Fil d'Ariane
Les cinq magistrats professionnels ont suivi les réquisitions du ministère public, qui avait demandé cette sanction rarissime à l'encontre du seul accusé du box jugé comme co-auteur des attaques de Paris et Saint-Denis qui ont "épouvanté" et "sidéré" la France.
Des commandos islamistes avaient ouvert le feu sur des terrasses de café et de restaurants, attaqué la salle de spectacles du Bataclan pendant un concert et trois kamikazes s'étaient fait exploser aux abords du Stade de France pendant une rencontre de football opposant la France et l'Allemagne.
L'Etat islamique avait revendiqué ces attaques.
La perpétuité incompressible, également appelée "perpétuité réelle", rend infime la possibilité pour celui qui y est condamné d'obtenir une libération. Elle n'avait jusque-là été prononcée qu'à quatre reprises.
A re(voir) : Verdict du procès des attentats du 13 novembre
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Les avocats de Salah Abdeslam, qui a affirmé à plusieurs reprises au cours des débats avoir "renoncé" à déclencher sa ceinture explosive le soir du 13 novembre 2015, par "humanité", avaient plaidé contre cette "peine de mort lente".
La cour a considéré que son gilet explosif était "défectueux", remettant "sérieusement en cause" les déclarations de l'intéressé sur son "renoncement".
Le Français de 32 ans est resté les bras croisés le regard dur dans le box, pendant toute la durée de la lecture du délibéré, rendu au terme de 148 jours d'audience.
"Je ne suis pas un assassin, je ne suis pas un tueur", avait-il soutenu dans ses derniers mots à la cour lundi matin, réitérant ses excuses "sincères" aux victimes.
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Attentats du 13 novembre : quand Salah Abdeslam se met à parler
La salle d'audience spécialement construite pour ce procès n'avait jamais connu une telle affluence, et les rescapés et proches de victimes se serraient les uns aux autres sur les bancs de bois, dans une ambiance électrique.
Les magistrats professionnels ont condamné les 19 coaccusés de Salah Abdeslam - dont six jugés par défaut -, écartant la qualification terroriste pour un seul d'entre eux, Farid Kharkhach.
Les peines prononcées vont de deux ans d'emprisonnement à la perpétuité.
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Mohamed Abrini, qui était "prévu" pour faire partie des commandos, mais qui a renoncé à la dernière minute selon la cour, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté.
Les trois accusés qui comparaissaient libres ont été condamnés à des peines d'emprisonnement assorties du sursis et ne retourneront pas en prison.
Les condamnations sont globalement en-deçà des réquisitions du parquet national antiterroriste, qui avait demandé des peines allant de cinq ans d'emprisonnement à la perpétuité.
Osama Krayem et Sofien Ayari, dont l'accusation avait affiché la "certitude" qu'ils devaient commettre un attentat à l'aéroport d'Amsterdam le 13 novembre 2015, ont été condamnés à trente ans de réclusion criminelle dans deux tiers de sûreté.
Mohamed Bakkali, considéré par le parquet national antiterroriste comme l'"homme de confiance" des logisticiens de la cellule, a lui aussi écopé de trente ans de réclusion, dont deux tiers de sûreté.
Les avocats de Salah Abdeslam avaient martelé que ce dernier n'était "ni psychopathe ni sociopathe".
Il est un "exécutant déserteur", mais la sanction demandée est digne d'un "tribunal militaire" qui juge des "ennemis" et non "des accusés", avait vilipendé son confrère Me Martin Vettes.
Me Ronen avait dit mercredi matin sur France info attendre avec "espoir et inquiétude" le verdict pour son client et avait appelé la cour à "faire la part des choses".
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Six ans après une nuit de terreur qui a traumatisé la France et après un procès-fleuve marqué par les récits glaçants des rescapés ou proches à la barre - sur plus de 2.600 parties civiles - les avocats de la défense avaient mis la cour en garde contre la tentation d'une "justice d'exception" guidée par l'émotion.
Au premier jour le 8 septembre, le président avait souhaité que le "respect de la norme" reste le "cap" de ce "procès historique", lui ont rappelé certains, plaidant contre les peines "d'élimination", de "vengeance" ou pour le "symbole" requises selon eux par le parquet.
Trois avocats avaient plaidé l'acquittement pour leurs clients "innocents". "Je ne suis pas un terroriste", a répété l'un d'eux dans ses derniers mots à la cour lundi. "J'ai très peur de votre décision", a reconnu un autre entre deux sanglots.
"Le but d'un procès, c'est aussi de comprendre pour juger au mieux et délimiter les responsabilité de chacun et faire en sorte que (ce type d'attentats) n'arrive plus. J'espère que les magistrats arriveront à comprendre ce qu'il s'est passé et à appliquer au mieux le droit pour avoir les décisions les plus justes", a déclaré Olivia Ronen mercredi.