Fil d'Ariane
Deux Européens, un Français et un Belge, et trois Maliens, dont un policier et un vigile, ont été abattus dans la nuit de vendredi à samedi dans une attaque contre un restaurant de Bamako. L'attentat aurait aussi fait neuf blessés, dont trois Suisses.
Les expatriés visés
Selon la police malienne, au moins un homme armé est entré peu après minuit heure locale dans le restaurant La Terrasse, situé rue Princesse à Bamako, dans le quartier de l'Hippodrome, très fréquenté par les expatriés. Il a immédiatement ouvert le feu. Un quotidien privé de Bamako, Le Combat, affirme sur son site Web qu'un homme et une femme ont tiré avec des armes de gros calibre, tandis qu'un troisième assaillant montait la garde à l'entrée du restaurant. Selon ce même quotidien, des témoins ont déclaré avoir vu les agresseurs s'échapper dans au moins deux véhicules, une Mercedes noire et une BMW. Des dizaines de policiers ont bouclé le secteur, et les rares témoins directs de l'événement refusaient de témoigner par peur de représailles.
"C'est une attaque terroriste, même si nous attendons des précisions", a déclaré un policier. Le chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) Mongi Hamdi a condamné une "attaque odieuse et lâche", précisant que parmi les blessés se trouvaient "deux experts internationaux travaillant avec le Service des Nations unies de lutte contre les mines (UNMAS) de la Minusma".
Selon des témoins, des pompiers ont sorti sur une civière le corps d'un Français tué dans l'établissement. Une probabilité vite confirmée par Paris : "ll y a très vraisemblablement un Français, en cours d'identification, parmi les cinq victimes ayant trouvé la mort. Il n'y aurait pas de Français, en revanche, parmi les blessés, mais des vérifications sont en cours", indique le communiqué de la présidence.
Dans une rue voisine du bar, le corps d'un policier malien et celui du gardien d'un domicile privé gisaient au sol, alors qu'un peu plus loin le corps d'un ressortissant belge était également visible. Il s'agissait de l’officier de la sécurité de la Délégation de l’Union européenne au Mali a indiqué Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne.
Trois Suisses, parmi lesquels une femme très grièvement touchée, sont au nombre des blessés.
Source hospitalière
Bamako continue à vivre normalement, dans son agitation habituelle, même si les Maliens restent en alerte. Dans la rue Princesse, en revanche, condamnée par la police, notre reporter à Bamako, Matthieu Vendrely, décrit une ambiance désolée. Ecoutez-le :
En proie à des rivalités ethniques et à une insurrection islamiste, le Mali tente de retrouver la stabilité et la paix depuis un coup d'Etat en 2012. Pendant plus de neuf mois, des jihadistes liés à Al-Qaïda ont contrôlé le nord du territoire, jusqu'à ce qu'une intervention militaire française les chasse en partie de la région - l'opération Serval, lancée à l'initiative de la France en janvier 2013, à laquelle a succédé, en août 2014, l'opération Barkhane, dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne.
Des zones entières du nord du pays échappent encore au contrôle du pouvoir central, mais les attaques jihadistes, qui se multipliaient depuis l'été dernier, notamment contre les quelque 10 000 militaires et policiers de la Minuma, ont diminué d'intensité. Les forces françaises ont constaté récemment "une certaine retenue chez les GAT (groupes armés terroristes, NDLR), ils ne cherchent pas systématiquement à reprendre pied comme nous avions pu l'observer précédemment", déclarait jeudi le porte-parole de l'état-major des armées, le colonel Gilles Jaron.