Fil d'Ariane
Luiz Inacio Lula da Silva, un retour qui ne passe vraiment pas. Ce vendredi, les organisations de gauche appellent à de gros rassemblements pour exiger son depart. L'ex ouvrier métallurgiste devenu président de la République est englué dans des soupçons de corruption. Le voici désormais au côté de Dilma Rousseff au poste le plus élevé dans le gouvernement pour échapper aux poursuites judiciaires. Politique.. et pathétique ?
Un coup de téléphone peut sauver une vie. Il peut aussi détruire un mythe. En rendant public l’enregistrement d’une conversation téléphonique entre la présidente brésilienne et Lula, l’ex-chef de l’Etat, le juge fédéral Sergio Moro, en charge de l'enquête sur le scandale de corruption Petrobras, a provoqué une immense onde de choc.
Que dit cet enregistrement ? Dilma Rousseff y informe son prédécesseur qu’elle va lui faire parvenir rapidement son décret de nomination, en qualité de chef de la Maison civile, le poste le plus élevé dans le gouvernement. Et elle précise : " Ne t’en sers qu’en cas de nécessité ".
Il y avait surtout urgence.
Devenu ministre, Lula bénéficie de facto d'une immunité judiciaire particulièrement bienvenue. Quelques jours plus tôt, le 4 mars, l'ex-président n'avait pas vraiment goûté son arrestation, à son domicile, devant les caméras de télévision. L'interrogatoire du juge Moro portait sur des soupçons de " corruption " et de " blanchiment d’argent ".
Ce jour là, dans le pays, un mythe s'effondrait.
Tout à coup, comme il était loin, le syndicaliste charismatique qui, en 1988, déclarait, frondeur : " Au Brésil, quand un pauvre vole, il va en prison. Quand un riche vole, il devient ministre ! ".
Certes, à cette heure, Luiz Inacio Lula da Silva doit avant tout bénéficier de la présomption d'innocence. Mais pourquoi donc cette hâte à vouloir échapper à la justice ? Antonio Imbassahy, chef du groupe parlementaire du Parti social-démocrate, ne s'est pas embarrassé de métaphore pour dénoncer la manoeuvre : "C’est un aveu de culpabilité et une gifle à la société. La présidente, en l’invitant, se fait son complice. Le chapitre final de cette histoire sera la destitution de Mme Rousseff".