Fil d'Ariane
À Montréal, la Banque de cerveaux Douglas Bell-Canada met à disposition des scientifiques du monde entier des échantillons de cerveaux humains. C'est l'une des plus importantes au monde.
La Banque de cerveaux Douglas Bell-Canada est l’une des plus importantes dans le monde. Elle met à la disposition de la communauté scientifique internationale de précieux échantillons qui permettent de faire des recherches sur cet organe encore si peu connu du corps humain. Visite guidée
Elle se cache dans un bâtiment un brin délabré sur le campus de l’Institut Douglas, un établissement spécialisé dans la santé mentale situé dans le sud-ouest de Montréal. Ce n’est pas sans une certaine émotion que l’on pousse la porte de cette banque de cerveaux. Il est particulier de savoir que derrière cette porte se trouvent, soit dans des congélateurs, soit dans du formol, quelque 4000 cerveaux.
Les cerveaux sont découpés en rondelles pour faire des échantillons de tissus qui sont envoyés partout dans le monde pour la communauté scientifique internationale. Ici, ils sont conservés dans du formol.
Ces cerveaux sont utilisés pour faire des recherches sur des maladies mentales et neurodégénératives menées partout dans le monde souligne le psychiatre : « La banque de cerveaux offre gratuitement des tissus à la communauté scientifique internationale, on envoie à peu près 1000 échantillons par année dans le monde ».
La banque emploie une dizaine de personnes : une partie s’active dans les laboratoires où se font les recherches et la préparation des échantillons, l'autre partie dans les bureaux pour gérer les dons, les contacts avec les familles, recueillir les informations sur les donateurs...
La Banque de cerveaux Douglas Bell-Canada envoie chaque année 1000 échantillons de cerveaux dans le monde.
C’est grâce à des échantillons issus de la banque et envoyés partout dans le monde que d'importantes percées scientifiques ont été réalisées au cours des dernières décennies. « Des découvertes ont été faites sur l'Alzheimer, sur la sclérose en plaque, sur la dépression, sur la schizophrénie, précise le psychiatre. On a par exemple découvert qu'une personne qui avait subi une agression dans son enfance pouvait avoir des modifications chimiques dans son cerveau et ces modifications peuvent avoir un impact sur la capacité de cette personne à moduler, réguler ses émotions ».
Le neurobiologiste Naguib Mechawar, qui codirige la banque avec le Dr Turecki en plus d’être professeur à l’Université McGill et chercheur au Centre de recherche Douglas, écrivait récemment sur le site La Conversation un article faisant état d’importantes découvertes réalisées grâce à cette banque de cerveaux.
« C’est ainsi que le Dr Judes Poirier, du Centre de recherche Douglas, affilié McGill, et son équipe ont découvert que le gène APOE4 constitue un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer. Plus récemment, l’équipe du Dr Gilbert Bernier, professeur au Département de neurosciences de l’Université de Montréal, a découvert que les lésions caractéristiques de cette maladie sont associées à une expression anormale du gène BMI1 ».
Le docteur Gustavo Turecki, psychiatre et directeur scientifique de l’Institut Douglas, devant les cerveaux conservés précieusement dans du formol.
Savez-vous qu’un cerveau humain pèse, en moyenne, 1,3 kilogramme ? De tous nos organes, c’est celui que l’on connait le moins, celui qui reste le plus mystérieux, mais c’est celui qui façonne notre personnalité, qui conditionne notre vie, nos pensées, nos actions.
C’est pourquoi ces dons sont si importants pour poursuivre des recherches déterminantes et faire avancer la science. « Le cerveau demeure une frontière importante, mais d’un point de vue des connaissances de base, on a fait beaucoup de progrès. Et avec la disponibilité des tissus pour faire de la recherche, je suis très optimiste que dans 50 ans, on va être capable d’intervenir et d’aider les gens d’une façon beaucoup plus précise qu’on le fait aujourd’hui » conclut Gustavo Turecki.