« Contrôle politique, social, … » Le pays est, dores et déjà, sous le joug très autoritaire de l’émir Hamad bin Issa Al-Khalifa, qui s’est auto-proclamé roi en 2002 et a imposé une nouvelle Constitution. Il douchait ainsi tous les espoirs de la population qui, un an auparavant, avait ratifié à 98% le texte d’une Charte d’action nationale censée établir « le caractère démocratique du système politique national, la séparation des pouvoirs et la suprématie de la souveraineté populaire », écrit Marc Pellas dans son article du Monde diplomatique de février 2013 intitulé "
Bahreïn, la dictature "excusée "". Bahreïn fait alors l’objet « d’un contrôle politique, social, professionnel, médiatique et électronique de plus en plus serré », souligne Marc Pellas. La majorité populaire chiite est depuis discriminée par la minorité sunnite à la tête du pays. Le pouvoir n’hésite pas à user de la force pour dissuader la population de toute revendication : « Ces 15 ou 20 dernières années, le régime de Bahreïn a naturalisé des dizaines de milliers de mercenaires du Pakistan, de la Syrie, de la Jordanie et du Yémen », explique Maryam Al Khawaja, présidente du
Bahrain center for human rights et co-directrice du
Gulf center for human rights. « [Le régime] les a fait venir à Bahreïn, leur a donné la citoyenneté bahreïnie et les a employés dans les forces de sécurité et l’armée. Ils ont pratiquement créé une armée privée pour se protéger du peuple. Ils utilisent ces forces contre ceux qui manifestent aujourd’hui. » Depuis 2011, les manifestations sont vues par l’Occident comme des différends religieux entre le pouvoir sunnite et la population majoritairement chiite. « L’aspect confessionnel est un discours développé, publié et monté par le régime », souligne Maryam Al Khawaja. « Au début, dans les manifestations, c’était : on est tous des Bahreïnis », insiste Jean-Marie Fardeau, directeur du bureau français de
Human Rights Watch. « Et ce n’était pas du tout une opposition contre les sunnites qui auraient accaparé le pouvoir. Même si on sait bien que c’est une très petite partie des sunnites qui détienne le pouvoir : la famille royale et tous ceux qui l’entourent. »