Les Polonais renoncent à fêter le 1er mai
Le premier mai, c’est traditionnellement la fête du travail. Néanmoins, cette année, pour la première fois dans l’histoire de la Pologne depuis la Seconde Guerre mondiale, cette fête n’est pas organisée. La plupart des Polonais participeront à la célébration de la béatification du Pape, Jean-Paul II. Plus de cinquante mille d'entre eux, dont le président de la Pologne, Bronislaw Komorowski, et les présidents de l’Assemblée et du Sénat, suivront sur place la messe célébrée par Benoît XVI à Rome. Cette messe sera retransmise sur des écrans immenses, sur l’une des places centrales de Varsovie. Ensuite, un pèlerinage se rendra à un nouveau temple à côte de la capitale. Des fêtes identiques seront célébrées dans toutes les villes de Pologne, particulièrement à Vadovice, la ville natale de Karol Wojtyla, où ira le Premier ministre, Donald Tusk. L'UN DES INSTIGATEURS DE LA CHUTE DU COMMUNISME Jean-Paul II était un homme d’une envergure exceptionnelle pour tous les Polonais, et cela indépendamment de leur croyance. Les enquêtes sociologiques montrent qu’il était l’autorité pour ceux qui ont suivi son pontificat mais aussi pour les jeunes qui ne l’ont pas vraiment connu. Le Pape a accompagné, voire suscité la chute du communisme. L’élection d’un pape polonais en 1978 a rappelé au monde que les Polonais existaient en tant que nation, même enfermés derrière le rideau du fer. Cette élection a également montré que la foi, la religion avaient résisté à l’idéologie communiste qui avait proclamé que « la religion, c’était l’opium du peuple ». Pour la première fois depuis 455 ans, le conclave de Rome avait choisi un pape non italien. Et les Polonais se sont sentis très fiers de son élection comme représentant de l'Eglise polonaise. Lors sa première visite en tant que pape en Pologne en 1979, Jean-Paul II avait apporté l’espoir que le communisme ne durerait pas éternellement, qu’un jour nous pourrions en voir la fin. La force avec laquelle le Pape a crié à la foule devant lui « Que l’Esprit descende et rénove la Terre, cette Terre » avait permis de penser que le régime finirait ces jours sans violence, sans haine. PHILOSOPHE, POÈTE, VOYAGEUR Lech Walesa a souligné à plusieurs reprises que Jean-Paul II avait joué un rôle essentiel dans la naissance du mouvement « Solidarnosc » et de sa bataille pacifique pour la liberté de la Pologne D’ailleurs les Polonais avouent que le Pape était si clément et conciliant, qu’il a voulu changer le monde par sa bonté. Il est le premier qui a visité une synagogue. C’est lui qui, le premier, est allé en Angleterre alors qu'aucun pape n’avait visité l’Église anglicane depuis sa fondation au XVIème siècle. Enfin, c’est Jean-Paul II qui avait organisé la rencontre œcuménique entre les représentants de toutes les religions. Philosophe, poète, voyageur, le personnage est très charismatique. Sa béatification n’a pas d’opposants en Pologne. Pourtant pour certains, elle est apparue trop tôt. Elle provoque des critiques sur la décision de Benoît XVI et sur le pontificat de Jean-Paul II. On nous rappelle qu’il s’est opposé à la contraception, au mariage des prêtres, aux femmes dans l’église. Toutefois, la béatification de Jean-Paul II est pour les Polonais catholiques, les croyants d’autres religions et les athées l’occasion de lui rendre hommage et de le remercier pour la Pologne libre et démocratique.