Fil d'Ariane
Entretien. Plus de 11.000 personnes tuées depuis le 7 octobre dans la Bande de Gaza. Bilan fourni ce vendredi par les services de santé palestinien. Après un mois de représailles à l'attaque du Hamas, Israël rejette toujours toute perspective de cessez-le-feu. Positions soutenue par les États-Unis comme le confirme Nathan Tek, porte-parole adjoint de la diplomatie américaine.
Des centaines de Palestiniens ont encore tenté de fuir le nord de la Bande de Gaza, espérant se réfugier au sud, ce vendredi 10 novembre 2023.
TV5MONDE : Lors d'une conférence sur la situation humanitaire à Gaza, le président français a appelé Israël à protéger les civils, affirmant que toutes les vies ont la même valeur et que la lutte contre les terroristes ne peut jamais être menée sans règles. Qu’en pensent les États-Unis ?
Nathan Tek, porte-parole du Département d'État Américain : Nous sommes d’accord avec l’affirmation selon laquelle toutes les vies ont la même valeur et que chaque perte de vie civile, qu’elle soit israélienne ou palestinienne, est une tragédie absolue. Nous pleurons avec les familles. Nous pleurons avec les peuples de ces deux sociétés. Et nous voulons bien sûr veiller à ce que chaque mesure soit prise pour que les vies civiles soient protégées. Mais le problème fondamental est que le 7 octobre, le Hamas a pris des mesures pour intensifier ce conflit et entraîner deux millions de civils palestiniens à Gaza dans les tirs croisés d’un combat auquel ils n’ont pas demandé à se joindre. C’est pourquoi les États-Unis travaillent, bien entendu, avec diligence avec leurs partenaires en Israël afin de garantir que cette campagne militaire soit stoppée et qu’elle soit entreprise d’une manière qui protège la vie civile.
Les États-Unis ont annoncé jeudi que l'armée israélienne allait autoriser certaines pauses humanitaires, quatre heures par jour, pour que les civils puissent s'échapper en sécurité.
Les Israéliens ont également fait cette annonce que nous saluons bien entendu. Nous la considérons, bien sûr, comme le résultat d’un certain nombre de conversations qui ont lieu entre les États-Unis et Israël. Le président Biden a passé plusieurs appels à son homologue israélien. Idem pour le secrétaire Blinken, qui vient de terminer un voyage dans la région. Nous voulons donc que ces pauses permettent aux civils de se mettre en sécurité à l’intérieur de Gaza et que ces pauses permettent que l’aide humanitaire puisse atteindre les millions de Gazaouis qui en ont si désespérément besoin.
Des soldats israéliens sont vus lors d'une opération terrestre dans la bande de Gaza, le mercredi 8 novembre 2023.
TV5MONDE : Plusieurs organisations non-gouvernementales ont déploré jeudi qu’il n’y ait aucune perspective de cessez-le-feu.
Nous ne pensons pas qu'un cessez-le-feu soit la mesure appropriée à prendre en ce moment. Le fait est qu’un cessez-le-feu signifie simplement qu’Israël cessera de tirer, mais bien entendu, le Hamas continuera de lancer ses attaques contre les civils israéliens. Et en fait, le Hamas a clairement indiqué qu’il continuerait à tenter de répéter les attaques du 7 octobre, encore et encore. En fin de compte, un cessez-le-feu n’est donc pas ce qu’il faut ici. Ce qu'il faut ici, c'est que les États-Unis aident Israël à faire tout ce qu'ils peuvent pour vaincre et détruire le Hamas, qui est une organisation terroriste qui a déclenché ce malheureux conflit, et c'est en fin de compte la voie la plus durable pour garantir que les Palestiniens et les Israéliens puissent revenir à une situation un peu plus apaisée et stable à moyen et long terme. Comme nous l’avons dit clairement, nous ne pouvons pas nous permettre une situation dans laquelle Gaza puisse être utilisée comme plateforme pour lancer à nouveau des attaques terroristes contre Israël. Et en même temps, nous ne pouvons pas nous retrouver dans un scénario dans lequel Israël occuperait Gaza. Mais cela nécessitera une sorte d’engagement diplomatique à long terme entre toutes les parties intéressées.
TV5MONDE : L’urgence aujourd’hui, c’est la situation humanitaire à Gaza bien entendu, mais aussi dans les régions israéliennes frontalières de Gaza ou du Liban...
Il ne fait aucun doute que les civils israéliens et palestiniens se trouvent dans une situation très difficile. Il n'y a aucun doute là-dessus. Vous avez raison de le rappeler, des civils israéliens ont en fait été contraints de quitter leurs foyers. Et c'est une tragédie absolue. Et, bien sûr, nous sommes convaincus que le gouvernement israélien fait le nécessaire pour assurer leur sécurité. Mais en ce qui concerne les civils palestiniens à Gaza, vous le savez, nos efforts sont constants et continus depuis des semaines pour garantir que l'aide humanitaire puisse entrer à Gaza par le passage de Rafah. Nous avons vu environ 700 camions entrer jusqu’à présent. Mais bien sûr, nous savons que cela ne suffit pas. Nous pensons que cela nécessite un effort international coordonné et concerté et nous sommes déterminés à le faire. C'est pour nous une priorité absolue.
Un jeune Palestinien soutient une petite fille après des frappes israéliennes à Deir al Balah, bande de Gaza, le 7 novembre 2023.
Lors de la conférence sur l'aide à Gaza à Paris ce jeudi 9 novembre, le ministre italien Antonio Tajani a déclaré à la presse que l'ONU avait un rôle à jouer et a évoqué une solution avec deux Etats, l'un palestinien, l'autre israélien, tout en reconnaissant qu’il n’était pas certain que cette solution soit acceptée par tous. Qu’en pensez-vous ?
Ces détails sur les scénarios de ce qui se passera après le conflit devront être élaborés. Je ne souhaite pas prendre de l'avance sur ces processus diplomatiques, mais il ne fait aucun doute que nous sommes d'accord sur le fait qu'une solution à deux États est la voie la plus durable pour une paix à long terme entre les Palestiniens et les Israéliens. Une solution à deux États est ce qui garantira qu'Israël puisse rester un État juif, démocratique et sûr et, en même temps, une solution à deux États est ce qui est absolument nécessaire pour que les Palestiniens puissent réaliser leurs aspirations à l'autodétermination et obtenir l'État qu'ils ont choisi.