Après l'attentat perpétré par deux hommes dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, le psychanalyste et professeur à l'université d'Aix-Marseille Roland Gori livre sur TV5MONDE son analyse. Il considère que le groupe Etat islamique "nous empêche de voir que la question majeure est politique". Entretien.
"Je suis peiné, sidéré, atterré", réagit le psychanalyste Roland Gori sur TV5MONDE après l'attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray au cours duquel un prêtre a été égorgé. Il ajoute : "C'est d'ailleurs ce qui est recherché par nos ennemis : produire de l'effroi et produire en nous le sentiment que n'importe où, le pire peut se passer."
Désormais, "il faut prendre du temps pour comprendre comment on en est arrivé là", souligne-t-il. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hypercasher, le Bataclan, le Stade de France, dernièrement à Nice et aussi ailleurs dans le monde, .... Ce week-end, c'est en Allemagne que plusieurs attaques ont été perpétrées dont certaines ont été revendiquées par le groupe Etat islamique.
"Daech fait feu de tout bois, ramasse tout ce qui est possible et imaginable. Il n'y a pas de profile type des tueurs de masse. Il y a une mise en spectacle de choses ignobles pour empêcher la réflexion politique", explique sur TV5MONDE Roland Gori. "Il faut trouver comment on peut culturellement, socialement et politiquement être solidaires."
"C'est la crise des valeurs qui a favorisé des théofascismes" qu'il définit comme " l'émergence de mouvements sanglants, violents, anti-progrès,/libertés/égalités tels que nous en avons connus à la fin du XIXème siècle."
Quelle responsabilité des médias ?
"Dans leur pratique, ils sont corrompus par la logique de marché", explique le psychanalyste. "On peut saluer les initiatives des journalistes qui prennent le temps de réfléchir sur ce qu'il se passe."
"Pour un certain nombre de ces gens , ils s'offrent au martyr pour obtenir une visibilité non seulement divine mais aussi sociale", ajoute-t-il. "Il faut éviter de faire la promotion de ces gens qui en devenant des martyrs acquièrent la reconnaissance sociale qu'ils n'ont pas eu pas d'autres moyens."
Quelles mesures doit-on prendre ?
"Réhabiliter la parole politique, les lieux d'échange et de solidarité, ... "énumère-t-il "Et réinventer une utopie, une part de rêve, un message qui nous redonne confiance."