Au moins 124 personnes ont été tuées dans des violences sunnites-chiites au Pakistan

Les violences sunnites-chiites ont fait au moins 124 morts, ces dix derniers jours, dans le nord-ouest du Pakistan. 13 personnes sont mortes ces deux derniers jours. 

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Des musulmans chiites scandent des slogans

Des musulmans chiites scandent des slogans pour condamner le meurtre de musulmans chiites par des hommes armés dans une embuscade dans le district de Kurram, lors d'une manifestation à Lahore, Pakistan, vendredi 22 novembre 2024. 

AP Photo/K.M. Chaudary
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Les affrontements entre sunnites et chiites dans le nord-ouest du Pakistan ont fait 13 morts supplémentaires ces deux derniers jours, a annoncé samedi 30 novembre un responsable local, portant le bilan à 124 personnes tuées en dix jours de violences.

"Il y a un manque sévère de confiance entre les deux camps et aucune tribu ne veut se conformer aux ordres du gouvernement de cesser les hostilités", a déclaré à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, un responsable du gouvernement du district de Kourram.

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Il a fait état de deux morts côté sunnite et onze côté chiite, deux courants de la religion musulmane. Plus de cinquante personnes ont été blessées, a ajouté ce responsable, alors que les combats continuaient samedi matin.

Le Pakistan est un pays à majorité sunnite mais le district de Kourram, dans la province du Khyber-Pakhtunkhwa frontalière de l'Afghanistan, compte une importante communauté chiite.

Un cycle de représailles

Un cycle de représailles, à l'arme légère ou lourde, a été enclenché depuis qu'une dizaine d'assaillants a tiré à vue il y a dix jours sur deux convois de familles chiites sous escorte policière dans la région. Plus de 40 personnes, dont des enfants, avaient été tuées.

En réponse, des chiites armés ont mené des descentes dans des villages sunnites, incendiant des centaines de magasins et de maisons. Des sunnites ont répliqué par des tirs. Les tribus règlent leurs différends de la sorte depuis des décennies.

La police rapporte que beaucoup de gens veulent fuir la zone à cause des violences mais la détérioration de la situation sécuritaire rend cela impossible.

Un responsable du gouvernement du district de Kourram

Une trêve de sept jours avait été annoncée par le gouvernement régional, dimanche dernier, mais les affrontements avaient repris dès lundi, avant une nouvelle trêve de dix jours conclue mercredi qui n'aura pas tenu elle non plus.

"La police rapporte que beaucoup de gens veulent fuir la zone à cause des violences mais la détérioration de la situation sécuritaire rend cela impossible", a expliqué le responsable du gouvernement de Kourram.

"Une crainte de plus de victimes"

Confirmant le bilan de 124 morts, un responsable à la sécurité de Peshawar, la capitale régionale, a déploré qu'"aucune des mesures initiées par le gouvernement provincial n'(ait) été pleinement mise en œuvre pour restaurer la paix". "Il y a une crainte de plus de victimes", a-t-il dit, ayant lui aussi requis l'anonymat.

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La police a régulièrement du mal à juguler les violences à Kourram, qui faisait partie des anciennes zones tribales semi-autonomes du Pakistan jusqu'à intégrer le Khyber-Pakhtunkhwa en 2018.

Selon la Commission des droits de l'Homme du Pakistan, 79 personnes ont été tuées lors de violences intercommunautaire dans la région entre juillet et octobre.

Le conflit, alimenté par la différence religieuse, est fréquemment ravivé par des disputes autour de la propriété des terres, dans cette province montagneuse.