Birmanie : l'indignation de la communauté internationale après le bombardement d'un village birman par la junte

Plus de 50 personnes ont trouvé la mort lors de frappes aériennes dont la junte a confirmé être à l'origine. La communauté internationale condamne cette action, la plus meurtrière depuis que la junte a pris le pouvoir.
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Birmanie : village bombardé par la junte
Photo fournie par le groupe d'activistes Kyunhla montrant le village de Pazi Gyi près de Kanbalu après le bombardement du 11 avril 2023.
Kyunhla Activists Group via AP
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Les habitants de ce village au nord-ouest de la Birmanie se préparaient à fêter le Nouvel An birman, Thingyan, qui se célèbre entre le 12-13 avril et le 16 avril. Mais dans la nuit du 11, un raid de l'aviation a semé la terreur. Dans le bombardement, plus de 50 personnes sont mortes et des dizaines blessées mais des medias sur place parlent de plus de 100 morts.

Une attaque qui a "horrifié" le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk qui souligne que l'attaque a été commise dans le "mépris flagrant pour les règles du droit international."

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"Il semble que des enfants qui dansaient, ainsi que d'autres civils, lors de la cérémonie d'ouverture d'une salle commune du village de Pazi Gyi, dans le district de Kanbalu, fassent partie des victimes", dénonce Volker Türk dans un communiqué. "Un hélicoptère aurait ensuite tiré sur les personnes qui fuyaient cette salle" poursuit-il.

Des enfants touchés

Au moins 50 morts et des dizaines de blessés ont été comptabilisés par différents médias indépendants comme BBC Burmese, The Irrawaddy et Radio Free Asia, mais le bilan pourrait s'élever à 100 morts selon un secouriste d'un groupe rebelle armé contacté par l'AFP.


Ce secouriste a indiqué la présence de femmes et d'enfants parmi les victimes.

La junte au pouvoir a reconnu, dans la nuit du 11 au 12 avril, "qu'il pourrait y avoir des personnes portant des vêtements civils", sans évoquer de bilan, par l'intermédiaire de son porte-parole, Zaw Min Tun.

Mais l'armée a insisté qu'elle visait un rassemblement d'opposants armés - l'ouverture d'un bureau des forces de défense du peuple (PDF), qu'elle qualifie de "terroristes". Certains des morts étaient des combattants anti-coup d'État en uniforme, a assuré le représentant. Le même argument que lors du bombardement d'une école, il y a un peu plus d'un an, dans le centre du pays, bombardement condamné par l'Unicef.

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"D'après les informations que nous avons obtenues sur le terrain, les personnes tuées ne le sont pas uniquement à cause de notre attaque. Il y avait des mines plantées par les PDF autour de cette zone", a-t-il déclaré.

Un avion de chasse et un hélicoptère de combat ont été déployés lors de l'attaque, a indiqué à l'AFP une source sécuritaire.

Une des attaques les plus meurtrières

Des témoins contactés par l'AFP ont également fait état d'une centaine de morts.
Il s'agit de l'une des attaques les plus meurtrières menées par la junte, régulièrement accusée de crimes de guerre, depuis le coup d'État du 1er février 2021 qui a plongé la Birmanie dans le chaos.

Voir : Birmanie : commente expliquer ces attaques ?
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Elle intervient à l'aube des célébrations pour le Nouvel An birman, Thingyan, qui durent plusieurs jours.

"Cela renforce le climat de peur. Il y aura plus de réticence pour organiser des événements de masse de quelque nature que ce soit, au vu du risque de bombardements", a dénoncé auprès de l'AFP Phil Robertson, directeur adjoint pour l'Asie de l'organisation Human Rights Watch.

Condamnations de la communauté internationale

"Alors que les habitants de Birmanie célèbrent le Nouvel An, l'Union Européenne est profondément choquée par les informations faisant état des dernières atrocités commises par le régime militaire à Sagaing, qui ont coûté la vie à des dizaines de civils innocents", a déclaré pour sa part Nabila Massrali, porte-parole de l'Union européenne pour les affaires étrangères.
Le Gouvernement d'unité nationale (NUG), un organe d'opposition fondé par d'anciens députés du parti d'Aung San Suu Kyi pour beaucoup en exil, a dénoncé un "nouvel exemple de l'usage aveugle de la force extrême contre des civils innocents".

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La France a condamné "avec la plus grande fermeté l'attaque abominable" commise par les forces armées birmanes, déplorant la "stratégie de violence indiscriminée que la junte birmane fait subir depuis plus de deux ans au peuple birman".

"La France continuera de se tenir résolument aux côtés du peuple birman, dont elle salue le courage et l'attachement sans cesse renouvelé à la démocratie", a ajouté le ministère français des Affaires étrangères dans une déclaration transmise à l'AFP.

Washington s'est dit "profondément préoccupé" par ces attaques, qui "soulignent une fois de plus le mépris du régime pour la vie humaine et sa responsabilité dans la terrible crise politique et humanitaire qui sévit en Birmanie depuis le coup d'État de février 2021", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du Département d'Etat, Vedant Patel.

1,2 millions de déplacés

La région de Sagaing, proche de Mandalay, la deuxième ville du pays, oppose une farouche résistance à la junte, et d'intenses combats s'y déroulent depuis des mois. Plus de la moitié des 1,2 million de déplacés liés aux affrontements viennent de cette province, selon l'ONU.

(RE)voir : Birmanie : les civils fuient les frappes des militaires
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La Birmanie est déchirée par un violent conflit entre la junte et ses opposants depuis le coup d'Etat du 1er février 2021, qui a renversé la dirigeante élue Aung San Suu Kyi, aujourd'hui en prison.

L'armée birmane mise sur son avantage aérien, notamment grâce à ses jets de fabrication russe et chinoise, pour compenser ses difficultés sur le terrain dans un conflit qui s'enlise.

Les Nations unies ont compté plus de 300 frappes aériennes en 2022, ainsi que plusieurs incidents comprenant des victimes civiles.

Selon l'Institut international d'études stratégiques, qui surveille le conflit, l'armée a mené 689 frappes aériennes et de drones depuis le coup d'État.

Le soutien de la Chine et de la Russie

Des groupes de défense des droits humains ont appelé la communauté internationale à restreindre davantage l'accès de la Birmanie au carburant d'aviation à la suite de l'attaque.

Mais l'analyste en questions de sécurité basé à Bangkok, Anthony Davis, a indiqué à l'AFP qu'une telle demande n'était pas réaliste. "La Russie est un allié ferme de la junte et l'un des plus grands exportateurs de pétrole au monde. Croyons-nous sérieusement que Moscou va simplement regarder l'armée de l'air birmane être lentement clouée au sol par manque de carburant d'aviation?", a-t-il commenté.

Le chef de la junte Min Aung Hlaing a conditionné la tenue d'élections qu'il promet depuis sa prise de pouvoir au retour de la "paix et de la stabilité" dans le pays. La junte a reconnu en février qu'un tiers de la Birmanie échappait à son contrôle.

Une organisation locale de surveillance des droits de l'homme a évoqué plus de 3.200 tués depuis le putsch, quand l'armée en a compté plus de 5.000, qu'elle attribue à ses opposants.