La Belgique est complètement paralysée par une grève nationale, contre les mesures d'austérité. Officiellement, le mouvement a débuté dimanche soir à 22h, pour une durée de 24 heures. Ainsi, l'espace aérien est fermé, tous les vols à Brussels Airport sont annulés. Les trains sur le réseau SNCB sont également à l'arrêt. Les transports en commun, à la Stib et aux TEC sont aussi fortement perturbés, seuls quelques bus roulent. La plupart des écoles, les administrations et tribunaux sont eux aussi en grève. Les hôpitaux sont perturbés, sauf les urgences. La plupart des services (comme la Poste ou le ramassage des ordures) sont également impactés. Et de nombreux zonings industriels sont bloqués par des barrages.
La grogne majeure Dès le lancement de son plan d'action, le 15 octobre, le front commun syndical avait avancé 4 axes de revendications: la sauvegarde du pouvoir d'achat, la préservation de la sécurité sociale, l'emploi et une fiscalité plus juste. Deux mois après, et malgré la succession d'actions (de la manifestation nationale du 6 novembre à la grève générale d'aujourd'hui, en passant par les trois grèves tournantes par provinces), les trois organisations syndicales estiment que loin d'avoir reculé, le gouvernement est plutôt passé en force. De premiers arrêtés royaux ont été pris, des textes ont par exemple aussi déjà été déposés au Comité de Gestion de l'Onem. La volonté d'imposer un saut d'index en 2015 a été confirmée comme le passage de l’âge légal de la pension à 67 ans à partir de 2030. Du côté du gouvernement, le discours reste en revanche le même: il y a un espace pour la concertation. Kris Peeters, le ministre de l'Emploi, a tenté quelques reprises de contact. Il a même obtenu que patrons et syndicats se revoient au sein du Groupe des 10. Le fil du dialogue, aussi fragile soit-il, n'est donc pas rompu. Enfin, dans les rangs patronaux, le ton s'est considérablement durci. Avec des attaques très dures à l'égard de syndicats sur les modalités et les conséquences économiques des actions et en particulier des piquets de grève. L'aéroport de Zaventem, la SNCB, les TEC… le blocage est total Brussels Airport demande aux passagers de ne pas se rendre à l'aéroport de Zaventem, tous les vols prévus lundi ayant été annulés en raison de la grève nationale, indique-t-elle sur son compte Twitter. L'accès à Brucargo n'est en outre pas possible. L'aéroport n'est pas accessible via les transports publics, ajoute Brussels Airport, qui recommande aux passagers de contacter leur compagnie aérienne. L'espace aérien belge est donc fermé depuis dimanche soir et tous les vols à Brussels Airport sont annulés depuis 21h40. Au total, quelques 600 vols sont concernés. A Charleroi, l’accès à l'aéroport de Charleroi est tout simplement bloqué. Aucun vol n'y sera assuré ce lundi (puisque Belgocontrol est en grève également). Une trentaine de voyageurs sont malgré tout présents à l'intérieur de l'aéroport de Charleroi (BSCA). Ces passagers devaient, selon Jean-Jacques Cloquet (directeur de BSCA), prendre un avion lundi mais n'avaient pas été informés ou n'avaient pas suffisamment tenu compte de la grève organisée dans tout le pays. Du côté SNCB, la situation est identique ou presque. Aucun train ne circule ce lundi matin sur le réseau de la SNCB. L'entreprise ferroviaire redoute que la situation reste la même durant toute la journée. Les gares de Namur et Ottignies sont, par exemple, totalement paralysées, tous les trains sont supprimés, hormis quelques départs pour Liège.
