L'ancien président bolivien Evo Morales s'est vu interdire de se présenter au Sénat par l'instance électorale suprême de son pays, une décision qui compromet son retour en politique après sa démission en novembre.
L'ancien président bolivien Evo Morales assiste à une réunion avec des membres de son parti politique, le Mouvement pour le socialisme (MAS), à Buenos Aires, Argentine, le lundi 17 février 2020.
(AP Photo / Natacha Pisarenko)
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Le Tribunal suprême électoral (TSE) de Bolivie a invalidé jeudi sa candidature car l'ex-président, exilé en Argentine, ne remplit pas l'obligation de "résidence permanente" dans le pays.
Evo Morales avait quitté la Bolivie pour le Mexique après sa démission en novembre, après des semaines de manifestations à son encontre et sous la pression des forces armées, à la suite d'une élection présidentielle controversée. Il s'est ensuite réfugié en Argentine.
La décision du tribunal "est un coup contre la démocratie. Les membres (de ce tribunal) savent que je remplis les conditions pour être candidat. L'objectif final est l'élimination du MAS", a réagi M. Morales sur Twitter en évoquant son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS).
En revanche, son principal rival, l'ex-président Carlos Mesa (centre) a salué la décision du tribunal qui a, a-t-il dit, "correctement appliqué la loi et la Constitution". Evo Morales "doit comprendre qu'il ne peut plus utiliser la loi selon ses intérêts", a-t-il ajouté.
Le parti de M. Morales, le MAS, sera toutefois bien représenté à l'élection présidentielle. La candidature de l'ex-ministre de l'Economie, Luis Arce, a été validée par le Tribunal suprême électoral, a indiqué jeudi son président Salvador Romero devant la presse.
Il avait été officiellement proclamé candidat du MAS le 9 février. Cet économiste proche de M. Morales a été son ministre de l'Economie pendant sa présidence de 2006 à 2019.
En tête des sondages
Selon les derniers sondages, Luis Arce est largement en tête des intentions de vote, avec 31,6%, devant l'ex-chef de l'Etat centriste Carlos Mesa (17,1%) et la présidente par intérim conservatrice Jeanine Añez (16,5%). Le tribunal a également invalidé la candidature de l'ancien ministre des Affaires étrangères de M. Morales, Diego Pary, qui souhaitait se présenter dans la circonscription de Potosi (sud).
M. Morales, 60 ans, poursuivi dans son pays pour "sédition et terrorisme", ne pouvait pas déjà se représenter à la présidentielle. La présidente par intérim avait en effet promulgué le 24 novembre une loi convoquant de nouvelles élections présidentielle et législatives, qui interdit à toute personne ayant exercé deux mandats électifs de suite de se présenter à un troisième. Ce qui a fermé la porte à une nouvelle candidature d'Evo Morales, 60 ans, qui a déjà exercé trois mandats.
L'ancien chef d'Etat avait alors décidé de briguer un poste de sénateur dans la région de Cochabamba (centre) où il a commencé sa carrière politique. M. Morales s'était proclamé vainqueur du scrutin du 20 octobre pour un quatrième mandat, mais l'opposition avait crié à la fraude. Après plusieurs semaines de manifestations et son lâchage par la police et par l'armée, il avait annoncé sa démission et les élections ont été annulées.
Les élections générales du 3 mai visent à élire le président, le vice-président ainsi que 36 sénateurs et 120 députés. En cas de second tour, le scrutin aura lieu le 14 juin.