Adolescent, Talino est embrigadé par son frère aîné Anouar dans des groupes armés en Afrique sub-saharienne. Violence, drogue et sorcellerie vont le conditionner pour tuer. Il agit pour le compte de divers groupes rebelles ou de forces gouvernementales dans ce qui ressemble à la Libye de Khadafi. Pris en charge par l'ONU et une ONG, son frère revient le chercher pour réintégrer les forces armées. Retour à la violence. Puis les années passent, sa rancœur croît et il parvient jusqu'à Marseille en France. Talino a soif de vengeance… contre son frère.
Une histoire sombre qui flirte avec le thriller et le drame familial est servie par le dessin dynamique et puissant de Christophe Alliel, qui retranscrit la violence de cette vie d’enfants soldats, de victimes devenues criminels. Des dessins nourris par des souvenirs : « Christophe Alliel avait été très choqué dans les années 1990 par les images de violence au Rwanda », nous confie
Clément Baloup, scénariste de l’album et lui-même auteur-dessinateur de bandes dessinées. Il partage le même atelier marseillais que
Christophe Alliel. Les magnifiques planches sur le départ de Talino pour la France sont très évocatrices. Des dessins et un récit imprégnés de l’environnement du duo à l’origine de l’album. « Le fait d’être à Marseille, la porte de l’Afrique en France, raconte Clément Baloup, le fait d’être au contact d’Africains qui viennent en France, d’expatriés français qui reviennent de missions africaines et que j’ai pu croiser à Marseille, nous a mis dans une ambiance. »
Outre la recherche documentaire et la rencontre de spécialistes des guerres africaines et des Printemps arabes, le scénariste a aussi discuté avec des homologues africains : « Je me suis rendu à Alger à un festival de bande dessinée où j’ai rencontré des auteurs de toute l’Afrique. Ils me racontaient leur situation dans leurs pays. Tout cela m’a apporté plein de petits éléments que j’ai pu remettre dans "Le Ventre de la hyène" et qui donnent une crédibilité, presque un vécu, au récit. Mais l’histoire reste une fiction », rappelle Clément Baloup.
Pour le scénariste et le dessinateur, cet album représente un tournant narratif dans leur carrière. Clément Baloup, joint par téléphone, commente pour nous quelques planches.