Un spot publicitaire de la Banque du Brésil a été retiré sur demande du président de droite radicale Jair Bolsonaro. La vidéo montre de jeunes acteurs noirs, ainsi qu’une personne transsexuelle. Cette décision a suscité une pluie de critiques.
La
banque publique du Brésil l’a confirmé ce vendredi 26 avril : la diffusion d’une publicité mettant en valeur la diversité raciale et sexuelle du Brésil a été suspendue à la demande du président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
Le spot publicitaire n’est plus diffusé à la télé brésilienne, mais on peut encore le voir sur certains comptes sur YouTube.
Le spot en question vise à attirer une clientèle jeune. Il met en scène de jeunes acteurs, blancs et noirs, et une transsexuelle. Certains tatoués, d’autres aux cheveux décolorés se prennent en photo avec leur téléphone portable, sous fond de musique entraînante. Une voix off explique comment ouvrir un compte à la Banque du Brésil à l’aide une application en ligne. Les Brésiliens auront pu voir ce spot deux semaines, du 31 mars au 14 avril 2019, jusqu’à son retrait, sur décision du président de la banque, qui n'a pas donné de plus amples détails pour le moment.
"Le président (Jair Bolsonaro) et moi sommes tombés d'accord sur le fait que ce spot devait être retiré", a affirmé le président de la Banque du Brésil Rubem Novaes dans un communiqué. Le directeur du marketing,
Delano Valentim, a été limogé. Un départ, selon le président de la banque,
"avec l'accord de l'intéressé".
D'après le journal
O Globo, qui a révélé l'ingérence présidentielle sur la campagne publicitaire jeudi 25 avril, Jair Bolsonaro aurait appelé directement le président de la banque pour lui demander de cesser de diffuser le spot. Le gouvernement fédéral est l’actionnaire majoritaire de la Banque du Brésil.
Cette publicité aurait choqué car, selon l’AFP, elle
"montre bien plus de Noirs que dans la plupart des publicités au Brésil, où les personnes de couleur sont sous-représentées", alors que plus d’un Brésilien sur 2 se déclare « afro-descendant » (54,9% en 2017 d’après l’Institut brésilien de géographie et statistiques, l’IBGE).
Au Brésil, dernier pays du continent américain à avoir aboli l’esclavage, en 1888, les accusations de racisme de la part de la police, ou de l’État, envers la population noire suscitent encore de vives polémiques.
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Sur Twitter, le député de gauche Marcelo Freixo, accuse Jair Bolsonaro de vouloir
"un pays gris, autoritaire, et médiocre, comme son gouvernement".
Une autre députée, du Parti des Travailleurs (parti de l’ex-président Lula, de gauche), Maria do Rosario, a réagi elle aussi sur Twitter :
"Il n'y a pas de place pour la diversité dans ce gouvernement. Bolsonaro agit comme un petit dictateur".
Jair Bolsonaro, un président hostile aux minorités
Le président Bolsonaro est fortement critiqué pour avoir laissé entendre, jeudi 25 avril, lors d'un petit déjeuner avec des journalistes qu'il ne souhaitait pas que le Brésil soit un "paradis du tourisme gay", alors qu'on lui demandait si son homophobie assumée ne risquait pas de porter préjudice à l'investissement étranger dans son pays.
Dans un entretien au magazine Playboy en 2011, Bolsonaro affirmait qu'il préférerait que son fils "meure dans un accident plutôt que de le voir avec une pédale".
"Je serais incapable d’aimer un fils homosexuel. Je ne vais pas être hypocrite : je préfère qu’il meure dans un accident, plutôt que le voir avec une pédale."
Jair Bolsonaro, interview donnée à Playboy en 2011
Actuellement, des quotas sont réservés à la population noire, notamment dans les universités. Jair Bolsonaro a indiqué qu’il souhaitait les supprimer.