Arrêt En Flandre, aucun bus et aucun tram ne roulait lundi vers 5h30 , a indiqué De Lijn. A Anvers, les stations de prémétro étaient fermées et dans l'ensemble de la province, aucun bus et aucun tram n'était visible. Même situation dans le Limbourg et en Flandre orientale, à l'une ou l'autre exception près pour quelques bus. Aucun véhicule De Lijn dans le Brabant flamand et pour la Flandre occidentale, seuls quelques services spécifiques de la compagnie fonctionnaient partiellement. Le tram de la Côte ne roulait pas. Quant aux TEC : à quelques bus près, le réseau est à l'arrêt en province de Namur et du Brabant wallon. Aucun bus n'est également sorti des dépôts de Charleroi, ni de La Louvière. D'après les syndicats, tous les dépôts sont bloqués par des piquets. Les zonings tournent au ralenti En Brabant wallon, tous les zonings, sauf celui de Jodoigne, sont bloqués par des barrages mis en place. Manifestement, la plupart des travailleurs ont décidé de rester chez eux, puisque ces blocages n'ont aucune incidence sur la circulation. Ni à Wavre, ni à Nivelles, ni à Louvain-la-Neuve. Topo similaire en province de Namur. Les parcs d'activités et les zonings commerciaux sont paralysés. Des piquets volants se rendent également dans les entreprises. Mais que ce soit dans le secteur agro-alimentaire, de la construction ou des carrières (Carmeuse, Sagrex…), peu d'ouvriers se présentent ce matin pour prendre leur travail. La majorité des zonings commerciaux et industriels sont également bloqués en Hainaut occidental. Sauf celui-lui de Ghislengien où il y a moyen de passer malgré le piquet. A Ghislenghien justement, au centre de distribution Waldico, notez que Colruyt a mandaté un huissier pour permettre le passage des travailleurs qui souhaitaient prendre leur service. Il s’est présenté à 5 h devant la trentaine de syndicalistes qui bloquaient l’entrée. 12 travailleurs (source FGTB) qui souhaitaient prendre leur service ont pu pénétrer dans l’entreprise. Du côté du Hainaut "oriental", les zonings sont également touchés. Des piquets sont signalés un peu partout aux points d’accès (dans la région de Charleroi, à Heppignies, Courcelles, Thuin et Fleurus). L’accès à l’aéropôle est aussi compliqué. Et la région de La Louvière suit le mouvement. Notez que les travailleurs sans emplois sont également mobilisés et ont organisé un piquet notamment devant l’Onem de La Louvière. En région verviétoise, les zonings sont bloqués depuis 5h mais un piquet est intervenu dès 03h45 à l’entreprise Trendy Food. La société avait avancé la pause de son personnel de 04h à 06h mais le piquet a empêché l’accès au personnel non-gréviste. Un piquet volant a été allé chez Scar, à Herve. Il est en route pour Corman (Goé) où 150 personnes doivent en principe travailler aujourd’hui. Un barrage filtrant a été mis en place à l'entrée de Malmedy. Le zoning de Saint-Vith est également bloqué par une cinquantaine de personnes qui distribuent des tracts aux usagers. Après le blocage des zonings situés dans le nord de l'arrondissement de Verviers et de la communauté germanophone, les piquets volants ont bloqué le centre commercial Crescendo, situé sur le site de Verviers Ouest. Toutes les administrations publiques verviétoises sont également à l'arrêt. Des entreprises du Pays de Herve comme Meurens (Aubel) ou Scar (Battice) ont dû stopper leurs activités. Les militants CSC bloquent en outre le rond-point d'Eynatten qui permet aux véhicules de rejoindre l'Allemagne par la nationale.
