Brésil : condamnation unanime à l’international sur l’assaut des pro-Bolsonaro

Des centaines de partisans de l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro ont envahi le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême à Brasilia, une semaine après l'investiture du président de gauche Lula dont ils refusent l'élection. Une action qui a été condamnéé presque unanimement par les autres pays. 

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Des protestants, supporters de l'ex-président Jair Bolsonaro, s'infiltrent dans le Congrès à Brasilia,
Des protestants, supporters de l'ex-président Jair Bolsonaro, s'infiltrent dans le Congrès à Brasilia, au Brésil, le 8 janvier 2023. 
AP/Eraldo Peres
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La scène n’est pas sans rappeler la prise du Capitole du 6 janvier 2021 de Washington. À Brasilia, des centaines de supporters de Jair Bolsonaro jaunes et verts ont envahi par centaines et saccagé les institutions du pouvoir brésilien.

Plusieurs scènes de violence envers la police ou des journalistes ont été observées de la part de ceux qui refusent d'accepter le résultat de l'élection présidentielle et le retour au pouvoir de Lula pour un troisième mandat.

Un événement « sans précédent dans l’histoire du pays » a qualifié Lula qui a promis que « ceux qui ont fait ça seront retrouvés et punis ». Le président de gauche y a vu un lien évident avec « plusieurs discours de l'ancien président qui encourageaient cela » et a affirmé que « c'est aussi sa responsabilité et celle des partis qui l'ont soutenu ».

L’ex-président Bolsonaro, qui se trouve aux États-Unis, a cependant condamné « les déprédations et invasions de bâtiments publics (…) » qui sont « contraires à la règle ».

Dans un tweet, la Maison Blanche a réagi à ce qu’elle a appelé une « tentative d'ébranler la démocratie », tandis que la membre du Congrès démocrate Alexandra Ocasio-Cortez a appelé à l’extradition du président Bolsonaro vers le Brésil. 

Dans un communiqué commun, les présidents américain Joe Biden, son homologue mexicain Andrés Manuel Lopez Orador et le Premier ministre canadien Justin Trudeau ont affirmé de tenir "aux côtés du Brésil pendant qu'il [Lula] défend ses institutions démocratiques."

Chez les trumpistes, l'intrusion des partisans de Bolsonaro a cependant été saluée. L'ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon a déclaré sur réseau américain de l'ultra-droite Gettr que le "criminel athéiste marxiste Lula" avait "volé l'élection" et que "les Brésiliens le savaient." Une affirmation qui n'est basée sur aucune preuve et qui rappelle le refus de Trump de sa propre défaite. Et Bannon de comparer Lula "aux dictateurs communistes".

Steve Bannon Brésil
Steve Bannon, ancien stratège de Donald Trump, apporte son soutien aux pro-Bolsonaro qui se sont introduits dans les institutions brésiliennes.
DR

Les voisins frontaliers du Brésil ont eux majoritairement fustigé l’assault. « Les fascistes chercheront toujours à prendre par la force ce qu'ils n'ont pas obtenu dans les urnes », a déclaré sur Twitter le président bolivien Luis Arce. Le dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro a condamné « de manière catégorique la violence générée par les groupes néofascistes de Bolsonaro ». Et le président argentin Alberto Fernandez a insisté, lui aussi sur Twitter, sur « son soutien inconditionnel et celui du peuple argentin à @LulaOficial face à cette tentative de coup d’État ». 

De manière plus distante, la Chine, elle, "s'oppose fermement à l'attaque violente" contre les lieux de pouvoir au Brésil. Pékin "soutient les mesures prises par le gouvernement brésilien pour calmer la situation, rétablir l'ordre social et préserver la stabilité nationale", a déclaré le porte- parole chinois Wang Wenbin.

Le Kremlin a aussi condamné l'intrusion dans des lieux de pouvoir au Brésil de partisans de l'ex-président brésilien et a affirmé "soutenir pleinement" le dirigeant actuel Luiz Inacio Lula da Silva. "Nous condamnons de la manière la plus ferme les actions des instigateurs des troubles et soutenons pleinement le président brésilien Lula da Silva", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

En Europe, le président du Conseil européen Charles Michel a exprimé sa "condamnation absolue" de cet assaut et son "soutien total au président Lula da Silva, démocratiquement élu par des millions de Brésiliens à l'issue d'élections équitables et libres". 

Même soutien exprimé par le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, qui s'est dit "consterné" par les actes d'"extrémistes violents". "La démocratie brésilienne l'emportera sur la violence et l'extrémisme", a-t-il tweeté. 

"La volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques doivent être respectées! Le président Lula peut compter sur le soutien indéfectible de la France", a lui déclaré le président français Emmanuel Macron, en français et en portugais. 

La Première ministre italienne d'extrême droite Giorgia Meloni a elle aussi estimé que "ce qui se passe au Brésil ne peut pas nous laisser indifférents. Les images de l'irruption dans les sièges des institutions sont incompatibles avec toute forme de désaccord démocratique. Le retour à la normale est urgent et nous exprimons notre solidarité aux institutions brésiliennes."

Le pape François a évoqué lui les "crises politiques" sur le continent américain, sources de "tensions et de violences", évoquant en particulier le Brésil. "Je pense aux diverses crises politiques dans plusieurs pays du continent américain, avec leur lot de tensions et de formes de violences aiguisant les conflits sociaux", a-t-il affirmé lors de ses voeux au corps diplomatique.