Fil d'Ariane
Un jeune palestinien marche dans un tunnel lors d'un camp d'été organisé par le Hamas à Gaza City, le 20 juillet 2016.
Longs de près de 500 kilomètres, ces tunnels sont un avantage majeur pour les soldats du Hamas face à l'armée israélienne. Pour Israël, ils représentent un véritable cauchemar. Éclairage
Israël le surnomme « le métro de Gaza ». Yocheved Lifhsthits, otage israélienne libérée le 23 octobre, parle, elle d’une véritable « toile d’araignée ». Quels sont ces tunnels qui sont présentés comme un atout majeur du Hamas dans la guerre au Proche-Orient ?
Situés principalement sous le territoire de la bande de Gaza d’une superficie de 360 kilomètres carrés, les tunnels du Hamas s’étendraient du sud du Liban jusqu’à la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte, tout en atteignant la frontière entre Israël et Gaza à l’Est. Construits en zig-zag et sur plusieurs niveaux, ils mesureraient bout à bout jusqu’à 500 kilomètres et seraient composés de 1300 galeries.
Voir : en 2021, un journaliste de la télévision russe RT visite des tunnels creusés sous Gaza dans un reportage exclusif.
Pour certains creusés jusqu’à 80 mètres sous terre, ces tunnels ne seraient pas que des canaux de communication et de transports d’humains et de marchandises. Ils logeraient aussi des salles, des chambres, et même des bases militaires. Certaines parties bénéficieraient d’électricité. Loin d’être des constructions souterraines sommaires, le réseau serait au contraire très sophistiqué et moderne.
Les tunnels ont été construits à l’origine pour contourner le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza après la prise de pouvoir du Hamas en 2007. Les Palestiniens ont alors commencé à ouvrir des centaines de galeries sous la frontière avec le Sinaï égyptien pour faire circuler des gens, des biens, mais aussi des armes et des munitions entre Gaza et le monde extérieur.
Des soldats israéliens marchent à travers un tunnel découvert, près de la frontière entre Gaza et Israël, le 13 octobre 2013.
Depuis 2014, les hommes du Hamas peuvent circuler dans ce vaste réseau de tunnels. Ils peuvent y préparer des offensives, trouver un refuge en cas d’attaque, entreposer leur stock d’armes, acheminer des produits de contrebande ou abriter des centres opérationnels.
Des batteries de lance-roquettes cachées à quelques mètres de profondeur peuvent même en sortir grâce à un système de trappe pour tirer rapidement et se cacher à nouveau.
Aujourd’hui, ils constituent un réel avantage stratégique sachant qu’Israël contrôle les accès aérien et maritime à Gaza, de même que la majorité des 72 kilomètres de frontières terrestres du territoire - l’Egypte contrôle 13 kilomètres frontaliers au sud.
Face à la nette supériorité d’Israël en termes d’équipements militaires et de puissance aérienne, le Hamas considère les tunnels comme un moyen de rééquilibrer le rapport de force, en contraignant les soldats israéliens à se déplacer dans des espaces souterrains exigus que les combattants du groupe palestinien connaissent bien.
Le démantèlement du réseau de tunnels creusés dans la bande de Gaza par le Hamas constitue l'un des plus grands défis qui attendent l'armée israélienne qui veut priver le mouvement palestinien de toutes ses « capacités d’action ».
La complexité de ces tunnels est connue des soldats du Hamas, contrairement aux soldats israéliens, certaines parties étant piégées d’engins explosifs improvisés. Si Israël a investi massivement dans des dispositifs de détection de tunnels - dont une barrière souterraine équipée de capteurs dénommée le “Mur de Fer” -, le Hamas disposerait de nombreux tunnels opérationnels aujourd’hui. La composition des sols, calcaires notamment et leur profondeur, les rendent malgré tout très difficilement détectables par les différentes technologies.
Certaines de leurs entrées se cacheraient même dans des immeubles ou des bâtiments publics, rendant leur destruction d'autant plus compliquée pour l'armée israélienne.
Voir : Vidéo de l'armée israélienne selon laquelle le siège du Hamas se trouverait dans des tunnels construits sous l'hôpital de Shifa, dans la bande de Gaza.
Les Etats-Unis s’attendent à ce que les forces spéciales israéliennes se retrouvent face à un défi sans précédent, sachant que de nombreux otages israéliens se trouvent dans ces tunnels.
Et si les bombardements aériens menés par l’armée israélienne ont été massifs depuis l’attaque du Hamas, ceux-ci auraient échoué à réellement endommager l’infrastructure souterraine du Hamas, selon des sources sécuritaires israéliennes.