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Au Québec, une exposition pour percer le mystère de l'expédition Franklin

Ils sont partis en mai 1845 de Grande-Bretagne en direction de l’Arctique, avec à leur tête le Britannique Sir John Franklin, de la Royal Navy : ils avaient pour mission de trouver et de cartographier le fameux passage du nord-ouest, celui qui permettrait de relier plus rapidement l’Europe à l’Asie. Mais ils ne sont jamais revenus. C’est ce que raconte cette exposition "Périr dans les glaces, le mystère de l'expédition Franklin" présentée jusqu’au 30 septembre au Musée canadien de l’Histoire.

Deux navires équipés des meilleures technologies de l’époque ont conduit cette expédition qui était la plus ambitieuse jamais menée par la Royal Navy dans sa conquête de l’Arctique : le HMS Erebus et le HMS Terror. Ils transportaient des provisions prévues pour plus de deux ans de navigation pour un équipage de 129 hommes. Ce n’est pas la première fois que la Royal Navy s’aventure dans l’Arctique : depuis 1818, les Britanniques sont obsédés par la conquête de ce territoire glacial et ont déjà envoyé neuf expéditions pour cartographier cet immense espace d’eau et de glace, un raccourci stratégique pour relier les continents européen et asiatique, si tant est qu’on y trouve son chemin.Sir John Franklin a lui-même déjà conduit deux missions dans la région. Mais la troisième lui sera fatale : les deux navires s’égarent au large de la côte nord-ouest de l’île King William et se font emprisonner dans les glaces.

bateaux expéditions franklin
Maquettes des deux navires de l'expédition Franklin, l'Erebus et le Terror.
© TV5MONDE

Le réchauffement printanier du printemps n’est pas suffisant pour les libérer de cet enfer blanc. Les membres de l’expédition Franklin vont passer plus de deux ans sur les bateaux avant de les abandonner en avril 1848 ( tel que confirmé dans la note trouvée à la pointe Victory qui est présentée dans cette exposition ). Aucun n’est revenu vivant de cette expédition. 

Les témoignages Inuits


Les communautés Inuits de l’Arctique sont des nomades. Ces Inuits s’aventurent à l’occasion dans la région où sont enclavés les deux navires mais évitent de trop s’y rendre car le gibier y est peu nombreux et le froid trop intense. Ils sont cependant les seuls témoins du drame des hommes de l’expédition britannique. Ils en rencontrent plusieurs : ils ne peuvent communiquer avec eux, mais ils vont raconter leur détresse, leur aspect famélique, les maladies dont ils vont souffrir (scorbut, tuberculose) et même le cannibalisme auxquels certains de ces hommes ont dû se résoudre pour tenter de survivre (ce qui a été confirmé par les analyses médicolégales menées sur les corps retrouvés de victimes). Il semble que ces Inuits n’ont pas pu venir en aide aux membres de l’expédition qu’ils ont rencontrés parce qu’ils n’avaient pas assez de provisions avec eux pour les partager. Mais ces témoignages ont été précieux pour comprendre ce qui était arrivé à ces marins et pour localiser les épaves.

Les découvertes des épaves

C’est d’ailleurs en s’appuyant sur ces témoignages Inuits que archéologues subaquatiques de Parcs Canada ont retrouvé en 2014, après des années de recherches difficiles dans cet univers de glace, l’épave de l’Erebus. Une découverte extraordinaire ! Plusieurs des pièces retrouvées dans l’épave sont présentées dans cette exposition, certaines pour la première fois au Canada, comme la cloche du navire, en excellent état de conservation, ou une partie de son gouvernail.

Sir Franklin
Cette expédition était dirigée par Sir John Franklin, au centre.
© TV5MONDE

« C’est  l'intérêt de cette exposition, explique Bianca Gendreau, gestionnaire du Musée canadien de l’Histoire : elle permet de présenter des objets, des documents d'archives, des découvertes archéologiques qui n'avaient jamais été vues auparavant, pour pouvoir justement raconter toute cette histoire, dont on connaissait uniquement des parcelles, du début à la fin. » 
Et puis cette expédition, celles menées avant et celles menées après, ont permis de cartographier toute la région. « Elles vont permettre de cartographier le nord, de cartographier tout l'espace arctique et, finalement, ça va nous laisser la carte géographique du Canada actuel » précise Bianca Gendreau. 
Et ces découvertes sont loin d’être terminées : en 2016, c’est l’épave du deuxième navire, le Terror, qui a été retrouvée par les équipes de Parcs Canada. Cette épave est en train d’être « stabilisée » de façon à pouvoir être explorée en toute sécurité par les archéologues subaquatiques qui plongent dans des conditions extrêmes, une eau glaciale, des courants très forts et des conditions climatiques difficiles qui font qu’ils ne peuvent pas passer plus d’une trentaine de minutes dans l’eau par plongée.

L’exposition du Musée canadien de l’Histoire lève donc le voile sur le mystère de cette expédition, elle explique pourquoi ces hommes sont partis, pourquoi l’Arctique fascinait autant les Britanniques à l’époque, elle nous montre à quoi a pu ressembler la vie à bord de ces deux navires et elle nous raconte la quête de la veuve de Sir John Franklin, qui a remué ciel et terre pendant des années en envoyant des expéditions maritimes et terrestres pour retrouver son mari. Une visite instructive pour aller à la découverte d’une page d’histoire du Canada…