Fil d'Ariane
La plus haute juridiction du pays, la Cour suprême canadienne, a considéré que la Colombie-Britannique violait la Charte canadienne des droits et libertés qui garantit à chacun le droit à l'éducation dans la langue de la minorité de la province dans laquelle il réside. "La mission de l'Etat consiste à gérer des ressources budgétaires limitées pour répondre à des besoins qui eux sont tout sauf limités", a souligné le juge Richard Wagner. Les économies budgétaires ne peuvent justifier de déroger aux droits fondamentaux, a-t-il cependant ajouté.
Cette décision met fin à une décennie de bataille judiciaire menée par un conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique, qui gère un réseau d'établissements scolaires, et des parents francophones en vue d'améliorer les services d'éducation d'une population francophone croissante. Environ 64.000 personnes utilisent le français comme langue principale parmi les 5 millions d'habitants de la Colombie-Britannique, en hausse de 21% depuis 2006, selon le commissaire aux langues officielles.
Quelque 6.200 élèves sont par ailleurs inscrits dans les 44 écoles francophones de la province, parmi les près de 576.000 élèves inscrits au total.
Au Canada, les francophones sont minoritaires dans neuf provinces sur dix, le Québec faisant exception. Les plaignants pointaient du doigt notamment de longs délais de transport scolaire, allant jusqu'à deux heures. Cela signifiait pour de nombreuses familles faire le choix de "ne pas envoyer leurs enfants dans des écoles francophones", a assuré à la chaîne CBC Suzana Straus, présidente de la Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique.
"Cette décision de la Cour suprême est une très bonne nouvelle pour ces communautés-là et pour notre pays", s'est félicité le Premier ministre Justin Trudeau lors de son point presse quotidien. "Cela fait longtemps que les communautés nous disent que les provinces ne financent pas adéquatement les services qui leur sont dus et on espère qu'à partir de maintenant, les provinces vont mieux respecter les communautés linguistiques", a-t-il poursuivi, ajoutant que le gouvernement fédéral était prêt à les aider.