Autriche: Herbert Kickl, le visage d'une extrême droite au langage outrancier

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Herbert Kickl, président et candidat du Parti autrichien de la liberté (FPÖ), lors d'un meeting électoral à Vienne, le 27 septembre 2024

Herbert Kickl, président et candidat du Parti autrichien de la liberté (FPÖ), lors d'un meeting électoral à Vienne, le 27 septembre 2024

AFP
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Petites lunettes rondes et silhouette de marathonien: Herbert Kickl, le nouveau visage de l'extrême droite victorieuse dimanche en Autriche, est longtemps resté dans l'ombre avant d'attirer les électeurs avec sa ligne dure sur la pandémie et la guerre en Ukraine.

M. Kickl, 55 ans, a remporté un succès historique aux législatives dimanche, obtenant environ 29% des suffrages devant les conservateurs, sans garantie pour autant d'accéder à la chancellerie faute de partenaires pour gouverner.

Ni photogénique comme le pionnier de l'extrême droite autrichienne Jörg Haider, ni tribun comme son prédécesseur Heinz-Christian Strache, il a fait carrière à l'intérieur du puissant Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), où il a longtemps joué le rôle d'éminence grise.

Député en 2006, ministre de l'Intérieur en 2017, il impose au premier rang sa barbe de trois jours en 2021, sur les cendres d'une formation laminée par un retentissant scandale de corruption.

"Grossier"

Pas d'excès d'alcool ou de drogue, pas de scandale côté vie privée: les électeurs plébiscitent son côté rangé et simple, qui contraste avec son langage, outrancier lorsqu'il tape sur ses adversaires.

Une élue verte dépeinte en "dominatrice SM", le président qualifié de "momie sénile": les meetings de cet ancien étudiant en philosophie et en histoire prennent des allures de café-théâtre où tout le monde est étrillé.

Herbert Kickl, président et candidat du Parti autrichien de la liberté (FPÖ, lors d'un meeting électoral à Vienne, le 27 septembre 2024

Herbert Kickl, président et candidat du Parti autrichien de la liberté (FPÖ, lors d'un meeting électoral à Vienne, le 27 septembre 2024

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"Il est l'homme politique le plus grossier du pays", explique la journaliste Nina Horaczek, qui a analysé ses discours dans un livre paru cette année. "C'est une manière de discréditer ceux qui pensent différemment".

Herbert Kickl n'aime ni les débats, ni les interviews. Et surtout pas ceux du service public, dont il dénonce le "manque d'objectivité". Il préfère s'adresser directement à ses partisans sur les réseaux sociaux.

Quitte à multiplier les dérapages. Il y a un an, une vidéo de la section jeunesse du FPÖ condamnant le "remplacement des populations" et la "terreur arc-en-ciel" avait créé des remous. On y apercevait notamment le balcon d'où le dictateur nazi Adolf Hitler avait célébré l'annexion de l'Autriche au Troisième Reich en 1938.

Mais l'heure n'est pas à l'apaisement: de 18% à son arrivée à la tête de la formation il y a trois ans, le parti n'a cessé de grimper dans les sondages et Herbert Kickl n'a jamais changé de ligne.

Après avoir pris un virage conspirationniste face aux restrictions anti-Covid, il s'est opposé à tout soutien à l'Ukraine lorsque la Russie l'a envahie en 2022, au nom de la neutralité de l'Autriche.

Porté par la forte inflation, il joue la carte du "seul contre tous" et gagne.

"Volkskanzler"

A la tête d'une formation fondée par d'anciens nazis, il est aussi connu pour utiliser des formules rappelant ses racines historiques. Il dit vouloir être "Volkskanzler", le "chancelier du peuple", un concept social-démocrate allemand récupéré par Adolf Hitler, même s'il se défend de toute référence nazie.

Herbert Kickl, président et candidat du Parti autrichien de la liberté (FPÖ, lors d'un meeting électoral à Vienne, le 27 septembre 2024

Herbert Kickl, président et candidat du Parti autrichien de la liberté (FPÖ, lors d'un meeting électoral à Vienne, le 27 septembre 2024

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"C'est une provocation très ciblée qui vise deux objectifs", selon Nina Horaczek: "Faire parler de soi et envoyer des signaux très clairs" à la frange la plus radicale.

Herbert Kickl n'a jamais fait mystère de sa proximité avec certains groupuscules extrémistes, partageant leur hostilité à l'islam et aux réfugiés.

Il a repris à son compte le terme de "remigration", avec comme projet de déchoir de leur nationalité et expulser des Autrichiens d'origine étrangère. Dès 2016, il s'affichait auprès d'identitaires, classés extrémistes dans le pays alpin.

Selon lui, "la politique prime sur le droit". En 2018, lorsqu'il était au ministère de l'Intérieur, il avait ordonné une descente aux services des renseignements et des documents sur les liens entre le FPÖ et les milieux extrémistes avaient été saisis.

Il est soupçonné par la justice d'avoir à cette période commandé des encarts publicitaires à un important groupe de presse, "aux frais de l'Etat", pour s'assurer une "couverture favorable".

En 2023, il posait en tenue paramilitaire dans sa région d'origine, la Carinthie (sud), sur des affiches avec le slogan "Autriche forteresse - frontières fermées, sécurité garantie".

Pour les législatives, il a enfilé un costume mais n'a pas changé le slogan.