Attentat de Nice: l'enquête se poursuit

Les enquêteurs tentent toujours de cerner la personnalité de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l'auteur de la tuerie qui a fait 84 morts. Celui-ci aurait repéré les lieux la veille de l'attaque. Dimanche, deux nouvelles personnes ont été interpellées. Côté gouvernement, on veut démontrer que toutes les mesures possibles sont prises pour faire face à une menace terroriste sans précédent.
Image
nicememo
Rassemblement improvisé sur la Promenade des Anglais à Nice, en hommage aux victimes de l'attentat. (Laurent Cipriani/AP)
Partager4 minutes de lecture
Finalement, le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué samedi 16 juillet la tuerie de la Promenade des Anglais, à Nice. La source est l'agence Amaq, liée au groupe jihadiste. "L'auteur de l'opération (...) menée à Nice en France est un soldat de l'Etat islamique. Il a exécuté l'opération en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition qui combat l'EI", affirme Amaq citant une "source de sécurité".

Cette annonce intervient alors que les enquêteurs s'interrogent toujours sur la personnalité du tueur, un Tunisien, dont les liens avec l'islamisme radical laissent perplexe. Dimanche, on apprenait que celui-ci serait venu repérer les lieux avec le poids lourd les 12 et 13 juillet. 

Qui est l'auteur Mohamed Lahouaiej-Bouhlel ? 

"Il semble" que le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans, qui a foncé au volant d'un poids lourd sur la foule après le feu d'artifice du 14 juillet sur la Promenade des Anglais, se soit "radicalisé très rapidement", a dit samedi le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Il est décrit par ses voisins à Nice comme n'ayant aucune pratique religieuse affichée, taciturne, violent notamment envers son ex-femme, voire comme un déséquilibré. L'homme ne faisait l'objet d'aucun signalement pour radicalisation mais était connu pour des faits de délinquance ordinaire.

Cinq personnes de son entourage - son ex-épouse et quatre hommes - sont toujours en garde à vue. Les auditions évoquent un basculement "récent" vers "l'islam radical", selon des sources policières.

C'était un chauffeur-livreur, en instance de divorce, "totalement inconnu des services de renseignement (...) et n'avait jamais fait l’objet de la moindre fiche, ni du moindre signalement de radicalisation", a déclaré le procureur de Paris, François Molins, patron des magistrats antiterroristes français. Il était en revanche connu de la justice pour des "faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016".

Un habitant de son ancienne barre d'immeuble, où le tueur vivait avec son épouse avant d'en partir voici environ 18 mois, dresse le profil d'un déséquilibré: "quand il s'est séparé de sa femme il a déféqué partout, trucidé le nounours de sa fille à coup de poignard", a-t-il affirmé.

Un appel aux "Français patriotes"

Pour contrer la menace, Bernard Cazeneuve a appelé "tous les Français patriotes" à rejoindre la "réserve opérationnelle" qui compte 12.000 volontaires (9.000 de la gendarmerie nationale, 3.000 de la police).

Un peu plus tôt, à l'issue d'une réunion ministérielle à l'Élysée, le président François Hollande avait lancé un appel à la "cohésion" et à "l'unité" nationale. Mais le semblant de concorde qui avait suivi les attaques jihadistes de janvier et novembre 2015 a fait long feu.

"Je voudrais savoir ce qui était pris comme mesure en situation de guerre, en état d'urgence, pour que l'on ne tue pas avec cette arme-là dans une grande ville de France", a ainsi demandé samedi Christian Estrosi, président Les Républicains de la région Paca.

Un gouvernement critiqué qui se défend

La présidente du FN Marine Le Pen a dénoncé les "carences gravissimes de l’État" et l'ex-président Nicolas Sarkozy a estimé que le moment viendrait "bientôt" de "dire les choses", et surtout de "les faire".

Dans le Journal du Dimanche, Manuel Valls rappelle que "les services de l’État et la ville de Nice avaient préparé ensemble ce 14-Juillet, comme ils avaient préparé le carnaval ou l’Euro". Le Premier ministre s'en prend à l'opposition et à "certains politiques irresponsables (qui) disent que cet attentat était évitable". "Je comprends les interrogations, les colères des proches des victimes (...) Mais je ne veux pas de polémiques inutiles", prévient le chef du gouvernement.

Pour plus d'informations sur le sujet, retrouvez notre dossier sur l'attaque de Nice et les autres attentats en France.

"Actuellement, 100.000 policiers, gendarmes et militaires sont mobilisés pour assurer la sécurité de nos concitoyens", a pour sa part indiqué M. Cazeneuve, soulignant la volonté du gouvernement de "renforcer la présence des forces de sécurité sur l'ensemble du territoire national".

Par ailleurs, l'effectif de l'opération militaire Sentinelle, maintenu à 10.000 hommes contre 7.000 prévus initialement après la fin de l'Euro-2016, restera à ce niveau "jusqu'à la fin de l'été", a annoncé le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian.

Le bilan de la tuerie de Nice est toujours de 84 morts mais il pourrait s'alourdir car 121 des quelque 300 blessés restaient hospitalisés, samedi, dont 26 en réanimation, selon le ministère de la Santé.