Brésil : des partisans de Bolsonaro envahissent le Congrès, le Palais présidentiel et la Cour suprême

Les principaux lieux de pouvoir du Brésil sont envahis par des partisans de l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro. Ils protestent contre le retour au pouvoir du président Lula. Ce dernier condamne l'invasion de "vandales fascistes."
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Planalto Palace
AP Photo/Eraldo Peres
Des partisans de Jair Bolsonaro envhisent le Palais du Planalto, qui fait office de siège officiel du président. 
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Brésil manifestants
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Des partisans de l'ancien président du Brésil Jair Bolsonaro envahissent le Congrès à Brasilia. 
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Des centaines de partisans de l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro envahissent ce 8 janvier 2023 les principaux lieux de pouvoir à Brasilia, le Congrès, la Cour suprême et le Palais présidentiel de Planalto, faisant beaucoup de dégâts, selon des images circulant sur les réseaux sociaux. 

Nous allons tous les retrouver et ils seront tous punis.Lula, président du Brésil

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a condamné dimanche l'invasion des lieux de pouvoir à Brasilia par des "vandales fascistes" et a décrète une "intervention fédérale" sur les forces de l'ordre pour reprendre en main la sécurité de la capitale. "Nous allons tous les retrouver et ils seront tous punis", a déclaré au sujet des bolsonaristes responsables de saccages Lula, investi président il y a seulement une semaine, depuis Araraquara, dans l'Etat de Sao Paulo.

Des dégâts considérables 

Les dégâts semblent considérables, dans ces bâtiments qui sont des trésors de l'architecture moderne et regorgent d'oeuvres d'art. Sur la rampe du palais de Planalto, où Luiz Inacio Lula da Silva a reçu l'écharpe présidentielle le 1er janvier, des policiers à cheval tentaient tant bien que mal de déloger les manifestants.  Au milieu de la place des Trois pouvoirs, où se côtoient le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême, un agent de la police montée a été désarçonné puis frappé à terre par des assaillants armés de bâtons.

Des grenades assourdissantes ont été lancées par les forces de l'ordre depuis un hélicoptère sur les manifestants qui occupaient le toit du Congrès. Un manifestant s'est assis sur le siège du président de la Chambre haute, un mimétisme saisissant avec les manifestants pro-Trump au Congrès américain il y a deux ans. Selon la chaîne de télévision américaine CNN, des manifestants ont mis le feu au tapis d'un salon du Congrès, qui a dû être inondé pour éteindre l'incendie.

"Les envahisseurs brisent les vitres du Congrès et envahissent la Chambre des députés", indique le journaliste brésilien Renato Souza sur son compte Twitter. Il précise que le président Lula ne se trouve pas sur place. Ces manifestants protestent contre le retour au pouvoir le 1er janvier du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui a battu Bolsonaro au second tour le 30 octobre. 

"Cette tentative absurde d'imposer la volonté par la force ne prévaudra pas",  avertit le nouveau ministre de la Justice Flavo Dino, sur Twitter. Il ajoute : "il va y avoir des renforts". Le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, indique "rejeter avec véhémence cette manifestation antidémocratique, qui doit être punie par la rigueur de la loi".

Un syndicat de presse local fait état de l'agression de cinq journalistes. Parmi eux, un photographe de l'AFP a été frappé et s'est fait voler tout son matériel.

Soutien à l'international

Le président de gauche du Chili, Gabriel Boric, apporte sur Twitter son soutien au gouvernement Lula "face à cette attaque lâche contre la démocratie". Son homologue colombien, Gustavo Petro, condamne pour sa part une "attaque fasciste".

La France condamne "dans les termes les plus fermes", les violences en cours. Ces attaques "constituent une mise en cause inacceptable du résultat d'une élection démocratique, remportée sans ambiguïté le 30 octobre dernier par M. Luiz Inacio Lula da Silva", réagit le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. Le président français Emmanuel Macron appelle à "respecter" les institutions et apporte son soutien à Lula.

Le président du Conseil européen Charles Michel exprime sa "condamnation absolue" de l'invasion du Congrès, du palais présidentiel et de la Cour suprême à Brasilia. "Soutien total au président Lula da Silva, démocratiquement élu par des millions de Brésiliens à l'issue d'élections équitables et libres", tweete le responsable européen.

Par ailleurs, les États-Unis "condamnent toute tentative" d'ébranler la démocratie au Brésil. 

Affrontements avec la police 

La police brésilienne a utilisé des bombes lacrymogènes pour tenter de repousser des centaines de partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro. La zone autour du Congrès avait été bouclée par les autorités, mais les bolsonaristes qui refusent d'accepter l'élection de Lula sont parvenus à rompre les cordons de sécurité et plusieurs dizaines d'entre eux sont parvenus à monter sur la rampe de ce bâtiment à l'architecture moderne pour en occuper le toit.

Les images impressionnantes, rappelant l'invasion du Capitole aux Etats-Unis, montrent une véritable marée humaine affluer vers le Congrès. Celui-ci regroupe dans un même bâtiment la Chambre des Députés et le Sénat. Des manifestants sont apparus sur le toit, mais aussi sur toutes les pelouses attenantes, y compris celle du palais présidentiel de Planalto.

Jair Bolsonaro, qui a été battu d'une courte tête par Lula au second tour de la présidentielle le 30 octobre, a quitté le Brésil en fin d'année pour rejoindre les Etats-Unis.

Une élection contestée

"Il faut qu'on rétablisse l'ordre, après cette élection frauduleuse", a dit à un journaliste de l'AFP présent sur place Sarah Lima, ingénieure pro-bolsonaro de 27 ans venue de Goianesia, à 300 km de Brasilia.

Lula, 77 ans, est  absent de Brasilia ce 8 janvier. Il s'est rendu à Araraquara, ville de l'Etat de Sao Paulo (sud-est) dévastée par des inondations en fin d'année.

Intervention militaire
Des partisans de Jair Bolsonaro demandent une inervention militaire alos qu'ils envahissent les bâtiments politiques de Brasilia.
AP Photo/Eraldo Peres

Des bolsonaristes manifestaient déjà devant des casernes militaires depuis la défaite de peu du président sortant d’extrême droite face à Lula. Ils réclamaient l’intervention de l’armée pour empêcher ce dernier de revenir au pouvoir pour un troisième mandat, après ceux de 2003 à 2010. Certains d'entre eux ont également bloqué des axes routiers pendant plus d'une semaine après l'élection.