Attentats en Espagne : la cellule jihadiste démantelée

La cellule d'une douzaine d'auteurs des attentats de Barcelone et Cambrils est désormais "démantelée", a affirmé samedi le ministre espagnol de l'Intérieur, alors qu'un homme, Younès Abouyaaqoub, est activement recherché par la police.
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©Photo Manu Fernandez / AP
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A ce stade, quatre suspects sont toujours en garde à vue, cinq ont été abattus à Cambrils et trois autres identifiés. Les deux autres pourraient avoir péri dans l'explosion d'Alcanar.

L'identité de l'homme activement recherché et sa photo ont été diffusées: il s'agit de Younès Abouyaaqoub, un Marocain de 22 ans. Cinq autres ont été abattus dans la nuit de jeudi vendredi à Cambrils alors qu'ils menaient l'attaque. 

Parmi les assaillants tués figurent trois jeunes Marocains vivant depuis leur enfance en Espagne: Moussa Oukabir, Saïd Aallaa et Mohamed Hychami, respectivement âgés de 17, 18 et 24 ans et tous habitants de Ripoll, une ville de quelque 10.000 habitants non loin des Pyrénées.

Trois autres personnes également impliquées sont identifiées, mais n'ont pas été interpellées. Deux d'entre elles pourraient avoir péri dans l'explosion suivie d'un incendie d'une maison mercredi à Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone, où le groupe tentait peut-être de confectionner des engins explosifs.

L'attentat de Cambrils revendiqué par le groupe Etat Islamique


Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué l'attaque meurtrière dans la station balnéaire de Cambrils en Espagne, après celle de Barcelone, dans un communiqué diffusé samedi par son agence de propagande Amaq.

L'EI a précisé que les deux attaques qui ont fait quatorze morts et des dizaines de blessés visaient "des rassemblements de croisés", selon le communiqué.
Le groupe jihadiste détaille les opérations commises par "deux escadrons de jihadistes" jeudi et dans la nuit de jeudi à vendredi en territoire espagnol.

"Un premier escadron de jihadistes a utilisé un véhicule contre un rassemblement de croisés dans le quartier des Ramblas à Barcelone, puis a renversé deux policiers à un barrage de contrôle après avoir attaqué avec des armes un bar près des Ramblas", a indiqué le groupe dans ce texte.
"Un second escadron a percuté des croisés avec une camionnette dans la cité de Cambrils", selon la même source.

Jeudi après-midi, une camionnette blanche a fauché sur plus de 500 mètres les passants sur l'allée centrale des Ramblas, au coeur touristique de Barcelone, faisant au moins 13 morts et 120 blessés. Le conducteur s'est enfui à pied.

Environ huit heures plus tard, juste après minuit locale vendredi, une Audi A3 fonce sur la promenade du bord de mer de la station balnéaire de Cambrils, à 120 km au sud de Barcelone. L'Audi percute une voiture de la police. Une fusillade s'ensuit et la police tue les cinq occupants de l'Audi, des "terroristes présumés". Bilan de l'attaque: une femme tuée et six personnes dont un policier blessées.

La police catalane avait fait état de deux policiers renversés jeudi soir par un véhicule lors d'un contrôle à la sortie de Barcelone, sans être en mesure de dire si l'incident était lié à l'attentat sur les Ramblas.

Les attentats en Catalogne sont les premiers revendiqués par l'EI en Espagne. Mais le pays avait été touché en mars 2004 par le pire attentat islamiste en Europe: des bombes avaient explosé dans des trains à Madrid faisant 191 morts, une attaque revendiquée par un groupe de la mouvance al-Qaïda. 

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Alors que 17 blessés luttaient entre la vie et la mort vendredi 18 août 2017, l'Espagne endeuillée tentait de se réapproprier les Ramblas, la grande avenue qui mène les Barcelonais jusqu'à la mer, désormais parsemée d'autels en mémoire des victimes, d'au moins 35 nationalités.

"Barcelone et les Ramblas doivent rester un symbole de paix et d'accueil", a déclaré Cristina Olivé, infirmière barcelonaise de 55 ans, les deux mains prises par ses deux enfants adoptifs, un fils de 9 ans d'origine haïtienne et une fille de 13 ans d'origine chinoise.

"Je n'ai pas peur"

Une vingtaine de militants d'extrême droite ont aussi tenté de manifester criant "Plus de mosquées!", avant d'être conspués par la foule. Des coups de poing ont fusé, mais sans entamer l'ambiance de recueillement.
A midi, des centaines d'habitants de la métropole méditerranéenne avaient scandé "No tinc por", "je n'ai pas peur" en catalan. 

Une cérémonie avait rassemblé la foule derrière le roi Felipe VI, le chef du gouvernement Mariano Rajoy et celui du gouvernement régional de Catalogne Carles Puigdemont pour une minute de silence.            
                  
Ces attaques ont peut-être remplacé des attentats "de plus grande envergure", a aussi expliqué le porte-parole de la police catalane.
L'explosion à Alcanar, qui a fait au moins un mort, aurait en réalité évité un autre drame de plus grande ampleur. Selon la police, les assaillants auraient alors perdu les composants nécessaires à la fabrication d'engins explosifs. 

La police a sorti des dizaines de bonbonnes de gaz de la maison, dont on ignore si elles devaient servir de réceptacles pour des engins explosifs, selon un photographe de l'AFP. La double attaque a du coup été commise de "manière plus rudimentaire", sans être "de l'amplitude espérée" par les jihadistes, toujours selon la police.
Mariano Rajoy, à Barcelone depuis jeudi soir, a tenu vendredi à souligner la nécessité d'union, alors que justement les séparatistes au pouvoir en Catalogne menacent de quitter l'Espagne à l'issue d'un référendum d'autodétermination prévu le 1er octobre.

Le gouvernement espagnol doit par ailleurs décider s'il élève encore le niveau d'alerte antiterroriste, de 4 à 5 (son maximum), en pleine saison touristique, alors que le secteur du tourisme pèse pour plus de 11% du PIB national.