Attentat des JO de Munich : le président allemand "honteux" d'avoir mis 50 ans à indemniser les victimes

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Commémoration des attentats des JO de Munich
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier et le président israélien Isaac Herzog,  passent en revue les gardes d'honneur lors d'une visite officielle au château de Bellevue à Berlin, en Allemagne, le 4 septembre 2022. 
AP Photo/Markus Schreiber.
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Journée de recueillement mais aussi de repentir. L'Allemagne commémore ce lundi 5 septembre la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich en 1972, au cours de laquelle onze athlètes israéliens avaient été tués par un commando palestinien. Cinquante ans après, le chef de l'Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, demande pardon.

Le chef de l'Etat allemand Frank-Walter Steinmeier a demandé "pardon" aux proches des victimes israéliennes de la prise d'otage lors des Jeux olympiques de Munich en 1972, endossant la responsabilité des différents "échecs" qui ont accompagné cette tragédie, lors des commémorations lundi de l'attentat.

"En tant que chef d'Etat de ce pays et au nom de la République fédérale d'Allemagne, je vous demande pardon pour le manque de protection des athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de Munich et pour le manque d'explications par la suite ; pour le fait que ce qui s'est passé ait pu se produire", a déclaré M. Steinmeier, à Munich, aux familles des onze athlètes israéliens tués dans cette attaque survenue il y a cinquante ans.

Qu'il ait fallu 50 ans pour arriver à cette réconciliation ces derniers jours est vraiment honteux.Frank-Walter Steinmeier, chef de l'Etat allemand

Devant le président israélien, Isaac Herzog, qu'il recevait lors d'une visite officielle, le chef de l'Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, a reconnu,  qu'il était "honteux" que l'Allemagne ait mis 50 ans à conclure un accord d'indemnisation des proches des victimes israéliennes. 

Rappel des faits 

Le 5 septembre 1972 à l'aube, huit membres de l'organisation palestinienne "Septembre noir" pénètrent dans un des appartements occupés par la délégation israélienne au village olympique.

Ils tuent deux athlètes israéliens et en prennent neuf autres en otage, espérant les échanger contre plus de 200 prisonniers palestiniens.

Après de longues heures de négociations, l'intervention des services de sécurité allemands sur la base militaire de Fürstenfeldbruck, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Munich, tourne au fiasco.

Les neuf otages sont tués au cours de l'opération, ainsi qu'un policier ouest-allemand. Cinq des huit preneurs d'otages sont abattus et les trois autres capturés.
La prise d'otages aura fait au total 18 morts. Un bilan effroyable qui a frappé de stupeur le monde entier et causé pour plusieurs raisons un profond traumatisme en Allemagne.

Accord in extremis sur les indemnisations

Mercredi, après des décennies de négociations confidentielles, le gouvernement d'Olaf Scholf a annoncé un accord sur les indemnisations, in extremis avant les cérémonies que les familles des victimes avaient menacées de boycotter. Il a accepté de débloquer une enveloppe de 28 millions d'euros, en partie versée par la Bavière et la ville de Munich.

Avec cet accord, l'Allemagne "s'acquitte de son obligation historique envers les victimes et leurs familles", a salué le gouvernement allemand. Des documents vont aussi être déclassifiés pour permettre aux historiens allemands et israéliens de se saisir du sujet.

Munich
Une plaque commémorative pour les onze athlètes israéliens et un policier allemand  tués au cours d'une attaque terroriste lors des Jeux olympiques de 1972 à Munich, en Allemagne.
AP Photo/Matthias Schrader.

Fiasco de l'opération policière

Les alertes des services de renseignements sur un risque d'attaque durant ces JO ont été ignorées et la sécurité négligée.

L'assaut de la police a été mal préparé. "Ils n'ont pas fait la moindre tentative de sauver des vies", s'était emporté Zwi Zamir, alors chef des services secrets extérieurs (Mossad), dans un compte-rendu déclassifié en 2012.

Alors que la polémique sur le fiasco de l'opération policière faisait déjà rage, le Comité international olympique (CIO) avait décidé, dès le lendemain, de ne pas interrompre les JO.
"Les otages étaient conduits à l'abattoir et les Jeux ont continué", s'est indigné dimanche le président israélien Isaac Herzog, parlant de manquements "inhumains et incompréhensibles".