
Fil d'Ariane
Les manifestations d'étudiants qui ont conduit à des affrontements avec les autorités ayant fait au moins 155 morts au Bangladesh ont commencé début juillet. En quelques semaines, ces manifestations sont devenues les pires violences qu'à connue le Pakistant depuis le début du mandat de la Première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 15 ans.
La police tire des grenades lacrymogènes pour disperser des étudiants qui protestent contre le système de quotas dans la fonction publique, à Dhaka, au Bangladesh, le 19 juillet 2024.
Des étudiants se mettent à bloquer quotidiennement routes, autoroutes et lignes ferroviaires, perturbant le fonctionnement des transports. Ils protestent contre les quotas imposés pour le recrutement dans la fonction publique, un secteur très prisé. Ils accusent ce système de favoriser les proches du pouvoir, au détriment de candidats plus méritants, sans emploi.
La cheffe du gouvernement Sheikh Hasina déclare le 7 juillet que les étudiants "perdent leur temps" et qu'il n'y a "aucune justification" à exiger une réforme du système.
Le Premier ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, montre son bulletin de vote alors qu'elle vote à Dhaka, Bangladesh, dimanche 7 janvier 2024.
La police commence alors à contrer les manifestations. Elle tire des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène à Comilla, une ville de l'est du pays, pour disperser 150 personnes qui tentaient d'arrêter la circulation sur une importante autoroute.
Mais elle ne parvient pas à maîtriser des milliers de jeunes manifestants à Dacca, la capitale : la foule monte sur un véhicule de police et démantèle une barricade des forces de l'ordre.
Plus de 400 personnes sont blessées dans des heurts entre des manifestants et des membres de la branche étudiante du parti au pouvoir, la Ligue Awami, sur le campus de l'Université de Dacca, l'établissement d'enseignement supérieur le plus prestigieux du Bangladesh.
Des étudiants des deux bords s'y sont affrontés pendant des heures en se lançant des briques et en se frappant avec des tiges de bambou.
Des étudiants s'affrontent au sujet du système de quotas à l'université Jahangir Nagar à Savar, près de Dhaka, au Bangladesh, le 15 juillet 2024.
Six personnes sont tuées dans des affrontements dans trois villes après que les événements de la veille ont accru les tensions. Le gouvernement ordonne la fermeture de tous les établissements scolaires et universitaires.
Les forces paramilitaires des gardes-frontières du Bangladesh (BGB) sont déployées dans cinq grandes cités.
Des étudiants de l'université de Dacca passent la soirée à ratisser les dortoirs de l'université pour en exclure leurs camarades favorables aux autorités.
Environ 500 manifestants organisent à l'université de Dacca les funérailles des six personnes mortes la veille. Ils portent six cercueils drapés du drapeau national rouge et vert.
La cérémonie est très rapidement interrompue par la police anti-émeute.
À bas la dictatrice ! Slogan scandé par les étudiants bangladais lors des manifestations déclenchés par la réforme des quotas
Mme Hasina prononce un discours sur la chaîne nationale de télévision publique Bangladesh Television (BTV). Elle appelle au calme et jure que chaque "meurtre" commis pendant les troubles sera puni, quel qu'en soit le responsable. Un septième manifestant aurait été tué quelques heures après son discours.
Les étudiants retournent dans la rue pour scander "À bas la dictatrice !".
Au moins 32 personnes sont tuées et des centaines d'autres blessées au cours de heurts tout au long de la journée.
(Re)voir → Bangladesh : le pays s'enfonce dans le chaos
Dans la capitale, des manifestants incendient le siège de BTV, des dizaines de postes de police et d'autres bâtiments gouvernementaux.
La chaîne privée Independent Television fait état d'affrontements dans au moins 26 des 64 districts du Bangladesh. Une coupure quasi-totale d'internet est imposée par les autorités.
Les rassemblements publics à Dacca sont interdits pour "assurer la sécurité publique" mais les violences s'intensifient.
Des milliers de personnes prennent d'assaut une prison dans le district central de Narsingdi, libérant plus de 800 détenus avant de mettre le feu à une partie de l'établissement.
(Re)voir → Manifestations au Bangladesh : le couvre-feu instauré et l'armée déployée
Tard dans la nuit, le gouvernement annonce un couvre-feu 24 heures sur 24 et le déploiement de l'armée pour maintenir l'ordre dans les villes.
Les artères de la capitale sont presque désertes à l'aube tandis que les soldats patrouillent, à pied et à bord de véhicules blindés de transport de troupes, dans cette mégalopole de 20 millions d'habitants.
Des milliers de personnes défient ensuite le couvre-feu pour retourner dans les rues du quartier de Rampura. La police tire à balles réelles sur la foule et fait au moins un blessé. L'armée est largement présente dans les zones urbaines. Le bilan actuel est de 155 morts, dont plusieurs policiers.
La police tire des grenades lacrymogènes pour disperser des étudiants qui protestent contre le système de quotas dans la fonction publique, à Dhaka, au Bangladesh, le 19 juillet 2024.
La Première ministre renonce à quitter le Bangladesh le 21 juillet pour une tournée diplomatique qui était prévue en Espagne et au Brésil.
La Cour suprême du Bangladesh revoit à la baisse le système de quotas pour le recrutement dans la fonction publique. Elle ne l'abolit donc pas.
La Cour demande aux étudiants de "retourner en cours". Nahid Islam, le dirigeant de Students Against Discrimination, le principal mouvement étudiant organisateur des manifestations, a lancé lundi un appel à suspendre le mouvement pour 48 heures.
En contrepartie il demande au gouvernement "de lever le couvre-feu pendant cette période, de rétablir l'accès à l'internet et de cesser de s'en prendre aux manifestants étudiants".
(Re)voir → Bangladesh : la Cour suprême atténue les quotas
Mlagré cet appel à une pause dans les manifestations, le mouvement étudiant bangladais semble n'avoir rien perdu de sa détermination. Après le durcissement de la répression policière, c'est désormais la fin du mandat de Mme Hasina que réclament des dizaines de milliers de jeunes Bangladais.