Fil d'Ariane
Jack Dorsey effectuera-t-il un come-back à la Steve Jobs à la tête de Twitter ? Le fondateur d’Apple avait repris la tête de la société en 1997, avec de nouveaux choix stratégiques qui avaient permis de la sauver. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’annonce du retour du fondateur de Twitter à sa tête a immédiatement suscité cette comparaison outre-Atlantique. Exit Dick Costolo, en fonction depuis 2010: il quittera ses fonctions fin juin pour permettre à Jack Dorsey de devenir directeur. Ad interim, comme le statut de Steve Jobs à son retour Steve Jobs. Et comme le fondateur d’Apple, qui avait continué en même temps à diriger Pixar, Jack Dorsey s’occupera toujours de sa start-up Square, active dans les paiements mobiles.
Ejecté de la direction de Twitter en 2008, alors qu’il avait co-fondé la société en 2006, Jack Dorsey, aura pour mission de relancer le service de micro-blogging. Détenteur de 3,6% du capital de la société, pour une valeur de quelque 850 millions de dollars, cet ex-rockeur punk a vu le cours de l’action plonger de plus de 30% depuis les résultats trimestriels publiés en avril. Après un plus haut à 69 dollars en janvier 2014, l’action en vaut aujourd’hui 36.
Si le titre a progressé de 7,3% immédiatement après l’annonce de son arrivée, dans les échanges hors bourse, c’est que Jack Dorsey est vu comme le sauveur. Pour relancer la croissance de Twitter, d’abord. Selon la société de recherche eMarketer, le nombre d’utilisateurs va augmenter de 14,1% cette année – contre 30% il y a deux ans – avec une croissance prévue de 6% en 2019. "Un milliard de personnes ont utilisé Twitter avant de s’en détourner", regrettait, en substance, Chris Sacca, l’un des premiers investisseurs de la société, dans une lettre ouverte publiée en début de semaine. Twitter revendique aujourd’hui 302 millions d’utilisateurs se connectant au moins une fois par mois. C’est un cinquième des fans de Facebook. Instagram, lui a passé le cap des 300 millions en décembre dernier.
La société, qui a usé pas moins de cinq responsables du produit depuis sa création, devra se réinventer sous l’ère Dorsey II. Des recettes, Chris Sacca en a : rendre Twitter plus facile à utiliser, moins "intimidant", permettre de retrouver des messages plus facilement, créer des chaînes dédiées à des sujets et des couvertures d’événements en direct, mais aussi créer des applications tierces pour certains usages.
Jack Dorsey devra aussi convaincre les annonceurs de revenir. Twitter est encore tout petit sur le marché publicitaire sur Internet: selon eMarketer, la société est parvenue à récupérer 0,87% du marché en 2014 (contre 7,93% pour Facebook). Twitter n’a plus à espérer une croissance de ses revenus sur mobile: 85% des annonces sont déjà publiées dans sa version pour smartphone. Twitter détient 2,48% du marché publicitaire sur mobile. Facebook, 17,4%. Instagram vient de lancer, début juin, des publicités très visibles sur son site. Twitter, lui reste discret, de peur de s’aliéner des utilisateurs.
Ces chiffres sont insuffisants pour être rentable. Facebook l’est. Mais Twitter a encore perdu 162 millions de dollars au premier trimestre, pour un chiffre d’affaires de 436 millions.
Son salut, Twitter pourrait le trouver via… une vente. Chris Sacca a évoqué à plusieurs reprises Google comme acquéreur potentiel. Jeudi soir, Dick Costolo a affirmé que la société se concentrait sur son indépendance, mais que le conseil examinerait attentivement toute offre. La capitalisation boursière de Twitter est de 23 milliards de dollars.
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