Biodiversité : des politiques francophones à la traîne

C’est une réunion qui se veut comme le "Giec" de la biodiversité. Un groupe d’experts internationaux qui travaille, cette fois-ci non pas sur le climat, mais sur la biodiversité. 132 pays se réunissent à partir de ce lundi 29 avril à Paris pour entériner un rapport sur l’état mondial de la nature. 132 pays, et autant de visions différentes des politiques à adopter.
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© Jens Meyer / AP Images
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Cela faisait quinze ans qu’un état des lieux sur la biodiversité mondiale n’avait pas été établi. Des chercheurs du monde entier ont travaillé dessus pendant trois ans, et se réunissent à Paris pour dresser un bilan. Les résultats de ce groupe d’experts de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystématiques (IBPES) seront publiés après une semaine de discussion, le 6 mai prochain.

Ils sont d’ores et déjà annoncés comme mauvais : "il n’y a aucun doute sur le fait que nous allons vers la sixième extinction de masse, et la première causée par les hommes", déclarait récemment à l’AFP le patron de l’IBPES Robert Watson. La cause de cette inquiétude : sur les quelque 8 millions d’espèces dont plus de 5 millions d’insectes, jusqu’à un million d’entre elles pourraient être menacées d’extinction dans les prochaines décennies.
 Les enjeux climatiques et ceux de la biodiversité sont liés : comme pour le climat, il faut agir vite. Certains pays ont déjà pris des mesures pour éviter l’extinction d’espèces et la disparition d’écosystèmes à préserver. Tour d’horizon de quelques unes de ces politiques francophones, pas toujours au point :
 
  • La France, pays hôte pas si exemplaire

Paris accueille donc cette Assemblée plénière sous l’égide de l’ONU. Le gouvernement français met en avant son implication dans cette cause mondiale et se voit comme un pays "fer de lance", mais pour une dizaine d’associations environnementales citées par l’AFP , Paris n’est pas une bonne élève sur le plan national. "Nous avons des compétences naturalistes admirables en France, on sait comment changer les choses, mais la volonté politique n’est pas au rendez-vous", déplore Alain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de la Protection des Oiseaux.
 

  • La Suisse fait "profil bas"

Selon un article du journal le Temps, Jose Romero, responsable de la délégation suisse dans cette Assemblée ne "cachait pas son dépit" lors d’une conférence de presse le 25 avril : "Le bilan est en demi-teintes. La Suisse est dotée d’une bonne stratégie sur la biodiversité, mais les choses avancent trop lentement". Un pays qui , toujours selon le quotidien, "aime montrer son exemplarité, mais ne se vante pas de ses résultats" en matière de biodiversité. Sur les dix objectifs fixés pour soutenir la biodiversité, seule l'évaluation des incitations financières était en passe d’être mise en oeuvre fin 2018.
 

  • Ottawa n’a pas non plus atteint ses objectifs

Selon le site TVA Nouvelles, les objectifs n’ont pas non plus été atteints sur le plan fédéral et dans les diverses provinces du Canada. Exemple symbolique : "Le territoire du caribou forestier n’est pas du tout protégé", déclare Sophie Paradis, directrice du Fonds mondial pour la nature au Québec, "même si c'est une espèce menacée".

 
  • 270 scientifiques belges alertent le gouvernement

En Belgique, bien en amont de cette réunion à Paris, 270 chercheurs ont signé une tribune commune pour interpeller le gouvernement, qui selon eux doit "prendre des mesures urgences pour sauvegarder la biodiversité".

Les politiques nationales se mettent en place avec plus ou moins d’urgence ou de succès. Les 132 pays devront en tout cas parvenir à une entente cruciale pour l’avenir de la planète : dès 2020, ces gouvernements se réuniront pour tenter de mettre en place des solutions communes pour sauver, s’il n’est pas trop tard, la biodiversité.