Fil d'Ariane
Pour les dissidents du Vietnam, dont beaucoup sont également de fervents critiques de la Chine, cette proximité est complexe à gérer.
Hanoi se rapproche de cet allié démocratique puissant admiré par un grand nombre de Vietnamiens, notamment les plus jeunes. Et les dissidents craignent que cela se fasse au détriment de leur combat pour la démocratie, jusqu'ici soutenu par Washington.
Le concert de Mai Khoi, celle qui est surnommée la Lady Gaga du Vietnam pour ses tenues excentriques et son franc-parler, s'est tenu dans une petite maison et était seulement ouvert sur invitation. Il y a deux semaines, les autorités ont interdit l'un de ses concerts. Elle est dans le collimateur du régime depuis sa tentative de candidature pour les législatives. En tout, près de 100 candidats indépendants avaient déposé, en vain, un dossier de candidature. Elle espère qu'Obama "utilisera sa dernière chance pour pousser le gouvernement" à concrétiser leurs engagements, avant d'insister sur l'immense contrôle des autorités dans le pays. Elle rappelle ainsi qu'elle est tenue de demander une permission avant de chanter et de faire valider les paroles des chansons. "Je chante avec mon coeur, alors pourquoi dois-je demander une autorisation?"
Dans un clip mis en ligne sur internet, la chanteuse interpelle directement le président Obama. "Je suis une chanteuse, compositrice et une candidate indépendante pour l'Assemblée nationale vietnamienne (...) J'ai invité le Président Obama à venir me rencontrer, moi ainsi que d'autres candidats disqualifés pour les législatives, lors de sa visite au Vietnam. Nous sommes discriminés et nous avons été exclus des élections.", explique-t-elle en anglais.
Quelques heures avant l'arrivée d'Obama, des haut-parleurs dans les rues d'Hanoï incitaient les gens à aller exercer leur "droit de vote" pour les législatives de dimanche. Plusieurs militants qui avaient appelé au boycott du scrutin dénoncent les actions des autorités pour les faire taire.
"Les autorités ont assigné à résidence des militants et autorisé des personnes et policiers en civil à s'en prendre brutalement à des citoyens", a expliqué Huynh Ngoc Chenh, bloggeur qui n'a pas le droit de quitter sa maison d'Ho Chi-Minh-Ville (sud) pour les dix jours à venir. Pour Pham Doan Trang, également blogueuse, la relation entre les deux pays est trop "unilatérale". "Il me semble que le gouvernement américain a beaucoup donné aux Vietnamiens ces dernières années mais le gouvernement vietnamien a peu fait en retour", dit-elle.Obama lifts decades-old arms ban in his 1st visit to Vietnam. https://t.co/PYScIQ7Qzj pic.twitter.com/PxANJ2hycb
— WDRB News (@WDRBNews) 23 mai 2016