Fil d'Ariane
Le pire naufrage d'une année déjà très meurtrière. Au moins douze migrants, selon un bilan encore provisoire, sont morts mardi 3 septembre quand l'embarcation sur laquelle ils tentaient de traverser la Manche s'est disloquée.
Un groupe de migrants kurdes d'Iran et d'Irak qui ont échoué dans leur tentative de rejoindre le Royaume-Uni par bateau à travers la Manche, dimanche 19 mai. AP/ Bernat Armangue.
Au moins douze personnes migrantes sont mortes mardi 3 septembre, alors qu'elles tentaient de traverser la Manche.
Leur embarcation s'est trouvée en difficulté au large du Cap Gris Nez en fin de matinée avec plus de 60 personnes à bord, a indiqué la préfecture maritime de la Manche. Un navire affrété par l'Etat, le Minck, qui l'avait repérée, s'est porté à son secours dès qu'elle s'est disloquée, a rapporté le lieutenant de vaisseau Etienne Baggio à l'AFP.
Selon le ministre démissionnaire de l'Intérieur Gérald Darmanin, le bilan atteint 12 morts, deux disparus et "plusieurs blessés". Le ministre a précisé sur X qu'il se rendait sur place..
La préfecture maritime de la Manche a indiqué avoir pris en charge 65 naufragés, dont 12 ont été déclarés décédés en mer, et plusieurs autres hospitalisés dans un état grave à terre.
Outre le Minck, des hélicoptères des pompiers et de la Marine, deux bateaux de pêcheurs et des navires militaires sont mobilisés pour l'opération, toujours en cours. Les recherches se poursuivent tandis que les bateaux ayant pris en charge des victimes sont en train de les ramener à Boulogne-sur-Mer.
De nombreux véhicules du Samu et des pompiers sont déployés au port de Boulogne-sur-Mer, où un poste médical avancé a été mis en place pour la prise en charge des victimes, ont constaté des journalistes de l'AFP, qui ont vu plusieurs sacs mortuaires.
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Charlotte Kwantes, de l'association d'aide aux migrants Utopia 56, a dénoncé auprès de l'AFP une politique de répression policière sur le littoral français "complètement inefficace (….) qui conduit à des incidents et à des drames (...) à répétition". "Ça fait deux mois et demi qu'il y a quasiment toutes les semaines des morts dans la Manche".
Les drames se sont succédé depuis le début de l'été, lorsque les traversées de la Manche sur des bateaux de fortune se font particulièrement nombreuses, sur des embarcations toujours plus chargées.
Entre le 12 et le 19 juillet, six personnes migrantes sont mortes dans trois naufrages distincts sur des embarcations surchargées : quatre le 12 juillet, une femme érythréenne le 17 puis un homme le 19.
Fin juillet, une jeune femme de 21 ans est morte écrasée sous le poids d'autres passagers d'un canot surchargé. Deux autres migrants sont décédés dans un naufrage le 11 août, au large de Calais.
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Avant le naufrage de mardi 3 septembre, 25 personnes avaient perdu la vie dans ces traversées depuis le début de l'année 2024, dépassant largement le bilan de l'année 2023 établi à 12 décès.
Les traversées illégales de la Manche vers le Royaume-Uni ont atteint un nombre record sur les six premiers mois de l'année 2024, selon les autorités britanniques. Elles décomptent l'arrivée par ce moyen de 21 615 migrants depuis janvier.
Arrivé au pouvoir début juillet, le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé vouloir accélérer le traitement des dossiers de demandeurs d'asile, tout en durcissant la lutte contre les passeurs pour "renforcer" les frontières.
Le Royaume-Uni a été secoué cet été par de violentes émeutes racistes et d'extrême droite après le meurtre de trois fillettes le 29 juillet, sur fond de rumeurs en ligne en partie démenties décrivant le suspect de l'attaque comme un demandeur d'asile musulman.
Le gouvernement britannique a promis la semaine passée de fortement augmenter le renvoi dans leur pays d'origine de demandeurs d'asile déboutés et de personnes demeurant illégalement au Royaume-Uni.