Après avoir dans un premier temps refusé son extradition vers la France, Salah Abdeslam change d'avis et réclame de rejoindre le plus vite possible le territoire français. Pourquoi ce revirement ? Stratégie de défense ou liée aux attentats meurtriers du 22 mars à Bruxelles ?
Il est le dernier membre vivant du commando des attentats du 13 novembre à Paris. Salah Abdeslam, né en Belgique le 15 septembre 1989, a réussi à échapper aux services de police pendant près de quatre mois. L'épisode prend fin le vendredi 18 mars, à Bruxelles, jour de son arrestation.
Aussitôt, le suspect-clé des attentats de Paris, clame qu'il ne veut surtout pas être extradé en France, s'estimant sans doute mieux protégé en Belgique. Il est inculpé pour "meurtres terroristes et participation aux activités d'un groupe terroriste", selon le parquet belge.
Audition "musclée" ?
D'après les informations recueillies par plusieurs médias français et belges, les relations seraient de plus en plus tendues entre les enquêteurs et Salah Abdeslam, qui depuis mardi 22 mars aurait refusé de collaborer. Ce revirement pourrait être le fait d’une audition "musclée" survenue mercredi 23 mars, au lendemain des attentats de Bruxelles, à la prison de haute sécurité de Bruges, où il est incarcéré.
Le suspect aurait également compris qu’il ne pourrait bénéficier en Belgique d’aucun statut d’informateur.
"Il aurait dejà pu parler. Il a commencé par vouloir rester en Belgique car c'était mieux pour lui", estime sur Itélé, Solange Doumic, avocate de familles des attentats de Paris.
Muet depuis les attaques de Bruxelles
Selon l'avocat Sven Mary, son client n'"était pas au courant" de ces attaques qui ont visé mardi 22 mars l’aéroport international de Bruxelles et la station de métro Maalbeek faisant 31 morts et 300 blessés.
Salah Abdeslam collaborait avec la police avant de changer d’attitude après les attentats de Bruxelles. Le terroriste est resté muet face aux enquêteurs qui sont venus le voir après les attaques dans la capitale belge.
L’avocat a également transmis des informations sur l’état d’esprit de son client, affirmant que Salah Abdeslam avait signifié son «
souhait de partir en France le plus vite possible ».
Jusqu’à présent, l’avocat de Salah Abdeslam avait signifié le « refus d’extradition » de son client.
L'audition de Salah Abdeslam prévue jeudi 24 mars au matin devait être une première étape pour décider notamment d’un éventuel maintien en détention de Salah Abdeslam – qui fait peu de doute – et surtout étudier la légalité du mandat d’arrêt européen le concernant. Mais l’audition, prévue pour 9 heures, a été reportée. « On a demandé un report, parce que le dossier est volumineux, et qu’il faut du temps pour pouvoir l’étudier. Le report a été accepté », a expliqué son avocat.
"Je verrai le juge d'instruction pour qu'elle ne s'oppose plus elle-même à ce départ et à cette remise en France, qui pourra se faire, on espère (...) dans les plus brefs délais", a dit Me Sven Mary, à l'issue d'une audition devant la chambre du Conseil à Bruxelles sur le maintien en détention de son client, notamment, qui était absent."Il a compris qu'ici ce n'est qu'un petit bout du dossier. Il veut s'expliquer en France, c'est une bonne chose", a-t-il estimé.
Son audition a été reportée au 7 avril. Quant à l'audience d'exécution du mandat d'arrêt européen, elle est prévue le 31 mars à Bruxelles. Salah Abdeslam est toujours incarcéré à la prise de haute sécurité de Bruges.
Salah Abdeslam connaissait très bien Najim Laachraoui, qui a été identifié mercredi 23 mars au matin par la police. Son ADN a été découvert sur "du matériel explosif utilisé lors des attaques" qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris. L'homme, parti en Syrie en février 2013, est recherché depuis le 4 décembre. Il avait été contrôlé sous la fausse identité de Soufiane Kayal début septembre à la frontière austro-hongroise en compagnie de Salah Abdeslam et de Mohamed Belkaïd, un Algérien de 35 ans abattu par la police à Forest.