Fil d'Ariane
Dans l'école publique de la banlieue de Sao Paulo Casa Blanca (Maison Blanche), les élèves participent à leur cours hebdomadaire d'"éducation médiatique".
Tous s'entraînent à décrypter les nouvelles, le but étant d'analyser leur provenance, ainsi que d'identifier le public ciblé et les auteurs du contenu.
Dans cette école, deux enseignants dispensent ce cours obligatoire. Un décryptage de l'actualité qui commence tôt car le phénomène de l'augmentation des fausses informations n'épargne pas le Brésil.
Les fausses nouvelles apparaissent même dans les journaux télévisés. Nous l'avons vu avec Trump, nous le voyons maintenant avec la politique brésilienne. Il existe aussi des "mini-fausses nouvelles", au sein même de l'école !
Kayo Rodrigues, élève de 14 ans de l'école Casa Blanca
Au Brésil, un habitant sur 2 utilise Whatsapp ou Facebook. Le plus grand pays d'Amérique latine compte 120 millions de comptes sur Whastapp, 100 millions sur Facebook et 50 sur Instagram. Dès leur plus jeune âge, les enfants créent leur compte sur ces réseaux, qu'ils croient aussi fiables qu'un média traditionnel. Mais le cours d'"éducation médiatique" leur apprend à se méfier du contenu publié sur ces plateformes.
Certaines personnes créent des fausses nouvelles sur Internet pour que l'on clique sur la page. Grâce à ces clics, elles gagnent de l'argent !
Helena Vital Hornos, élève de 11 ans de l'école Casa Blanca
À l'approche de l'élection présidentielle au Brésil les 7 et 28 octobre 2018, les fausses informations pourraient se répandre davantage ; pro et anti-Lula se déchirent sur fond de décisions de justice décriées, et de querelles internes entre juges. Le 8 juillet, un juge avait ordonné la libération immédiate de l'ancien président du Brésil Lula, provoquant l'ire de Sérgio Moro, le juge anti-corruption en charge de ce dossier, alors en vacances au Portugal.
Après ce dernier rebondissement, Lula continue de purger sa peine de prison ferme de 12 ans et un mois. Ses partisans dénoncent l'instrumentalisation de la justice au service du pouvoir politique - de droite -, qui craindrait le retour au pouvoir de celui qui caracole aujourd'hui en tête des sondages.
Alors que le Brésil vit déjà à l'heure de la campagne électorale, un projet collaboratif réunissant 24 médias, brésiliens et français comme l'Agence France-Presse, a été créé afin de lutter contre la propagation des rumeurs et fausses nouvelles sur Internet. Comprova ("vérifier" en français) devrait voir le jour en août 2018.
Le 28 juin dernier, Facebook et Google ont signé un accord avec le Tribunal supérieur électoral brésilien et se sont ainsi engagés à lutter contre la propagation de "fausses informations". Le président du Tribunal, Luiz Fux, a même annoncé que certaines élections pourraient être invalidées si leur résultat était influencé par des fake news. En octobre prochain, 143 millions de Brésiliens seront appelés aux urnes pour élire leur prochain président, leurs députés et leurs gouverneurs.