Fil d'Ariane
À l’écart sur cette glissière de déchargement, elle suffoque, se débat en vain.
— L214 éthique animaux (@L214) 30 novembre 2018
Certains cris sont inaudibles. N’attendons pas de les entendre pour changer notre regard sur les poissons https://t.co/tXNSLWzxyr pic.twitter.com/qrCKUD96xV
L'aquaculture pèse aujourd'hui plus que la pêche dans la production de poisson pour l'alimentation.
Selon la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), la production halieutique issue de l'aquaculture s'élevait à peine à 0,6 million de tonne en 1950, alors qu'en 2016 : celle-ci atteignait 80 millions de tonnes, soit 47 % de la production totale (pêche + aquaculture) !
Le Docteur Leopoldo Stuardo de l'OIE a répondu à nos questions :
Quelles sont les normes internationales dans le domaine du "bien-être" des poissons d'élevage ?
Le bien-être animal est étroitement lié à la santé animale, à la santé et au bien-être des personnes travaillant au contact des animaux, et à la durabilité des systèmes socio-économiques et écologiques. L’OIE a adopté en 2008 le premier chapitre sur le bien-être des poissons d'élevage, le Chapitre 7.1. du Code des Animaux Aquatiques, appelé "Introduction aux recommandations sur le bien-être des poissons d’élevage". Puis successivement en 2009, 2010 et 2012, les chapitres spécifiques sur le bien-être des poissons d’élevage pendant le transport, les aspects du bien-être animal liés à l’étourdissement et à l'abattage des poissons d’élevage destinés à la consommation humaine et sur la mise à mort des poissons d’élevage à des fins de contrôle sanitaire.
Leur mise en œuvre relève de la responsabilité des autorités compétentes du pays membre, l’OIE n’ayant pas de mandat de contrôle de leurs applications.
Quelles techniques et pratiques faudrait-il encourager dans les fermes piscicoles pour préserver le bien-être animal ?
Les différentes méthodes et pratiques recommandées sont citées dans les chapitres du Code Aquatique pré-cité. Concernant le transport, il existe des méthodes de chargement et de déchargement à privilégier, de même qu'un type de véhicule spécifique ou la qualité de l’eau. Pour ce qui est de l’abattage, le Code Aquatique contient une liste détaillée des méthodes d’étourdissement et de mise à mort des poissons destinés à la consommation humaine, et de leurs inconvénients en matière de bien-être, ainsi que certaines autres méthodes auxquelles il est conseillé de ne pas avoir recours, celles-ci s’avérant peu respectueuses du bien-être des poissons.
Ces méthodes sont : le refroidissement avec de la glace déposée dans l’eau d’hébergement, l’exposition dans l’eau d’hébergement au dioxyde de carbone (en milieu confiné), l’ immersion dans des bains de sels ou d’ammoniaque, l’asphyxie par retrait de l’eau et l’exsanguination sans étourdissement préalable.
Il est à noter que l’article 7.3 du Code Aquatique ayant été rédigé il y a une dizaine d’années, les listes présentées pourraient nécessiter une révision. C’est pourquoi l'OIE se félicite de l'initiative volontaire de certains membres de la Plateforme de l’ Union Européenne sur le bien-être animal, consistant à revoir les normes existantes aux niveaux européen et international, dans la mesure où ce travail pourrait servir de base à un re-examen des normes internationales de l’OIE.
Quels sont les pays les moins vertueux, les plus vertueux ?
Le bien-être animal est une question de politique publique nationale et internationale complexe, à facettes multiples, qui comporte des dimensions scientifiques, éthiques, économiques, juridiques, religieuses et culturelles ainsi que des implications importantes en matière de politique commerciale. Sa responsabilité doit être partagée entre les gouvernements, les communautés, les personnes qui détiennent, soignent et utilisent des animaux, la société civile, les établissements de formation, les vétérinaires et les scientifiques. Une reconnaissance mutuelle et un engagement constructif des parties sont nécessaires pour parvenir à des améliorations durables du bien-être animal. Pour en savoir plus, voir la Stratégie mondiale de l’OIE pour le bien-être animal.
Quels sont les poissons d'élevage les plus touchés par ces techniques inacceptables ?
Les systèmes d’élevage comportent un grand nombre d’espèces de poissons qui possèdent des caractéristiques biologiques différentes. Il n’est pas envisageable de mettre au point des recommandations spécifiques à chacune de ces espèces. Par conséquent, les recommandations de l’OIE s’appliquent au bien-être des poissons d’élevage en général.
Où se situe l'urgence selon vous ?
Le personnel affecté à la manipulation, au transport et à l’abattage des poissons, joue un rôle essentiel dans le bien-être des animaux. Il doit être expérimenté, compétent, et bien informé de la conduite à tenir et des principes élémentaires nécessaires à l’accomplissement de ses tâches. S’assurer de la formation du personnel et de sa connaissance des bonnes pratiques est donc une priorité.
>> Pour rappel, voir le processus d’adoption des normes de l’OIE ici : https://youtu.be/z9x9vgeJWXw