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La Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina était en passe de remporter une large victoire aux élections législatives de dimanche, d'après des résultats partiels donnés par une chaîne de télévision.
Sa formation a obtenu 151 des 300 sièges du Parlement contre aucun à l'opposition, a annoncé Channel 24, qui compile les résultats de ce scrutin sur l'ensemble du territoire.
151 sièges, c'est le nombre que sa coalition devait avoir lors du scrutin majoritaire uninominal pour dominer le Parlement composé de 300 sièges.
A la tête du gouvernement depuis dix ans, Sheikh Hasina, âgée de 71 ans, obtiendrait ainsi son quatrième mandat.
L'opposition a rejeté ces résultats partiels et exigé l'organisation d'un nouveau scrutin. "Nous appelons la commission électorale à immédiatement annuler ces résultats", a déclaré devant la presse le dirigeant de l'opposition Kamal Hossain. "Nous exigeons que de nouvelles élections soient organisées dès que possible par un gouvernement neutre", a-t-il ajouté.
Quatorze personnes ont ainsi péri dans des affrontements entre partisans de la Ligue Awami, au pouvoir, et du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), la principale formation de l'opposition, selon un dernier bilan de la police.
La campagne avait déjà été plombée par des violences et des accusations de répression à l'encontre de milliers de militants de l'opposition.
La dirigeante de 71 ans, au pouvoir depuis 10 ans, reste très populaire auprès d'une partie de ses concitoyens en raison d'une période de forte croissance économique, pour avoir débarrassé le Bangladesh de son image de nation miséreuse et frappée de toutes les calamités du monde et pour avoir accueilli sur son sol les centaines de milliers de Rohingyas fuyant la Birmanie.
Mais ses détracteurs la décrivent comme une autocrate en germe qui a emprisonné sa rivale emblématique Khaleda Zia et réprimé la dissidence au travers des arrestations en masse de militants d'opposition, des disparitions forcées et des lois draconiennes qui musèlent la presse.
La campagne a été marquée par des affrontements entre les sympathisants de la Ligue Awami et ceux du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principal parti de l'opposition emmenée par Mme Zia.
Le gouvernement avait annoncé avoir déployé 600.000 membres de la police, de l'armée et d'autres forces de sécurité pour prévenir des violences dimanche, lors du onzième scrutin législatif depuis l'indépendance du Bangladesh en 1971.
Le régulateur des télécoms a ordonné aux opérateurs mobiles bangladais de couper la 3G et la 4G jusqu'à dimanche soir minuit, afin "d'éviter que des rumeurs ne se répandent", a indiqué un porte-parole.
Les 104 millions d'électeurs du pays devaient choisir entre une coalition menée par Sheikh Hasina et celle constituée il y a seulement trois mois par Mme Zia, actuellement emprisonnée dans le cadre d'une affaire de corruption.
Le BNP, qui avait boycotté le précédent scrutin en 2014, accuse les membres de la Ligue Awami d'avoir agressé ses militants afin de décourager les électeurs. La Ligue Awami rejette cette accusation.
Le parti de Khaleda Zia, opposante et ennemi jurée de Mme Hasina, a également accusé la commission électorale de partialité, ce qu'elle a nié. Le parti fait état de 15.000 militants emprisonnés depuis le 8 novembre.
Human Rights Watch et plusieurs autres organisations internationales de défense des droits de l'Homme ont dénoncé samedi, dans un communiqué commun, des mesures répressives qui ont créé un climat de peur pouvant dissuader les sympathisants de l'opposition de se rendre aux urnes.
"Nous faisons de notre mieux pour avoir une élection libre et équitable", a déclaré à l'AFP un responsable de la commission électorale, Rafiqul Islam, répondant aux inquiétudes de l'ONU et des États-Unis qui s'interrogent également sur la crédibilité du processus électoral.
D'après l'opposition, 17 candidats auraient été arrêtés sur des accusations montées de toutes pièces et 17 autres autres opposants empêchés de participer au scrutin par des tribunaux contrôlés par Sheikh Hasina.
"Ce n'est pas une élection libre et équitable. C'est plutôt une sélection contrôlée", a déclaré un diplomate occidental sous couvert d'anonymat.