Les Boliviens vont pouvoir finalement élire leur président dimanche 18 octobre. Un vote qui aura été reporté trois fois depuis l'échec des élections d'octobre 2019 qui ont forcé l'ex-président Evo Morales à s'exiler en Argentine. L'élection prévue par la présidente par intérim Jeanine Añez a dû être reportée à cause de la pandémie de coronavirus qui a perturbé la campagne électorale.
Le scrutin du 18 octobre devrait régler une crise électorale commencée il y a un an, en octobre 2019 et qui a forcé l'ancien président Evo Morales (2006-2019) a démissioner et fuir en Argentine.
En 2017, Evo Morales avait suscité un mouvement de protestation en faisant voter un amendement à la Constitution afin de pouvoir se présenter pour la troisième fois.
Il se fait réélire d'une façon controversée en octobre 2019. L'accusation de fraude portée par son opposant Oscar Mesa, et confirmée par l'audit que le président Morales lui-même avait commandé à l'Organisation des états américains, provoque une vague de manifestations à travers le pays.
(RE)voir : Grève générale face à la réélection d’Evo Morales
Ces manifestations ont fait plusieurs morts et des centaines de blessés. Acculé, Evo Morales démissionne et fuit au
Mexique, puis s'installe en Argentine qui lui accorde l'asile.
Après les démissions des ministres et du président de la chambre, c’est la vice-présidente de la chambre des sénateurs Jeanine Añez qui assure l’intérim et nomme un gouvernement de transition.
(RE)voir : La nouvelle présidente par intérim tente de pacifier le paysLe système électoral bolivien
7,3 millions de Boliviens sont appelés aux urnes. Ces élections générales visent à élire un président, le vice-président ainsi que 36 sénateurs et la totalité du parlement soit 130 députés, parlement où le MAS, parti d'Evo Morales, est actuellement majoritaire.
Selon la Constitution bolivienne est déclaré vainqueur dès le premier tour le candidat qui obtient la majorité de 50% ou 40% avec dix points d’avance sur son plus proche concurrent.
Une élection reportée pour cause de pandémie
La Haut-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU,
Michelle Bachelet s'était alarmée des reports annoncés par le gouvernement et des tensions causées par ces annonces. Un rapport établi par l'organisation onusienne fait état de violences : "
il y a eu 94 cas d'agression de journalistes et les personnes travaillant au bureau du médiateur bolivien ont subi des menaces et des attaques."Après le vote d'une loi en août 2020, le scrutin a finalement été fixé au 18 octobre
"sans report possible" par le Tribunal suprême électoral. Initialement prévu le 3 mai, il avait été reporté au 6 septembre, puis au 18 octobre, en raison de l'épidémie de coronavirus.
Le deuxième tour, si nécessaire, aura lieu le 29 novembre.
Une campagne difficile
Depuis septembre, la campagne électorale se déroule dans un climat de tensions. Les candidats rapportent des agressions à leur encontre. Le bureau du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme à La Paz cite comme exemple les violences qui se sont déroulées dans plusieurs villes de Bolivie contre les sièges de plusieurs partis : celui de l’ex-président Carlos Mesa, candidat pour le centre, le Mouvement vers le socialisme (MAS) de l’ex-président Evo Morales et le mouvement du dirigeant régionaliste de droite Luis-Fernando Camacho.
Début septembre, le Sénat bolivien confirme l’interdiction à l’ancien président Evo Morales de se présenter au Sénat. Or il connaît encore beaucoup de partisans dans la ville d’El Alto, où le candidat de son parti, le MAS, Luis Arce a donné son dernier meeting le 14 octobre.
El Alto, troisième ville la plus peuplée du pays, située dans le prolongement de la capitale La Paz, avait massivement voté pour Evo Morales lors de sa première candidature en 2002. Lors des élections générales de 2019, annulées, son parti y avait remporté quatre circonscriptions. Depuis sa démission, les habitants d’El Alto se sont opposés au gouvernement intérimaire dirigé par la conservatrice Jeanine Añez.
A La Paz, lors des élections de 2019, le MAS a perdu dans toutes les circonscriptions. C’est le candidat centriste Carlos Mesa qui était arrivé en tête.
La vice-présidente Mme Añez, a retiré sa candidature début septembre en expliquant que la présence de plusieurs candidatures pourrait entraîner la victoire du MAS.
"Si nous ne nous unissons pas, Morales revient", a-t-elle dit. Un sondage venait de lui attribuer la quatrième place avec 7% des voix.
Le 12 octobre, un autre candidat de droite, l'ancien président Jorge Quiroga, a annoncé qu'il se retirait pour éviter une victoire du candidat du MAS Luis Arce, restent en lice, le centriste Carlos Mesa et le régionaliste de droite Luis Fernando Camacho.
Les derniers sondages donnent M. Arce nettemment en tête des intentions de vote avec environ 29%, devant un autre ancien président, Carlos Mesa (19%), et Luis Fernando Camacho, avec environ 10%.