Trump avait décidé que, qu'importent les faits et la vérité, s'il perdait l'élection, il affirmerait qu'elle était truquée", a affirmé Zoe Lofgren, élue démocrate membre de cette commission cherchant à faire la lumière sur la responsabilité du milliardaire républicain dans l'attaque du Congrès américain par ses partisans, le 6 janvier 2021.
Après près d'un an d'enquête, ce groupe d'élus avait plus tôt dans la journée livré un récit minutieux sur les manœuvres de l'ancien président entre le soir de l'élection présidentielle et l'assaut du Capitole.
Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote le 3 novembre 2020, Joe Biden et Donald Trump sont au coude-à-coude. "Il devenait évident que l'élection ne serait pas décidée ce soir-là", a confié Ivanka Trump, la fille de l'ancien président et à l'époque l'une de ses plus proches conseillères, dans un témoignage diffusé lundi par la commission.
Pourtant, peu avant 02H30 du matin, Donald Trump se présente devant les télévisions américaines depuis les salons de la Maison Blanche. "Honnêtement, nous avons gagné l'élection", lance-t-il, malgré le décompte toujours en cours.
"Il était bien trop tôt pour prendre ce genre de décision", a jugé Bill Stepien, le directeur de campagne de Donald Trump, devant ce groupe d'élus.
Un des seuls à encourager le président dans sa démarche ce soir-là ? Son avocat personnel, Rudy Giuliani, qui selon un des conseillers du président témoignant devant la commission, était "clairement en état d'ébriété".
Le 7 novembre 2020, juste avant 11H30, Joe Biden est déclaré vainqueur. Ce même jour, le directeur de campagne de Donald Trump assiste à une réunion avec le président sortant. "Nous lui avons dit ce que nous pensions être ses chances de victoire à ce stade (...), qu'il y avait peut-être 5 ou 10% de chances" qu'il gagne, détaille Bill Stepien.
Le président "était de plus en plus en colère", raconte Bill Stepien. Le dirigeant décide alors de changer ses équipes pour s'entourer de personnes qui le soutiennent dans sa croisade.
Le 19 novembre, cette nouvelle équipe juridique tient une conférence de presse des plus déroutantes. Sidney Powell, une des avocates de Donald Trump, accuse pêle-mêle le Venezuela, Cuba et les démocrates d'avoir ourdi un complot électoral.
A ses côtés, Rudy Giuliani, dénonce "un scandaleux rideau de fer de censure". Sous la chaleur des projecteurs, un liquide marron, de la teinture capillaire, commence à dégouliner sur ses tempes.
Quatre jours plus tard, le ministre de la Justice Bill Barr se rend à la Maison Blanche. "C'était un peu gênant", confie le ministre dans une vidéo retransmise lundi par la commission.
A plusieurs reprises, dit-il, les deux hommes ont examiné ensemble les supposées fraudes à l'élection avancées par Donald Trump. "Des âneries" exprimées par un homme "détaché de la réalité", estime le ministre de la Justice qui démissionnera le 14 décembre.
Dans le mois qui suivra, Donald Trump et son entourage continueront à véhiculer "ces mensonges" sur la fraude électorale pour récolter des dons, a argué la commission. Inondant ses partisans de dizaines de courriels par jour, son équipe de campagne amassera 250 millions de dollars entre le jour de l'élection et le 6 janvier 2021, a-t-elle révélé.
"Le grand mensonge était aussi une grande arnaque", a fustigé l'élue Zoe Lofgren, connue pour avoir travaillé sur les mises en accusation devant le Congrès de trois présidents: Richard Nixon, Bill Clinton... et Donald Trump.
Lors de quatre auditions à venir jusqu'au 23 juin, la commission dite "du 6 janvier" continuera à présenter ses conclusions sur son année d'enquête, plaçant Donald Trump au cœur "d'une tentative de coup d'Etat".
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Le ministre américain de la Justice Merrick Garland, qui a assuré suivre "toutes les auditions" de cette commission, a promis de demander des comptes à tous les acteurs du 6 janvier 2021, "quel que soit leur rang, leur position, et qu'ils aient été présents ou non" lors de l'assaut du Capitole.