Une « souffrance psychique insupportable », affirme Frank Van Den Bleeken. C’est pour cette raison que ce prisonnier incarcéré depuis 30 ans pour avoir commis plusieurs viols et un meurtre, a obtenu l'autorisation de la justice belge d'être euthanasié. Selon son avocat, cela fait quatre ans "qu'il ne peut plus vivre comme ça et qu'il ne peut plus accepter la douleur". L'interne avait lui-même confié à la télévision flamande VRT : "Je suis un être humain et quoi que j'aie fait, je reste un être humain. Donc oui, donnez-moi l'euthanasie".
Frank Van Den Bleeken avait demandé à la ministre de la Justice à être soigné dans un centre spécialisé aux Pays-Bas, ou à défaut, d’être euthanasié. La justice belge a estimé il y a quelques mois que la ministre n’avait légalement pas le droit d’autoriser son transfert vers cette institution néerlandaise sans équivalent en Belgique.
Ethique
Le cas de ce détenu fait polémique en Belgique et soulève de nombreuses questions, notamment éthiques. Pour le docteur belge Corinne Van Oost, auteur du livre Médecin et catholique, pourquoi je pratique l’euthanasie, ce cas « ne respecte pas l’état d’esprit de la loi de 2002 (elle autorise l'euthanasie sous certaines conditions, ndlr) ». En effet, selon elle, il y a de fortes chances pour que le médecin qui l’euthanasie ne soit pas celui qui le suit depuis des années et encore moins psychiatre. Pourtant, d’après son interprétation de la loi, « j'aide un patient que je connais avec qui j'ai une relation thérapeutique. Je ne pourrais pas euthanasier une patient que je ne connais pas ».
Carine Brochier de l'Institut européen de bioéthique à Bruxelles, interrogée par La Croix, voit dans cette décision l'instauration « d'un régime de peine de mort inversée, où l'on exécute des prisonniers, tout en se rassurant que c'est eux qui demandent la peine de mort ». Une idée également partagée par Bernard Devalois, chef de l'unité de soins palliatifs au Centre hospitalier de Pontoise. « Ce qui est très inquiétant, c'est la dérive. C'est le retour à l'injection létale en tant que peine de mort », assure-t-il.