La crainte d’Israël La justice française a ordonné ce jeudi la remise du Franco-Algérien Mehdi Nemmouche à la Belgique. Son avocat a annoncé un pourvoi en cassation. Le délinquant tombé dans l'islam radical et soupçonné d'avoir tué quatre personnes il y a un mois au Musée juif de Bruxelles craint d'être extradé par notre pays vers Israël. Mehdi Nemmouche, 29 ans, est sous le coup d'un mandat d'arrêt européen pour "assassinats" émis le 31 mai par la Belgique. Il est suspecté d'avoir ouvert le feu le 24 mai au Musée juif de Bruxelles, touchant mortellement deux personnes de nationalité israélienne, une retraitée française et un employé belge décédé des suites de ses blessures. "Je ne m'opposerai pas à une remise" aux autorités belges "si la Belgique me certifie qu'elle ne m'extradera pas vers un pays tiers", avait déclaré, déterminé, Mehdi Nemmouche, lors d'une audience le 12 juin sous étroite surveillance policière devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles, près de Paris. Son avocat, Me Apolin Pepiezep, avait lui évoqué "un risque de transfert" de la Belgique vers un autre pays, faisant allusion à la présence de deux ressortissants israéliens parmi les victimes. Mehdi Nemmouche "doit être jugé en France ou en Belgique, mais pas ailleurs", a répété à l'AFP Me Pepiezep. En théorie, Israël, qui a adhéré à une convention européenne sur les extraditions, peut réclamer à la Belgique le tueur présumé. L'avocate générale avait demandé que Mehdi Nemmouche, actuellement en détention provisoire, soit transféré en Belgique pour y être jugé, soulignant que "la compétence naturelle liée aux lieux des faits devait être privilégiée". Lors de sa garde à vue, Nemmouche, par la voix de son avocat, avait d'abord dit qu'il ne s'opposerait pas à sa remise aux autorités belges avant de la refuser catégoriquement lors d'une première audience le 5 juin à la cour d'appel, qui avait été renvoyée à la demande de sa défense. Pourvoi en cassation Après la décision de la justice française de le remettre à la Belgique, il avait trois jours pour former un pourvoi en cassation. C'est chose faite, et la haute juridiction a maintenant 40 jours pour statuer. Mehdi Nemmouche pourrait-il encore repousser un départ qui semble inéluctable? L'avocat attendait la décision pour se prononcer. Récemment, il n'avait déjà pas exclu ce pourvoi, se disant prêt à aller aussi jusqu'à la Cour européenne des droits de l'Homme. En l'absence de recours, la remise du suspect devrait intervenir rapidement, le temps d'organiser son transfèrement vers la Belgique. Il ne s'agit pas d'une extradition au sens juridique du terme: elle relève d'un mandat d'arrêt européen qui permet depuis 2002 à des Etats membres de remettre leurs nationaux à leurs partenaires de l'UE. Une fois en Belgique, il serait présenté à un juge d'instruction qui pourrait ordonner une reconstitution sur les lieux du drame, toujours fermés au public. Si l'enquête devait confirmer les soupçons d'assassinats, le tueur présumé serait renvoyé devant une cour d'assises où il encourt la réclusion à perpétuité. Mehdi Nemmouche avait été arrêté le 30 mai à Marseille, dans un autocar arrivant de Bruxelles. Des armes similaires à celles de la tuerie avaient été retrouvées dans ses bagages, ainsi qu'une caméra embarquée. Durant sa garde à vue, d'une durée exceptionnelle de cinq jours, il était resté muet sur ces faits. (Le dossier sur l'affaire Nemmouche sur le site-info de la
RTBF )