Birmanie - L'humanitaire toléré

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Birmanie - L'humanitaire toléré
Clinique mobile de Médecins sans frontières en Birmanie - MSF-2009
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La Birmanie est un pays riche en ressources naturelles parmi lesquelles le bois, les pierres précieuses, le pétrole et le gaz. Le pays est très peu industrialisé, et la population qui est essentiellement rurale vit dans des conditions socio-économiques précaires. Considérée comme l’un des pays les plus démunis de la planète, la Birmanie se classe au 132 ème rang sur 177 dans l'indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Une situation que les experts attribuent en général à la mauvaise gestion de l'économie par le régime militaire au pouvoir. Les dépenses militaires représentent en effet plus de la moitié du budget de l'État, bien au-delà des dépenses publiques dans les domaines de la santé et de l'éducation. Un rapport annuel du Fond Monétaire International datant de mai 2009 a estimé à 3,6 milliards de dollars les réserves en devises étrangères de la Birmanie, mais déplore que la junte n’utilise pas ces fonds pour aider les populations. Malgré les revenus croissants du pétrole et du gaz, les dépenses sociales en Birmanie restent les plus faibles d’Asie.

Un an après le cyclone Nargis

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Maisons détruites, cultures dévastées et de nombreux morts. C'est le triste bilan du cyclone Nargis qui a traversé la Birmanie le 2 mai 2008. Un an après, l'aide étrangère a certes soulagé les populations, mais la vie vie n'a pas vraiment repris son cours normal. Reportage de la TSR 3 mai 2009

« Les conditions de vie des Birmans ne sont pas aussi catastrophiques qu’au Darfour »

« Les conditions de vie des Birmans ne sont pas aussi catastrophiques qu’au Darfour »
Paul Yon, Médecin, Chef de Mission de Médecin sans Frontières – Suisse en Birmanie Quelles sont les conditions à remplir pour pouvoir exercer en Birmanie ? Il existe des M.O.U ou « Memorandum of Understanding » qui sont des accords signés entre le gouvernement et l’organisation qui souhaite travailler en Birmanie. Les deux parties définissent ensembles leur rôle respectif dans l’exécution de ces contrats. Pour le cas de Médecins sans frontières, cet agrément a été signé avec le Ministère de la santé du Myanmar. Cette procédure n’est pas spécifique à la Birmanie, elle existe dans presque tous les pays avec lesquels nous travaillons. La junte militaire a un droit de regard sur nos activités, exactement comme le gouvernement le ferait en France. Quels rapports la junte au pouvoir entretient-elle avec les Organisations Non Gouvernementales comme Médecins sans frontières ? Ces relations ne sont pas conflictuelles, mais il faut user de beaucoup de diplomatie pour discuter avec la junte. Notre inquiétude majeure est de savoir comment négocier avec les autorités, chaque fois que nous sommes sollicités par les populations qui ont besoin d’aide. Nous essayons toujours d’atteindre ces populations où qu’elles soient, et l’accès est plus ou moins facile selon la zone. Il faut aussi compter avec les contraintes administratives. Mais tout se passe bien lorsqu’on a un bon interlocuteur en face. Et en la matière, Médecins sans frontières a moins de soucis compte tenu de notre présence relativement longue sur le territoire (ndlr MSF est présent en Birmanie depuis 1999). Certains collaborateurs birmans ont une connaissance poussée du système administratif, ce qui nous permet de gagner du temps dans le traitement de nos dossiers.
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Dans quelle ambiance travaillez-vous ? Surveillance, méfiance, contrôle permanant ? Pas du tout ! Je crois qu’il y a beaucoup de rumeurs colportées aussi bien par les Birmans que par les expatriés, sur les conditions de travail des ONG en Birmanie. La Birmanie se méfie en général des organisations humanitaires, la vôtre est plutôt bien acceptée ? Nous sommes présents en Birmanie depuis quelques années contrairement aux autres structures du même type qui sont arrivées seulement depuis l’année dernière, lors du cyclone Nargis (ndlr : le cyclone Nargis a balayé la Birmanie le 2 mai 2008). Ces organisations ont donc moins l’habitude du fonctionnement du système birman, lourdeurs administratives et de corruption. Ce qui est embêtant pour nous c’est d’être accusé de cautionner les pratiques du gouvernement. Mais l’essentiel est de travailler sans renier nos principes. C'est-à-dire que nous sommes très conscients des pratiques en vigueur dans ce pays. Nous savons quel est le ton à adopter lorsqu’il faut intervenir dans les zones sinistrées, mais nous savons aussi dénoncer quand les choses ne marchent pas comme il faut. Quelles sont les conditions de vie des Birmans ? Il y a deux grandes villes en Birmanie : Rangoun la capitale économique et Mandalay dans le nord du pays. Comme un peu partout, les conditions de vie sont meilleures dans les villes que dans les campagnes. Les gens ont accès à plus d’infrastructures dans les grandes villes. Les Birmans vivent comme dans presque tous les pays en développement, le salaire moyen n’est pas très élevé, les familles sont nombreuses. Les médias étrangers exagèrent un peu sur les conditions de vie des Birmans, qui ne correspondent pas aux standards européens certes, mais ne sont pas aussi catastrophiques qu’au Darfour. Quels sont les besoins des Birmans au quotidien ? Les Birmans ont besoin de se loger, se nourrir, de se soigner et de s’éduquer. Cela peut être surprenant mais le niveau d’éducation en Birmanie est quand même assez élevé, il y a beaucoup d’écoles, reste que le budget alloué à l’éducation est très bas. En ce qui concerne la santé, les structures publiques existent, mais elles fonctionnent avec très peu de personnel faute de budget. C’est à ce niveau que l’action de Médecin sans frontières s’avère nécessaire. Notre aide vient pallier les insuffisances dans certaines structures de l’État.
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Décrivez nous la situation humanitaire depuis le passage du cyclone Nargis le 2 mai 2008. Les organisations humanitaires n’ont pas été autorisées à pénétrer sur le territoire birman dès les premières semaines de la catastrophe. Mais Médecins sans frontières, qui était déjà sur place depuis des années a pu fournir les premiers soins aux populations, et faire un premier état de la situation en attendant l’ouverture des frontières aux secours étrangers. La situation a évolué depuis un an. Nous sommes dans une phase "post urgente", nous poursuivons le soutien alimentaire et psychologique aux populations sinistrées. Il faut maintenant convaincre les bailleurs de fond d’apporter leurs aides aux travaux de reconstruction des écoles et des hôpitaux, entamés depuis un an. Vous travaillez sur le programme de lutte contre le sida. Comment ce fléau est-il perçu en Birmanie ? Le sida reste encore tabou en Birmanie, surtout en ce qui concerne le taux de prévalence (nombre de personnes atteintes d'une certaine maladie à un moment donné dans une population donnée.). Il y a un chiffre officiel qui fait état de 0.6 % de la population atteinte par le sida. Mais à l’observation sur le terrain, nous sommes largement au dessus de cette proportion de personnes malades. Propos recueillis par Christelle Magnout 7 août 2009

