Birmanie : un an après le coup d'État, où en est le pays ?

Un an après le coup d’État militaire birman, plus de 1 500 civils ont été tués et près de 9 000 sont détenus dans les geôles du régime, d'après un observatoire local. En signe de protestation, le peuple se mure dans une grève silencieuse ce mardi 1 février. La communauté internationale promet des sanctions financières et pénales.
 
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Grève silencieuse Birmanie
Archive - Des manifestants défilent dans les rues lors d'une manifestation antigouvernementale à Mandalay, en Birmanie, le 7 décembre 2021.
AP
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Silence dans les rues de Rangoun. La capitale économique de la Birmanie est à l’arrêt et de nombreux magasins sont fermés. Ce n’est pas un jour de commémoration mais bien le signe de l'opposition massive au pouvoir militaire à l'origine du coup d'État du 1 février 2021, orchestré il y a tout juste un an. "Le silence est le cri le plus fort que nous pouvons lancer contre les soldats et leur sanglante répression", explique une opposante sur son compte Twitter.

(RE)voir : Birmanie, un an après le coup d'État les réfugiés ne cessent d'affluer
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L'appel, lancé par les opposants à la junte, s’est répandu à travers toute la Birmanie, comme dans l'État Shan (Est), l’État Kachin (Nord) ou à Mandalay (centre). Une forme de contestation de choix pour les Birmans, qui avait déjà observé une journée de grève silencieuse en décembre dernier. 
Grève silencieuse - Birmanie
Les opposants au régime birmans organisent une grève silencieuse après un an de coup d'État, dans les rues de Mandalay, dans le centre du Myanmar, le mardi 1er février 2022.
AP
En réponse, la junte menace de saisir les commerces qui resteraient fermés et ses partisans encouragent la population à la délation. Elle a également partagé des images de manifestations pro-militaires qui auraient eu lieu le même jour. Les documents vidéo fournis par l'équipe d'information de la junte ne sont pas datés et montrent des marches de civils dans des régions non spécifiées du pays. On y voit des partisans du régime brandir le drapeau national et dénoncer les "Forces de défense du peuple." Ces milices citoyennes continuent de mener des opérations de guérilla contre les troupes du régime.
Manifestation pro-militaire - Birmanie
Manifestation pro-militaire en Birmanie ce mardi 1er février 2022 à Naypyitaw, au Myanmar.
(Military True News Information Team via AP)

Lourd bilan côté milices et case prison pour Aung San Suu Kyi

Une démonstration de force qui n'impressionne pas ces milices citoyennes et des factions ethniques. Ils continuent d'intensifier la rébellion et poussent la junte à durcir sa répression jour après jour. Bilan de ces violences : plusieurs centaines de milliers de déplacés, 1 500 civils tués et près de 9 000 personnes détenues dans les geôles du régime, d'après un observatoire local. Ce dernier dénonce des cas de viols, de torture et d'exécutions extrajudiciaires.
 
L'autre grande victime du coup d'État n'est autre que la prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. Elle risque des décennies de prison au terme de son procès. Elle est visée par une multitude de chefs d'accusation : violation d'une loi sur les secrets d’État, des fraudes électorales, sédition, incitation aux troubles publics ou encore corruption.
birmanie Aung San Suu Kyi
Des manifestants anti-coup d'état brandissent des affiches en soutien à l'ancien chef du gouvernement à Myammar, Aung San Suu Kyi, le 5 mars 2021.
(AP Photo)

Des sanctions pénales et financières contre la junte

Face à cette spirale de violence, la communauté internationale accroit lundi 31 janvier la pression sur les généraux. L’Organisation des nations unies (ONU) enquête même sur des crimes contre l’humanité

C’est le travail mené par le mécanisme onusien d'enquête indépendants de l’ONU. À sa tête, Nicholas Koumjian averti la junte birmane. "La justice internationale a la mémoire très longue." Sept personnes et deux entités "liées au régime militaire de Birmanie" sont ciblées : les plus hauts responsables judiciaires, le procureur général Thida Oo, le président de la Cour suprême Tun Tun Oo et le chef de la commission anti-corruption Tin Oo, selon un communiqué du Trésor américain.

La communauté internationale menace également le pays de sanctions financières, à l'instar des États-Unis . "Tant que le régime privera le peuple de Birmanie de sa voix démocratique, nous le ferons payer aux militaires et à leurs partisans", met en garde le président américain Joe Biden. "Je dis au peuple birman : nous n'avons pas oublié votre combat", ajoute-t-il. Le groupe pétrolier français, qui opère une importante plateforme gazière offshore au large des côtes birmanes, a déjà annoncé qu'il quittait le pays dans un délai de six mois. La communauté internationale, elle, envisage de mettre un terme au flux "d'armes et de matériel" vers les militaires.

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Des déclarations auxquelles le chef de la junte, Min Aung Hlaing, n'a pas encore répondues. Il promet cependantdans un communiqué du journal d’État Global New Light of Myanmar diffusé ce mardi 1 février, l’organisation d’élections "libres et équitables (...) dès que la situation serait pacifiée et stabilisée." L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Noeleen Heyzer, plaide ce lundi 31 janvier pour la tenue prochaine d'une "réunion humanitaire" avec "la plupart des parties prenantes" au conflit. Des espoirs minces de résolution diplomatique dans un pays muré dans le silence.