Fil d'Ariane
Contraint à l'exil en 1984 après un coup d'Etat manqué contre son frère Hafez al-Assad, il s'était installé en Suisse puis en France avec sa famille et 200 fidèles.
Lui qui n'avait aucune fortune familiale en Syrie avait alors bâti un empire immobilier évalué aujourd'hui à 800 millions d'euros, principalement en Espagne mais aussi en France et en Grande-Bretagne, qui a tardivement éveillé les soupçons.
Toute la question du procès était de savoir avec quel argent Rifaat al-Assad a acquis ses biens français.
Aux yeux du tribunal, cet empire immobilier a été acquis avec de l'argent illicite: "Des éléments concordants accréditent l'existence de détournements de fonds publics aux dépens de l'Etat syrien et au profit exclusif de Rifaat al-Assad", notamment l'"analyse d'éléments bancaires", a résumé la présidente.
Comme le tribunal correctionnel en juin 2020, la cour d'appel a estimé que la fortune du prévenu était issue des caisses de l'État syrien, en particulier de fonds que son frère Hafez al-Assad avait accepté de débloquer en échange de son exil.Rifaat al-Assad assure qu'il doit sa richesse à la générosité d'Abdallah, prince héritier puis roi saoudien, qui l'aurait financé de manière continue entre les années 1980 et sa mort en 2015.
Ses avocats avaient notamment produit un chèque de 10 millions de dollars signé par Abdallah en 1984, la preuve de trois virements tardifs, entre 2008 et 2010, et plusieurs attestations faisant état d'un soutien financier saoudien.
Ils ont réaffirmé qu'il "n'y a pas au dossier un centime de fonds provenant de Syrie" et que "tous les flux identifiés ont une origine licite".
Le prévenu était absent des deux procès, empêché pour des raisons médicales, selon sa défense.
Rifaat al-Assad, décoré de la Légion d'honneur en France en 1986, est menacé d'un procès en Espagne pour des soupçons bien plus vastes de "biens mal acquis", et poursuivi en Suisse pour des crimes de guerre commis dans les années 1980.
Il s'agit de la deuxième affaire de "biens mal acquis" jugée en France, après les procès du vice-président de Guinée équatoriale Teodorin Obiang, condamné en son absence en février à trois ans avec sursis, 30 millions d'euros d'amende et la confiscation de tous ses biens saisis.