“De la corruption partout“

Témoignage d'un Birman vivant à Rangoun

"Tout le monde s'intéresse à ce procès. Le peuple sait bien que la junte l'a fait exprès pour qu'Aung San Suu Kyi ne soit pas libre pendant l'élection en 2010. La population birmane se fait des soucis pour elle. On l'admire beaucoup. En Birmanie, la vie est devenue dure depuis cyclone (mai 2008) et la révolte des moines (septembre 2007). Partout, il y a de la corruption. La communauté internationale a donné des aides mais elles vont pour la plupart dans les poches des autorités. Juste après le cyclone Nagis, le gouvernement a modifié le taux de change officiel. Si vous donnez 1000 dollars pour les victimes, la junte échange la somme selon le taux officiel de 6 kyats (monnaie birmane) pour un dollar. Mais, dans le pays, le taux de change réel est de 1000 kyats pour un dollar. Donc avec 1000 dollars, la junte se fait non pas 6000 kyats mais un million de kyats. Elle garde la différence pour elle ! "Les prix augmentent" Aujourd'hui, le repas normal coûte environ 800 kyats, près d'un dollar, pour seulement une personne. Les prix des produits courants augmentent sauf pour les cigarettes et l'alcool. Dans les journaux du gouvernement, les autorités disent distribuer des produits dont les paysans ont besoin mais, il faudra rembourser plus tard. Avant, vers 1994, le père pouvait nourrir sa famille, environ 4 personnes, sans que les autres membres de la famille n'aient à travailler dehors. Maintenant tout a changé. Même si tous les membres de la famille travaillent toute la journée, ils n'ont pas encore assez d'argent pour se nourrir, sans même penser à acheter des produits de luxe ! La vie quotidienne ? Le matin, on dépense beaucoup d'argent pour manger. En plus, il faut acheter du charbon pour faire la cuisine car les coupures d'électricité arrivent trop souvent. Ensuite, pour aller au bureau, il faut prendre l'autobus. Le prix est variable selon le trajet mais il faut compter au moins 100 kyats pour un aller retour. Le prix a augmenté depuis 2007 à cause de la hausse du prix de l'essence et du gaz. Le salaire moyen des fonctionnaires est de 30 000 à 40 000 kyats par mois. Avec cet argent, il faut payer les dépenses de santé, de nourriture, d'école... Voilà, on n'a pas assez ! Donc, les fonctionnaires ont pris l'habitude de la corruption et les responsables ferment les yeux. Eux aussi profitent de la corruption."