La tempête tropicale Tembin, qui s'est abattue vendredi 22 décembre 2017 aux Philippines, touchant notamment l'île de Mindanao, a fait au moins 240 morts et des dizaines de disparus, selon un nouveau bilan officiel annoncé lundi 25 décembre.
Tembin a frappé la grande île méridionale de Mindanao, généralement épargnée par la vingtaine de tempêtes tropicales qui frappent chaque année l'archipel. Dimanche 24 décembre, la police avait fait état de 208 morts.
Mais les responsables de la protection civile ont annoncé lundi que le bilan avait grimpé à 78 morts sur la péninsule de Zamboanga (ouest) et à 27 personnes décédées dans la province centrale de Lanao del Sud. La police a précisé que le bilan demeurait inchangé lundi à 135 morts dans le nord de Mindanao, d'où au moins 240 morts au total, selon le dernier bilan disponible.
Mais les sauveteurs sont toujours à la recherche de 107 personnes portées disparues dans l'ensemble de Mindanao, une île de 20 millions d'habitants. Environ 13.000 familles ont passé Noël dans des centres d'évacuation, beaucoup ayant absolument tout perdu dans la tempête.
Inondations, crues et glissements de terrain
La tempête a provoqué inondations soudaines et glissements de terrain. Les eaux en crue de la rivière Salog ont provoqué d'importants dégâts, notamment vers la localité de Salvador. Plus en amont, le village montagneux de Dalama, près de la ville de Tubod, a quasiment été rayé de la carte. Plus d'une centaine de maisons du village agricole de Dalama, qui compte 2.000 âmes, ont été emportées par les inondations.
La rivière s'est mise à grossir et la plupart des maisons (de Dalama) ont été emportées. Le village n'existe plus.Gerry Parami, de la police de Tubod
Des images filmées par la chaîne philippine ABS-CBN montraient des maisons pulvérisées comme des châteaux de carte par les intempéries, d'autres noyées sous les eaux, ou encore les sauveteurs extrayant le corps sans vie d'une fillette enterrée par une coulée de boue. Des policiers, des soldats et des volontaires creusaient parfois à main nue les débris à la recherche d'éventuels survivants.
"Les gens ont été amplement mis en garde. Mais comme nous sommes rarement touchés par des typhons, les riverains des cours d'eau ne nous ont pas pris au sérieux", se désole le responsable de la police de Salvador, Wilson Mislores.
Plus de 52.000 déplacés
Les Philippines sont frappées chaque année par une vingtaine de typhons et de tempêtes, mais Mindanao, la grande île du sud qui compte quelque 20 millions d'habitants, est en effet généralement épargnée. Cette fois, au moins 52.000 personnes ont dû quitter leurs foyers, pour trouver refuge dans des centres d'évacuation.
Selon un communiqué de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-rouge et du Croissant-rouge, un total de 70.000 personnes ont été déplacées ou affectées par la tempête.
"Les gens ont tout laissé derrière eux dans leur fuite", a expliqué dans un communiqué Patrick Elliott, responsable des opérations et des programmes de la Fédération aux Philippines.
Dans la ville de Kabasalan à Zamboanga, des dizaines de familles se sont réfugiés chez des voisins à la veille de Noël, après que les inondations eurent détruit 40 habitations, tuant trois personnes, a indiqué la chef de la défense civile locale Junalyn Maravillo.
"C'est une catastrophe. Ils ne pensent pas à Noël. Ils ne pensent qu'à ce qu'ils auront à manger aujourd'hui", a-t-elle dit à l'AFP.
Une situation "redoutablement difficile"
La tempête a provoqué également des coupures d'électricité et des communications, rendant difficile le bilan des victimes. Les inquiétudes étaient particulièrement vives pour la péninsule de Zamboanga où, selon la télévision locale, trois localités au moins ont été touchées par les inondations.
La police a fait état de plusieurs disparus, à la suite de torrents de boue et d'éboulement de rochers dans des localités côtières, comme Sibuco. "
Il est possible qu'ils aient négligé les avertissements des autorités" sur les risques d'inondations, avait déclaré samedi 23 décembre le maire de Sibuco, Norbideiri Edding, à la radio de Manille DZMM.
Harry Roque, le porte-parole du président philippin Rodrigo Duterte, a assuré une aide soutenue aux régions touchées. Romina Marasigan, la porte-parole du Conseil national en charge de ce type de catastrophes, a évoqué pour sa part une situation
"redoutablement difficile".
Direction le Vietnam
Tembin a quitté l'archipel dimanche matin en s'éloignant au-dessus de la mer de Chine méridionale. Les prévisionnistes indiquant qu'elle pourrait lundi soir frapper le Vietnam. Tembin a frappé moins d'une semaine après le passage de la tempête tropicale Kai-Tak qui a dévasté le centre des Philippines, faisant 54 morts et 24 disparus.
Les tempêtes tropicales sont rares, mais pas inédites à Mindanao. Une centaine de personnes avaient péri en juillet 2014 lors du passage du typhon Rammasun ("dieu du tonnerre" en thaïlandais), en dépit de l'évacuation massive de près de 400.000 personnes et la paralysie de Manille. Il avait touché également la Chine et le Vietnam. En décembre 2012, le typhon Bopha avait fait 1.900 morts ou disparus. Le typhon Wahi avait tué 1.080 personnes un an plus tôt.
Haiyan enfin, l'un des typhons les plus violents à avoir jamais touché terre, avait frappé les îles du centre des Philippines en novembre 2013, avec des vents dépassant les 315 km/h. Des vagues géantes, semblables à celles d'un tsunami, avaient tout dévasté sur leur passage. La catastrophe avait fait plus de 7.350 morts ou disparus et privé de logement plus de quatre millions d'habitants.