Fil d'Ariane
"Des dizaines et des dizaines de morts noyés, dont des enfants, beaucoup de disparus. La Calabre est en deuil pour cette terrible tragédie", a déploré dans un communiqué Roberto Occhiuto, président de la région.
"À l'heure actuelle, 80 personnes ont été récupérées en vie, dont certaines ont réussi à rejoindre le rivage après le naufrage", précise un communiqué des gardes-côtes publié en fin de matinée. Selon le maire de la ville de Crotone, Vincenzo Voce, au moins 59 migrants seraient morts.
Selon eux, l'embarcation transportait environ 120 personnes et s'est brisée sur les rochers à quelques mètres de la côtes. Les pompiers évoquaient "plus de 200 personnes" à bord de l'embarcation. Selon l'agence AGI, l'embarcation des migrants, qui était surchargée, s'est brisée en deux en raison de la grosse mer.
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Évoquant sa "profonde douleur", la cheffe du gouvernement d'extrême-droite Giorgia Meloni a jugé dans un communiqué "criminel de mettre en mer une embarcation de 20 mètres à peine avec 200 personnes à bord et une mauvaise prévision météo". Elle a affirmé : "Le gouvernement est engagé à empêcher les départs, et avec eux ce genre de tragédie, et continuera à le faire, exigeant avant tout la plus grande collaboration des États de départ et d'origine".
Le pape François a affirmé "prier pour chacun d'entre eux, pour les disparus et pour les autres migrants survécus". Le président de la République Sergio Mattarella a lui déploré le naufrage dans lequel "des dizaines de personnes, dont des enfants, ont perdu la vie".
(Re)voir : Italie : une quarantaine de migrants morts dans un naufrage
"Un grand nombre de ces migrants venait d'Afghanistan et d'Iran, fuyant des conditions très difficiles", a ajouté le chef de l'Etat, exprimant le souhait d'un "fort engagement de la communauté internationale pour éliminer les causes des migrations: guerres, persécutions, terrorisme, pauvreté...".
Ce nouveau naufrage survient quelques jours à peine après l'adoption par le Parlement de nouvelles règles encore plus dures sur le sauvetage des migrants. La cheffe du gouvernement Giorgia Meloni, dirigeante du parti néofasciste Fratelli d'Italia, a pris la tête d'un exécutif de coalition en octobre, après avoir promis de réduire le nombre de migrants arrivant en Italie.
La nouvelle loi oblige les navires humanitaires à effectuer un seul sauvetage à la fois ce qui, selon les critiques, augmente le risque de décès en Méditerranée centrale dont la traversée est considérée comme la plus périlleuse au monde pour les migrants.
La cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen a appelé dimanche à avancer sur la réforme du droit d'asile dans l'Union européenne. Après avoir qualifié dans un tweet de "tragédie" la mort de ces migrants et s'être dite "profondément attristée", Mme Von der Leyden a appelé à "redoubler d'efforts concernant le Pacte sur les migrations et le droit d'asile, et sur le Plan d'action pour la Méditerrainée centrale".
I am deeply saddened by the terrible shipwreck off the coast of Calabria.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) February 26, 2023
The resulting loss of life of innocent migrants is a tragedy.
All together, we must redouble our efforts on the Pact on Migration & Asylum and on the Action Plan on the Central Mediterranean.
Pour le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi, cette "tragédie (...) démontre comment il est absolument nécessaire de lutter fermement contre les filières de l'immigration clandestine".
Selon le ministère , près de 14 000 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de l'année, contre environ 5 200 durant la même période l'an dernier et 4 200 en 2021. Les ONG ne sauvent pourtant qu'un faible pourcentage des migrants souhaitant arriver en Europe, la plupart étant sauvés par des navires de la garde côtière ou de la marine. Le gouvernement accuse cependant les ONG de stimuler par leur action les arrivées de migrants et d'encourager les trafiquants.
"Les personnes en mer doivent être sauvées quel que soit le coût, sans pénaliser ceux qui les aident", a réagi dimanche sur Twitter Carlo Calenda, ex-ministre et chef du parti centriste Azione.
"C'est humainement inacceptable et incompréhensible, pourquoi on est là à assister à des tragédies évitables", a écrit pour sa part Médecins sans frontières (MSF).