Y a-t-il déjà eu cette revendication d'obtenir un salaire minimum par le passé, ou bien est-ce nouveau ?
C'est une revendication qui est quand même assez ancienne. Simplement, il n'y avait pas eu jusqu'à présent l'organisation, ou la mobilisation, nécessaires pour faire passer ces demandes. Il y avait par ailleurs une espèce de fronde de la part des propriétaires d'usines textiles et des grands patrons, de la grande fédération des producteurs textiles pour limiter absolument le coût du travail.
Et puis, il y avait une alliance de fait avec le gouvernement, qui préférait évidemment limiter ces coûts du travail et donc attirer les investissements étrangers, les entreprises étrangères pour qu'elles s'implantent au Bangladesh.
Ce salaire minimum va-t-il pour autant régler les problèmes liés aux conditions de travail des ouvriers ?
C'est une avancée. Mais on parle de 5 300 taka par mois, dont on reste tout de même dans une classe de sous-prolétariat. Dans une ville comme Dacca, dans les environnements urbains que connaît le Bangladesh et donc avec le coût de la vie, il faut un minimum de 300 taka par jour, soit 9 000 ou 10 000 par mois pour faire vivre une famille. Donc là, on est à la moitié.
Avoir fixé une norme est tout de même une avancée assez spectaculaire. Maintenant, le problème fondamental de la force de travail dans le secteur textile est la précarité des conditions de travail et la sécurité des travailleurs. Et pour l'instant, peu de choses ont été faites pour cela.