Strict minimum pour le service Aux premières heures de la grève nationale de lundi, des barrages filtrants étaient installés au rond-point de la Pirire de Marche-en-Famenne et sur la N63, devant la prison. "Au départ, nous devions installer des barrages bloquants aux ronds-points du WEX, du camp militaire, de la Pirire et sur la route d'Hotton, mais le bourgmestre a introduit une requête pour l'interdire et nous avons reçu une assignation ce matin nous ordonnant de lever le dispositif bloquant", explique Valérie François (permanente interprofessionnel CSC). Les barrages en place sont donc uniquement filtrants. Service minimum dans les prisons et les hôpitaux Par contre, à la prison de Leuze, les policiers prévus pour remplacer les agents pénitentiaires grévistes ont débrayé ce lundi matin. Résultat : pas de policiers disponibles pour assurer la sécurité au sein de la prison. Le chef de zone et son adjoint sont venus soutenir la directrice de la prison. Les détenus sont confinés dans leur cellule. Dans les hôpitaux (CHR de Namur, CHR Val de Sambre, Mont-Godinne, clinique Saint-Pierre à Ottignies, Chirec à Braine l'Alleud), c'est également un service minimum qui est assuré. Seul le personnel requis pour assurer les urgences peut rentrer. Grosses perturbations aussi à prévoir dans les écoles. Ainsi, on sait déjà que des piquets ont été installés devant les athénées de Namur, Gembloux, Andenne et Philippeville. D'après les syndicats, la mobilisation des professeurs est très forte. Dans le réseau libre, les cours sont largement perturbés ce matin. C'est le cas à l'Institut Sainte-Marie à Namur ou encore au collège Saint-Berthuin à Malonne. En résumé : soit les écoles sont fermées, soit les piquets empêchent les professeurs de rentrer. Autres piquets : devant l’Université de Namur, l’Henallux et l’IATA. La justice également impactée Même les palais de justice subiront certaines perturbations. Des chambres ne pourront fonctionner normalement. Les magistrats ne seront pas en grève mais l'association syndicale des magistrats marque sa solidarité car il y a péril en la demeure, disent-ils. Les magistrats dénoncent les économies imposées à tout le secteur, à concurrence de 20% et le non remplacement de personnel. Des actions se préparent donc à très court terme et elles pourraient toucher en priorité les tribunaux correctionnels. La situation en Flandre Toutes les grandes villes de Flandre à l'image d'Anvers respirent au ralenti. En province de Flandre occidentale, les grévistes seraient deux fois plus nombreux à participer au mouvement par rapport à la grève tournante, selon les syndicats locaux de l'ABVV (FGTB) et de l'ACV (CSC). La ville de Gand est paralysée par 17 piquets de grève. Le port est entièrement fermé à la circulation. Le passage du Kennedylaan est inaccessible depuis 7h45. Les accès aux sites d'ArcelorMittal et, plus tard dans la matinée, de Volvo Cars seront fermés. Le site Ghelmaco est également inaccessible, seuls les services d'urgence et les patients de l'hôpital universitaire gantois sont autorisés à passer, a indiqué la police locale qui n'a pas pu déterminer la durée des blocages. Au port d'Anvers, les trois principaux syndicats portuaires ont installé deux piquets de grève. Un représentant local du syndicat socialiste BTB s'attend à voir plusieurs centaines de grévistes se rassembler jusque 6h00 du matin mardi. L'ACLVB (CGSLB) ne craint pas de débordements: "nous avons appelé les manifestants à garder le calme. Nous avons bien conscience que les émeutes de Bruxelles ont fait plus de mal que de bien." Le syndicat socialiste des travailleurs du pétrole et de la chimie à Anvers a également suivi le mouvement de contestation, en installant plusieurs barrages. En Flandre occidentale, l'ACV (CSC) a annoncé que les grévistes seraient deux fois plus nombreux qu'il y a deux semaines, lors de la grève tournante. Les incidents sont rares dans la province, d'après l'ABVV (FGTB). "Les travailleurs ne sont pas nombreux à se rendre au travail. Les perturbations sont donc moins importantes", d'après le syndicat socialiste de Waregem. Plusieurs entreprises sont à l'arrêt dans la province. D'importantes perturbations sont ainsi attendues dans la production de Bekaert à Zwevegem, alors que la société Picanol d'Ypres est totalement à l'arrêt. Les activités du port de Zeebrugge sont perturbées depuis dimanche. Plusieurs entreprises locales ont également pris leurs dispositions afin de limiter un maximum les désagréments liés à la grève. Les 240 employés de Thermote & Vanhalst ont, par exemple, logé dans l'entreprise. De nombreux zonings industriels de la province du Brabant flamand sont également bloqués par des piquets de grève. Les perturbations concernent notamment les sociétés Webbekom à Diest, Wijveld à Zaventem ou encore l'aéroport de fret Brucargo.