Bases militaires, raffineries de pétrole, laboratoires... Quels sont les objectifs de guerre d'Israël en Iran?

Au sixième jour de l'escalade militaire entre Israël et l'Iran, l'armée israélienne a bombardé deux bâtiments de production de centrifugeuses près de Téhéran, rapporte l'Agence internationale d'énergie nucléaire (AIEA). Les forces israéliennes visent notamment les sites d'enrichissement d'uranium, des bases militaires et les systèmes de défense antimissiles. Le guide suprême Ali Khamenei lui, promet de "riposter avec force". 

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Cette image satellite fournie par Maxar Technologies montre les dégâts causés par les frappes aériennes israéliennes qui ont détruit les bâtiments d'une base de missiles iranienne près de Tabriz, en Iran, le mardi 17 juin 2025. 

© Maxar Technologies via AP
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Les échanges de tirs entre Tsahal et Téhéran se poursuivent. Depuis le lancement de l'opération israélienne Rising Lion, dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin, au moins deux dirigeants des Gardiens de la révolution ont été tués et plusieurs sites nucléaires et balistiques ont été visés par l'armée israélienne. Du côté iranien, les autorités poursuivent leur riposte et affirment avoir visé des "cibles stratégiques", dont un centre du Mossad. 

"Une guerre en distanciel, avec des moyens assez limités" qui, selon l'ancien officier français Guillaume Ancel, serait "limitée par la distance considérable" qui sépare les deux pays (plus de 1700 kilomètres). "On nous montre beaucoup d'images, mais la capacité d’Israël à frapper et à détruire est limitée. Du côté israélien, cette guerre est prévue pour durer plusieurs semaines, c'est comme cela qu'elle a été planifiée", a-t-il affirmé le 17 juin sur le plateau de TV5MONDE.  

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À ce jour, 224 personnes ont été tuées en Iran, selon le dernier bilan du ministère de la Santé, et 24 en Israël, d'après le gouvernement. Mercredi avant l'aube, "plus de 50 avions" de combat ont bombardé "une installation de production de centrifugeuses à Téhéran" et "plusieurs sites de fabrication d'armes dont des installations de production de matières premières et de composants utilisés pour assembler des missiles sol-sol", a indiqué l'armée israélienne. TV5MONDE fait le point sur les objectifs atteints et ceux qui sont encore visés par Tsahal. 

  • Les sites touchés par les frappes israéliennes 

Frappes en Iran

Cette carte montre les frappes israéliennes confirmées sur le territoire iranien. 

© TV5MONDE

L'opération israélienne compte plus de cent cibles sur le territoire iranien. Elles sont liées pour la plupart au programme nucléaire iranien. Natanz, site pilote d'enrichissement d'uranium du pays, a été "détruit" dans sa partie en surface, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), citant des informations des autorités iraniennes.

L'instance onusienne a également fait état de nouveaux éléments montrant des "impacts directs" sur les salles souterraines, qui contiennent des milliers de centrifugeuses, ces machines utilisées pour enrichir la matière nucléaire à des niveaux proches du seuil militaire.

"D'après ce que l'on sait, Israël a touché des installations de recherche, de centrifugeuses et autres cibles militaires" affirme auprès de TV5MONDE le journaliste Alain Gresh, directeur du journal Orient XXI. Le journal américain The New York Times rapporte que de “nombreux immeubles d’habitation ont également été frappés, dans ce qui semble être des assassinats ciblés”. Une pratique courante du Mossad selon Alain Gresh : "Le Mossad vise régulièrement des responsables et des scientifiques de ce programme".

Les forces israéliennes se sont aussi attaquées aux systèmes anti-aériens iraniens pour ainsi "dégager le terrain et avoir une occupation de l'espace aérien", note Guillaume Ancel. À ce jour, elles peuvent se déplacer librement en moyenne altitude à l'ouest du pays. L'aéroport de Tabriz et une cible militaire à Kermanshah ont aussi été atteints. 

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  • Les sites iraniens encore visés 

Contrairement au site de Natanz, les installations de Fordo, le site nucléaire le mieux protégé en Iran, restent intactes. Enfoui à flanc de montagne et protégé par une couche de roche et de béton à environ 90 mètres, il dispose d'un véritable bouclier naturel. Il est donc hors de la portée des armes conventionnelles. Pour atteindre ce site, les forces armées israéliennes ont impérativement besoin de la participation de Washington et, en particulier, de leur bombe GBU-57. 

"Les bombes pénétrantes pourraient détruire l'entrée et les conduits d'aération, mais seule l'armée de l'air américaine dispose d'une arme capable de percer l'installation principale depuis les airs", explique Justin Bronk auprès du quotidien français Le Monde

"Ils vont essayer d'aller le plus loin possible tout en sachant que, paradoxalement, les bombardements ne permettent pas de détruire intégralement un programme de ce type. Ils peuvent le ralentir, ils peuvent le diminuer de manière assez importante [...]. Le vrai objectif d'Israël est de mettre à bas le régime des mollahs" résume Guillaume Ancel. "Mais les iraniens se sont préparés à ces frappes depuis des années et ont volontairement dispersé leurs installations dans des sites complètement différents", ajoute l'ancien officier français.  

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  • Autres installations visées 

D'autres cibles militaires ont été frappées par Tsahal, ce qui a probablement réduit les forces aériennes de Téhéran : "Cette dégradation se reflète dans la diminution du volume des tirs de missiles iraniens en direction d'Israël", précise l'Institute for the study of war. 

Au-delà des installations nucléaires et militaires, Israël cible aussi les sites du régime liés à la surveillance intérieure et à la répression, selon l'Institute for the study of war. Ces frappes "pourraient réduire la capacité du régime à contrôler la population et, par conséquent, à la déstabiliser" analysent les auteurs d'une note publiée le 17 juin.

Guillaume Ancel note toutefois qu'il est important d'observer ce que l'armée israélienne ne vise pas : les centrales nucléaires. "Aujourd'hui elles se concentrent sur des sites industriels qui permettent d'enrichir l'uranium ou de travailler sur la miniaturisation de la bombe", précise-t-il. Quant aux risques d'enclencher un conflit nucléaire planétaire, il se montre rassurant et affirme que ce scénario est "peu probable".