Brésil : Jair Bolsonaro président, à quoi faut-il s'attendre ?

La première puissance d'Amérique Latine se retrouve désormais gouvernée par l'extrême-droite. Jair Bolsonaro a officiellement accédé à la présidence du Brésil, ce mardi 1er janvier. Quel est son programme ? Quelle sera sa politique étrangère ? 
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Jair Bolsonaro et son épouse Michelle, le 1er janvier 2019 à Brasilia (photo AP/Silvia Izquierdo)
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Qui est Jair Bolsonaro ?

"Jair Bolsonaro a été appelé par Dieu et choisi par le peuple brésilien, qui vivait dans la peur", a affirmé Onyx Lorenzoni, ministre de la Maison Civile - une fonction à mi-chemin entre Premier ministre et chef de cabinet. La déclaration témoigne du culte que lui rendent aujourd’hui des partisans fervents. Ceux-ci l'ont d'ailleurs surnommé  en toute simplicité "le Mythe". Pourtant peu de gens connaissaient Jair Bolsonaro, obscur député de Rio de Janeiro, avant la campagne électorale de 2018.

Le nouveau président est né en 1955 dans une famille modeste, et commence jeune une carrière dans l’armée –sous le régime de la dictature militaire. L’ex-parachutiste a depuis régulièrement affiché sa nostalgie des « années de plomb ». Sa carrière avorte pourtant en 1988, quand il est renvoyé pour un obscur complot interne. Il sera acquitté et devient militaire de réserve. 

Jair Bolsonaro entame alors sa deuxième vie, celle d’un député fédéral pour Rio de Janeiro. 30 ans de service qui le verront passer d’un parti de droite à l’autre jusqu’à son élection à la présidence. 

Pour sa campagne, il s’est présenté comme un fervent catholique et a recueilli les voix des évangélistes. Ses dérapages racistes, misogynes et homophobes n’ont semble- t-il pas réussi à dissuader ces pieux électeurs.

Depuis son émergence, les politologues discutent pour savoir si Jair Bolsonaro est simplement un "conservateur de droite" comme le présentent ses partisans, ou un populiste ou carrément un "fasciste". 


Quel programme pour le gouvernement Bolsonaro ? 

Dans ses deux discours d'investiture à Brasilia mardi 1er janvier 2019,  le nouveau président a lancé, sans surprise, une croisade contre la corruption, la violence et l'idéologie de gauche tout en réaffirmant les valeurs "judéo-chrétiennes".

Le soir même, il a pris un premier décret augmentant le salaire mensuel minimum à 998 réais (225 euros), sans toutefois aller au-delà de la barre des 1.000 réais, un signe de l'austérité qui s'annonce pour un Etat appelé à se serrer la ceinture. On connaît seulement les grandes lignes de son programme : 

•    Economie : la politique de Bolsonaro sera clairement ultra-libérale. Notoirement peu versé en économie, il s’est adjoint les services d’un spécialiste ad hoc, Paulo Guedes, nommé ministre de l’Economie avec pour mission de sortir le pays de la récession. Sont déjà annoncés : privatisations, réforme fiscale et encouragement à l’investissement étranger, qu’il faudra toutefois harmoniser avec ses déclarations protectionnistes. Est également annoncée une drastique réforme des retraites qui aura peut-être du mal à passer. 

•    Sécurité : il s’agit pour Bolsonaro de rétablir la sécurité des personnes dans un pays miné par la violence. Pendant la campagne, il a proposé d’assouplir la réglementation du port d’armes pour que les « honnêtes citoyens » puissent se défendre. Une plus grande impunité serait aussi accordée à des policiers – responsables de 5000 décès par an-  pour exercer leurs fonctions. 

•    La lutte contre la corruption : une autre promesse du candidat et pour cela, il a fait appel au juge Sergio Moro, désormais ministre de la Justice. Sergio Moro a instruit le dossier « Lavage Express » ayant abouti à l’emprisonnement de plusieurs dizaines de de politiques, dont l’ex-président Lula da Silva.

•    Environnement : un dossier qui inquiète beaucoup à l’étranger tant l’Amazonie est considérée comme un « poumon vert » pour la planète. Le président a déjà indiqué qu’il faisait passer les intérêts pétroliers et agricoles avant la protection de la forêt. Dès le premier jour de son mandat, il a attribué la démarcation des terres accordées aux populations autochtones au ministère de l’Agriculture. Une décision qui consterne les défenseurs de la cause indienne. La nouvelle ministre de l’Agriculture Tereza Christina da Costa, est réputée pour défendre les intérêts de l’agrobusiness.

 

Quelle politique étrangère pour le "nouveau" Brésil ? 

De par ses déclarations et ses tweets nombreux, il semble que Jair Bolsonaro a clairement un modèle : Donald Trump. Comme lui, il rejète le multilatéralisme, l'ONU ou encore l'Accord de Paris sur le climat qui impose des contraintes dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le rapprochement avec les Etats-Unis et sa politique internationale est inévitable. 

Rapprochement spectaculaire aussi avec Israël. Il a préconisé pendant sa campagne le déplacement de l'ambassade à Jérusalem, ce qui lui a valu une longue visite de Benjamin Netanyahu pour son investiture ce mardi 1er janvier. 
 Les relations pourraient être plus difficiles par contre avec la Chine accusée par le passé de vouloir "acheter le Brésil". En bon anticommuniste, Jair Bolsonaro a également annoncé que son gouvernement fera tout son possible "dans le cadre de la diplomatie" contre les gouvernements socialistes cubain et vénézuélien. Tensions en vue dans la région.