Fil d'Ariane
Depuis plusieurs jours, son nom circulait. Après 22 ans dans la magistrature,
Sergio Moro accepte un ministère dont les Brésiliens attendent beaucoup et qui englobe les compétences du ministère actuel de la Sécurité publique, créé en février dernier pour coordonner les différentes forces de police dans la lutte contre le crime organisé. "La perspective de mettre en oeuvre de fortes mesures contre la corruption et le crime organisé m'a amené à prendre cette décision", explique le nouveau ministre dans un communiqué.
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Le magistrat de 46 ans s'est fait connaître comme juge de première instance dans l'opération mains propres Lava Jato (lavage express), une enquête tentaculaire qui a permis de mettre au jour un immense réseau de corruption autour du groupe d'Etat Petrobras, géant brésilien du bâtiment et des travaux publics. Toute la classe politique du pays est éclaboussée.
La principale victime du futur ministre Justice et de la Sécurité publique aura été l'ex-président (2003-2012) et dirigeant du parti des travailleurs Luiz Inácio Lula da Silva, sous les verrous depuis avril 2018 suite aux investigations lancées par le juge. Il purge une peine de 12 ans et un mois de réclusion pour corruption et blanchiment à Curitiba, dans le sud du pays, à quelques encâblures des bureaux de Sergio Moro.
La gauche brésilienne accuse le juge de s'être acharné sans preuves contre Lula. Pour la droite, c'est un héros.