« Beauté Congo » : le dynamisme de l’art congolais

La création artistique congolaise est au cœur de l’exposition « Beauté Congo – 1926-2015 – Congo Kitoko », présentée du 11 juillet au 15 novembre à la Fondation Cartier. Un voyage haut en couleur dans les rues de Kinshasa.
Image
beauté congo
Cheri Samba

Amour & Pastèque, 1984 Huile sur toile 


©Bojo/TV5MONDE
Partager3 minutes de lecture
L’exposition est truculente. « Beauté Congo – 1926-2015 – Congo Kitoko » est une jolie balade, de Kinshasa à Bukama (localité de la province du Katanga), retraçant près d’un siècle d’art moderne en République démocratique du Congo. Peintures, musiques, sculptures, vidéos et photographies sont autant de supports utilisés par les artistes pour exprimer leur vision colorée et brillante du monde qui les entoure.
 
Jusqu’en novembre, « Beauté Congo » illumine la Fondation Cartier pour l’art contemporain de ses couleurs les plus vives. Le public s’y promène sur des rythmes de rumba, de funk et de jazz congolais au fil d’un parcours thématique. Représenté sous différentes formes, un événement semble avoir marqué les artistes sur plusieurs générations : le mythique combat de boxe entre Mohamed Ali et George Foreman à Kinshasa en 1974.
 

Ali-Foreman, un combat légendaire

 
C’est le cas de Steve Bandoma, 34 ans, et sa série Cassius Clay, le vrai nom de Mohamed Ali. Dans ses peintures, il tente de retranscrire la place qu’occupe ce légendaire combat de boxe dans la mémoire collective congolaise. En 1974, à Kinshasa, Mohamed Ali et George Foreman, donné favori, s’affrontent dans un match organisé sous l’égide de Mobutu Sese Seko, dictateur du Zaïre à l’époque et souhaitant promouvoir son pays. Contre toute attente, Mohamed Ali, remporte le match et rentre définitivement dans la légende de la boxe. 
 
Les photographies d’Oscar Memba Freitas témoignent aussi de l’ambiance qui règne à Kinshsa au moment de l’affrontement Ali-Foreman. Celles de Jean Depapa, elles, sont sur la vie nocturne agitée du Leopoldville (ancien nom de Kinshasa) des années 1950. Ambroise Ngaimoko photographie la jeunesse kinoise, essentiellement les athlètes et les sapeurs (Société des Ambianceurs et des Personnes Elegantes). Un bon en arrière, entre colonisation belge et indépendance. On se croirait presque dans les rues de Kinshasa.
 
Image
Exposition Beauté Congo
Import ID
35963
Photos
beauté congo 3
©Bojo/TV5MONDE
Chéri Chérin

Les Nouveaux Maîtres du Monde, 2008 (détail) Huile sur toile
CCAC- The Pigozzi Collection, Genève


beauté congo 2
©Bojo/TV5MONDE
Exposition "Beauté Congo" à la Fondation Cartier pour l'art contemporain.
beauté congo 4
©Bojo/TV5MONDE
Chéri Samba

Oui, il faut réfléchir, 2014 Acrylique et paillettes sur toile Collection de l'artiste 


beauté congo 5
©Bojo/TV5MONDE
Mode Muntu

Kalala Ilunga, le fondateur du royaume Luba, 1974 Peinture au latex sur toile
Collection privée 


beauté congo 6
©Bojo/TV5MONDE
Pathy Tshindele

Sans titre, série It's My Kings, 2012 Acrylique sur toile
Collection de l'artiste 


beauté congo 7
©Bojo/TV5MONDE
Sammy Baloji

Groupe d'hommes Warus sur fond d'aquerelle de Dardenne, Série Congo Far West: Retracing Charles Lemaire's expedition, 2011 


beauté congo 8
©Bojo/TV5MONDE
JP Mika de Kinshasa devant son œuvre Kiese na Kiese 
beauté congo 9
©Bojo/TV5MONDE
Moké

Skoll Primus, 1991
Acrylique sur Toile
CCAC - The Pigozzi Collection, Genève


beauté congo 12
©Bojo/TV5MONDE
Chéri Samba devant son œuvre, Little Kadogo, I am for Peace, That is why I like Weapons 

Modernité et tradition 

 
La scène culturelle congolaise regorge de richesses et d’originalité, comme le traduisent les super maquettes de Bodys Isek Kingelez. Avec sa Ville Fantôme, il casse les codes de la sculpture en proposant une vision utopiste et futuriste de la ville. Avec ses couleurs chatoyantes, l’oeuvre est monumentale et suscite à la fois admiration et méfiance. Aimerait-on que cette ville existe ou qu’elle reste dans notre imagination ?
 
Les peintres populaires, tels que Chéri Samba, Chéri Chérin ou Moke, s’inspirent le la vie quotidienne et traitent dans leurs toiles des questions, politiques, sociales ou relatives aux actualités du monde. JP Mika, de la nouvelle génération, aiment peindre des Obama et Mandela aux couleurs de la vie locale kinoise.
 
Les aquarelles d’Albert et Antoinette Lubaki et de Djilatendo, précurseurs de l’art contemporain congolais en mêlant tradition africaine, témoignent de la folle énergie créatrice du pays dès les années 1920, en pleine période de colonisation belge. 
 
« Beauté Congo – 1926-2015 – Congo Kitoko » est donc une exposition pleine de belles surprises. Elle fait ainsi honneur à une scène artistique congolaise souvent insoupçonnée mais pleine de vivacité.

Beauté Congo – 1926-2015 – Congo Kitoko

Du 11 juillet au 15 novembre 2015
Fondation Cartier pour l'art contemporain