Brésil : le président Lula sort renforcé des émeutes de Brasilia

Selon certains analystes, en voulant empêcher à tout prix Lula de gouverner et en saccageant des édifices institutionnels à Brasilia, les émeutiers d'extrême droite du 8 janvier ont finalement renforcé le président de gauche dans son pouvoir.
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Lula 11 janvier
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva lors d'une réunion avec des membres du Congrès au Palais Planalto, le bureau du président, à Brasilia, mercredi 11 janvier 2023. AP/ Eraldo Peres.
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Plus de 4 000 partisans de l'ex-chef d'État Jair Bolsonaro ont profité du fait que le nouveau gouvernement était en pleine installation pour semer le chaos dans la capitale. Ils refusent depuis octobre sa défaite électorale face à Luiz Inacio Lula da Silva.

Une semaine exactement après l'investiture de Lula qui avait mêlé pompe protocolaire et joie populaire à Brasilia, des hordes déchaînées ont ainsi envahi et saccagé le Palais présidentiel du Planalto, la Cour suprême et le Congrès.


"Un climat d'union nationale"

"Il est clair que les événements (du 8 janvier) ont eu l'effet inverse" à ce qui était recherché, explique à l'AFP Mayra Goulart, professeure de sciences politiques de l'Université fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ). "Lula en sort sans aucun doute renforcé. Ces assauts ont créé un climat d'union nationale pour la défense de la démocratie". 

L'image était forte : Lula descendant la rampe du palais présidentiel pour aller sur la place des Trois-pouvoirs, flanqué des chefs du Sénat, de la Chambre des députés, de la Cour suprême et des gouverneurs, quelques heures seulement après le saccage des lieux de pouvoir. Ensemble, ils ont réaffirmé que la jeune démocratie ne vacillerait pas au Brésil, trois décennies après la fin de la dictature militaire.

A l'étranger, l'assaut a été condamné unanimement. Washington, Moscou, Pékin, l'Union européenne, Paris ou les capitales latino-américaines ont exprimé leur soutien entier au président d'un Brésil, qui, sous Bolsonaro, s'était isolé du monde.

"L'émoi international va conforter la position de Lula, qui va être perçu comme un dirigeant important pouvant contribuer à un renforcement des forums multilatéraux", prédit Mayra Goulart. 
 

(Re)voir : Brésil : Bolsonaro visé par l'enquête sur les saccages à Brasilia

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"Soutien unanime"

Leandro Gabiati, directeur du cabinet de consultants Dominium, estime également que "l'image positive que Lula avait déjà à l'étranger sort renforcée". Et celle de Jair Bolsonaro, encore plus dégradée. Il est désormais visé par l'enquête sur les instigateurs des violences avec lesquelles il jure n'avoir aucun lien.

Et sur le plan intérieur, Lula est fort "du soutien unanime des gouverneurs, du Congrès, de la Cour suprême et du secteur financier", toutes tendances politiques confondues.

Dans cette séquence, le chef historique de la gauche a également derrière lui la classe politique et la population brésilienne. Dans sa grande majorité, elle a été choquée par les images ahurissantes de violence contre les institutions.

Lula "a été défié et il s'en est sorti plutôt bien", estime donc Leandro Gabiati. Il évoque "une attitude pondérée qui a permis, d'une certaine façon, de restaurer la normalité".
 

(Re)voir : Brésil : soutien massif pour le président Lula

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Dans des bâtiments officiels encore pleins de bris de vitres et de meubles anciens éventrés, les nouveaux ministres du gouvernement de Lula ont continué à être investis lors de cérémonies officielles, presque comme si de rien n'était, les jours suivant la tornade bolsonariste.


Mais le gouvernement de Lula a été ferme : les "fascistes" seront traqués, condamnés - jusqu'à 30 ans de prison pour "terrorisme" - de même que tous ceux qui ont organisé et financé les émeutes.

En quelques jours, plus d'un millier de fauteurs de troubles ont été incarcérés. Les forces de police et services de sécurité vont être réorganisées, la sécurité du palais présidentielle expurgée des bolsonaristes.

Lula va devoir "prendre des sanctions exemplaires afin d'éviter la répétition de ce type de manifestations", estime Leandro Gabiati.

(Re)voir : Brésil : la démocratie menacée ?
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Un pays qui reste divisé 

Car le président de gauche reste sous la menace d'une mouvance bolsonariste dont les éléments les plus extrêmes n'ont pas renoncé à l'abattre. Et rien ne dit que l'union nationale va perdurer.

Ces événements "sont venus rappeler que Lula est face à un pays profondément divisé", notent les consultants d'Eurasia.

Lula a battu Bolsonaro sur le fil à la présidentielle avec 60 millions des voix contre 58 millions, après une campagne violente et polarisée. Par ailleurs, il doit affronter de nombreux défis pour ce troisième mandat à la tête du Brésil où la pauvreté et la faim sont des fléaux.

"Il est nécessaire de dépenser de l'énergie dans les enquêtes et les condamnations des putschistes", affirme Leandro Goulart, mais "cela ne doit pas contaminer le mandat de de Lula".

L'icône de la gauche va devoir "améliorer les conditions de vie de la population, relancer l'économie et les politiques publiques", s'il veut faire de son mandat un succès.