Fil d'Ariane
Le vice-président de Facebook en Amérique latine, l’Argentin Diego Dzodan, doit être libéré. "Avoir décrété cette mesure, extrême, de détention me semble précipité", a estimé le juge Ruy Pinheiro du tribunal de l'Etat de Sergipe (nord-est du Brésil) dans un communiqué du mercredi 2 mars.
Mardi 1er mars, Diego Dzodan a été conduit au siège de la police fédérale de Sao Paulo pour être interrogé dans le cadre d'une enquête sur un trafic de drogue. Il est ensuite resté en détention préventive. Le mandat d'arrêt contre Diego Dzodan a été émis car le dirigeant de Facebook a refusé à plusieurs reprises de collaborer à une enquête sur une bande locale de trafiquants qui communiquaient via WhatsApp. "Ces informations ont été requises pour la production de preuves devant être utilisées dans une enquête sur le crime organisé et le trafic de drogue, sous le secret de l'instruction", a expliqué la police.
De son côté, l'application de messagerie assure ne disposer d'aucun serveur au Brésil où seraient conservées les conversations. "WhatsApp ne peut apporter des informations qu'elle ne détient pas. Nous avons coopéré à la limite de notre capacité dans ce cas précis et bien que nous comprenions l'importance du travail pour faire respecter la loi, nous sommes en fort désaccord avec cette décision", a affirmé, mardi 1er mars, un responsable de WhatsApp dans un communiqué.
En décembre, WhatsApp avait été bloqué pendant 12 heures dans tout le pays, après la décision d'un juge pour le même motif : refus de fournir des informations dans le cadre d une enquête judiciaire. Le blocage, qui avait indigné des millions de Brésiliens, avait finalement été annulé en appel par un autre tribunal.
Cette nouvelle affaire survient alors qu'Apple et l’Etat américain sont engagés dans un bras de fer qui pose la question de la collaboration ou non des entreprises technologiques avec les forces de l'ordre. Le groupe informatique américain refuse de se plier à une injonction judiciaire exigeant qu'il aide les enquêteurs du FBI à accéder au contenu crypté de l’iPhone utilisé par l'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino, qui avait fait 14 morts en décembre en Californie.